Environ 63 000 juifs français ont été déportés depuis le camp de Drancy, surnommé « l’antichambre de la mort ». Le dernier convoi est parti vers Buchenwald il y a 75 ans.
Il y a 75 ans jour pour jour, le 17 août 1944, le dernier convoi de déportés partait du camp de Drancy. Situé au nord-est de Paris, il a été le principal lieu d’internement avant la déportation vers Auschwitz pendant la Seconde guerre mondiale. Neuf déportés juifs français sur dix sont passés par ce camp où les conditions de vie étaient abominables. Samedi 17 août au matin, un hommage a été rendu aux membres de ce dernier convoi, au mémorial de la Shoah de Paris.
« Leur âme est toujours présente »
Au total, 53 hommes, femmes et enfants ont constitué ce convoi : des personnalités, comme Marcel Dassault, célèbre aviateur faisaient partie de ce convoi, mais aussi des résistants, et des inconnus, déportés parce que juifs. Le train a pris la direction du camp de concentration allemand de Buchenwald. Parmi eux, Simon Zygler, 42 ans à l’époque. Son petit-fils, Simon Massbaum a parcouru 700 kilomètres pour venir honorer sa mémoire. Il a tenu à citer lui-même le nom de son grand-père, pour la première fois.
« C’est beaucoup d’émotion, confie Simon Massbaum, car je pense que ça devait être, comme tous, un homme admirable. Je porte son prénom, et le fait d’évoquer enfin son nom, ça me fait un bien incroyable. J’espère le faire pour d’autres membres de ma famille. Les citer, c’est tout faire pour qu’ils sortent de l’anonymat. Les nazis et leurs complices ont tout fait pour qu’ils restent dans cet anonymat. En détruisant toutes les chambres à gaz, toutes les preuves, citer leur nom, c’est montrer qu’ils ont existé, et qu’ils existent toujours. En tous cas, leur âme est toujours présente. »
Devoir de mémoire
C’est justement pour accomplir son devoir de mémoire qu’Eliane, 77 ans, est venue aujourd’hui. Son père fait partie des 76 000 juifs déportés de France. Il n’est pas monté à bord de ce convoi, mais pour elle, il était évident d’avoir une pensée pour tous ceux, qui, comme lui, ne sont jamais revenus.
« Il était important que nous soyons ici, réunis, pour se souvenir de tous ces gens. De ces pères, de ces mères, tous ces parents qui sont proches de nous en fait. Mon père a été déporté en 1944, c’est un convoi numéro 73 qui a été dirigé dans les pays baltes. Une fois à l’arrivée, les gens ont été pratiquement massacrés assez rapidement », témoigne Eliane.
Pour que ce massacre ne se reproduise jamais, Serge Klarsfeld tient à ce que ce genre de cérémonie ait lieu régulièrement. À 83 ans, le président de l’association des Fils et filles de déportés juifs de France se bat pour que ces noms ne tombent pas dans l’oubli. « On a milité partout pour les droits de l’Homme, contre les répressions, contre les dictatures. C’est comme ça que le monde évolue ! Il faut aussi des militants qui se battent pour les valeurs de liberté, de justice, etc », estime-t-il. Serge Klarsfeld espère que dans les générations à venir, il y aura encore des militants comme lui et ceux de son association, afin qu’ils continuent à énumérer tous ces noms. Et qu’ils continuent de commémorer tous les anniversaires de la déportation.