A Troyes, des femmes rabbins parlent de leur place dans le judaïsme

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Quelle place pour les femmes, en particulier les érudites, dans le judaïsme ? De dimanche à mardi, une petite vingtaine de femmes, rabbins, enseignantes, venues des États-Unis, d’Israël, de France, vont se retrouver le temps d’”un congrès mondial” à Troyes, une première en France.

Les femmes et le leadership dans le judaïsme – les filles de Rachi”, tel est le thème de cette rencontre, dont le lieu n’a pas été choisi au hasard: elle est organisée par la Maison de Rachi, qui abrite aujourd’hui, dans la ville médiévale de Troyes, une synagogue et un musée dédiés à Rachi, grand commentateur de textes du judaïsme au XIe siècle et père de trois filles.

“Il a pris des positions modernes par rapport à ses filles dont on dit qu’elles étaient des exégètes et des sages”, affirme à l’AFP Pauline Bebe, première femme à occuper les fonctions de rabbin en France après s’être formée en Angleterre, et qui participera à la rencontre.

Après l’inauguration ce dimanche soir, les travaux prendront surtout la forme, lundi et mardi, d’ateliers sur la Bible hébraïque, le Talmud, le Midrash (commentaire rabbinique de la Bible), menés par des femmes rabbins, élèves rabbins, enseignantes ou expertes de ces sujets. Quatre-vingt cinq personnes – un public concerné – y sont inscrites. Une conférence, elle tout public, est prévue lundi soir à la mairie, sur le thème “Les femmes doivent-elles désobéir pour être leaders ?”, avec Delphine Horvilleur, autre femme rabbin exerçant en France.

Après ces échanges, l’objectif des organisateurs est de créer une plateforme de références, notamment en français – ce qui n’existe pratiquement pas – sur ces questions et un livre post-édition qui prendra la forme d’un talmud.

“C’est la première fois qu’un tel congrès est organisé en France”, se réjouit Pauline Bebe, précisant : “il ne s’agit pas du tout de faire du sexisme inversé, d’opposer hommes et femmes, mais plutôt de réfléchir ensemble à l’accession des femmes à l’étude des textes”. “Dans le judaïsme, l’étude, la sagesse, la connaissance est source d’autorité”, souligne-t-elle. “Pour la première fois, on aura la possibilité d’entendre le chemin qui a été fait par les femmes érudites juives ces dernières années”, ajoute Delphine Horvilleur.

Autre spécificité, toutes les tendances du judaïsme y seront représentées: la tendance orthodoxe, la tendance libérale et la tendance dite massortie que l’on peut situer schématiquement entre les deux premiers courants. On compte en tout environ un millier de femmes rabbins dans le monde. Quelque 800 exercent aux États-Unis, une cinquantaine en Europe (dont trois en France), le reste en Israël.

Source laminute