Yvan Benedetti, l’audition d’un négationniste bien puant

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L’audition du porte-parole du Parti nationaliste français devant la commission d’enquête parlementaire, consacrée à la lutte contre les groupuscules d’extrême droite, a été tendue. Ses propos qualifiés de négationnistes font l’objet d’une enquête préliminaire pour contestation de crime contre l’humanité.
« Pensez-vous qu’il soit approprié que quelqu’un qui représente l’extrême droite lève la main droite ? » C’est par cette provocation (allusion au salut nazi ?) qu’Yvan Benedetti, le porte-parole du Parti nationaliste français (PNF), débute son audition, le 25 avril, devant la commission d’enquête parlementaire consacrée à la lutte contre les groupuscules d’extrême droite et dont nous révélons le rapport ce vendredi. La présidente Muriel Ressiguier, députée de la France Insoumise, vient de demander à l’ex-conseiller municipal FN de Vénissieux (Rhône) de prêter serment.

L’audition de Benedetti, qui porte pour l’occasion une cravate à fleurs de lys, emblème des rois de France, fait l’objet quelques jours plus tard d’un signalement (article 40) auprès du parquet de Parispour des propos qualifiés de « négationnistes », « niant la réalité du génocide des juifs durant la Seconde Guerre mondiale », dixit le communiqué de la commission. Une enquête préliminaire a été ouverte cette semaine par le parquet de Paris pour contestation de crime contre l’humanité.

Mises en ligne durant quarante-huit heures, les déclarations du militant d’extrême droite ont été retirées du site du Palais Bourbon, à la demande du président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand. Plusieurs associations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme auraient fait part de leur émoi.

Il ne cache pas ses préférences raciales

L’audition du porte-parole du Parti nationaliste français jette une lumière crue sur l’idéologie partagée par une frange radicale de notre société. Yvan Benedetti, qui voue une admiration au Maréchal Pétain, au point d’organiser une fois par an une cérémonie commémorative sur sa tombe, explique être engagé dans le combat politique depuis trente-cinq ans. Il a d’abord milité à l’Œuvre française avant un passage de dix ans au Front national dont il est exclu à l’arrivée de Marine Le Pen.

« J’étais en effet opposé à sa politique de dédiabolisation qui, selon moi, nous menait dans le mur », précise-t-il. Benedetti reprend alors ses activités au sein de l’Œuvre française dont il devient président en 2012 jusqu’à ce que le mouvement soit dissous. Interdiction qu’il juge « nulle et non avenue ».

Lui ne cache pas ses préférences raciales, se définissant comme « défenseur de la chrétienté, de la souveraineté nationale et d’une ethnie historique en Europe, qui est la race blanche », revendiquant l’instauration d’« un ordre nouveau ». Conscient de représenter « une petite minorité », il poursuit : « peu importe le nombre. Ce qui importe, ce sont les situations », assurant que « nous sommes rentrés dans une période révolutionnaire ». « La révolte des Gilets jaunes, dit-il, a bien montré que la croyance du système en place, à savoir la société de consommation, la société hédoniste, arrive au bout. » Et de se revendiquer lui-même comme Gilet jaune.

Il assume ses propos sur la Shoah

Yvan Benedetti qui saluait, le 22 octobre dernier, le décès de l’historien négationniste, Robert Faurisson, conteste devant la commission la réalité historique de la Shoah. Le chiffre de 6 millions de juifs morts ? « Non, bien sûr que non : c’est complètement pipeau ! Il y a eu des morts, bien évidemment, mais pas 6 millions. […] Tous les chiffres officiels diminuent dans chacun des camps, sauf le chiffre de six millions. Il faut laisser aux historiens la possibilité de travailler sur le sujet. Il n’appartient pas aux politiques de le faire… »

Les membres de la commission ont considéré que ces propos tombaient sous le coup de la loi. Contacté, Yvan Benedetti dit assumer ses déclarations. « On m’a demandé de dire la vérité, je l’ai dite », observe-t-il. « La commission garantissait le huis clos et la liberté d’expression or elle a rendu publique mon audition et elle veut me poursuive. »

Source leparisien