Quand un enfant oublié dans un parc te rappelle ton fils oublié au ski

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La lecture d’une brève sur un gamin « oublié » dans un parc m’a rappelé un événement qui m’avait retournée, mise à l’envers, pas de mots pour décrire mon état : mon fils  de 10 ans oublié au ski par ses madrichim (moniteurs).

En 1997, quelques semaines avant la bar-mitzva de mon fils ainé, mon second fils âgé de 10 ans était parti avec ses copains au mahane ski, dans une station dont j’ai même rayé le nom de ma mémoire. Il était super content et ma foi, on avait pensé que ça ne pouvait pas faire de mal.

A cette époque je vivais à Roanne, et j’étais allée passer quelques jours chez ma mère à Créteil, pour boucler les derniers achats. Mon mari devait venir me rejoindre ce vendredi, en fin de journée.

Et voila que vers 17h, le téléphone sonne, et quand je décroche j’ai la bonne surprise d’entendre mon petit skieur. La bonne surprise n’a duré qu’un instant, et voici, dans les grandes lignes notre conversation.

– Allo maman
– Allo mon poussin comment vas-tu?
– Maman les madrichim (moniteurs) m’ont oublié sur les pistes de ski, et sont partis sans moi pour rentrer au camp.
– Bon, la tout va bien, ils t’ont récupéré tout de suite?
– Non maman, je suis seul au pied des pistes qui ferment, il n’y a plus personne, je suis dans une cabine au pied des pistes. Ils sont partis pendant que je faisais pipi. »

La, j’ai cru que le ciel me tombait sur la tête. Imaginez, un gamin de 10 ans, seul au pied des pistes dans unes station qui ferme. Panique, nausée, et un sentiment d’irréalité. Mais comment mon fils avait-il pu appeler chez ma mère. Premier coup de chance dans ce merdier : il avait dans sa poche de combinaison de ski le papier où étaient notés les numéros de base, et avait sur lui de la monnaie pour appeler.

J’essaie de reprendre mes esprits, et de réfléchir. Pas possible d’appeler mon mari qui était dans la voiture, c’est le genre de nouvelles qui te fout en l’air et donc j’essaie de le tirer de là au mieux. Je lui demande donc de regarder autour de lui et d’essayer de trouver une jeune fille ou une dame qui pourrait venir me parler. Et passent quelques minutes, longues, mais longues…

Mon chaton revient et la second coup de chance : il y avait pas loin une dame qui avait bien compris sa détresse, et qui était immédiatement venue me rassurer. Je ne me souviens plus du nom de cette personne, mais je lui voue une reconnaissance éternelle. Et troisième coup de chance : ce n’est pas n’importe qui, c’est la maman d’un des enfants qui est au même mahané que mon fils, et qui est venue skier pas trop loin pour être là au cas où. Vive les mères juives, vive leur manière de couver leurs poussins et de ne pas les lâcher!!

La dame m’ayant expliqué tout cela, elle pousse la gentillesse jusqu’à me proposer de l’emmener passer shabbat avec sa famille et de le ramener au mahané le lendemain. Mais là, la rage, la colère, ont pris le dessus sur l’angoisse, et je lui demande de rester avec lui, le temps que ces abrutis de madrichim et de directeurs du mahane viennent le chercher.

Je trouve le numéro de téléphone du mahané et j’appelle, prête à les déchirer en mille morceaux. Et bien entendu j’ai entendu ce que je ne voulais surtout pas entendre : les directeurs, Meirav et son mari (prénom oublié), shlikhim à Marseille, osent prétendre que mon fils n’aurait pas du disparaître comme ça. Je vous laisse imaginer la bordée d’injures en français et en hébreu que cette réflexion mal venue a déclenché, alors que la règle quand on encadre des enfants, c’est de les COMPTER sans arrêt, et plus particulièrement avant de quitter un lieu. Oui, j’étais comme une folle hystérique, et je leur ai expliqué que la seule chose qu’ils avaient à faire, c’était d’envoyer dare-dare quelqu’un récupérer mon fils. Et que bien sur si quelqu’un avait le malheur de lui faire le moindre reproche je faisais les 400 bornes pour leur casser la tête!!

En fait, ils s’étaient rendu compte qu’il n’était pas dans le bus de retour, et ces connards n’avaient pas fait demi-tour. Ils ont commencé par déposer au camp tous les gamins, et avaient envoyé quelqu’un le chercher.

Je rappelle donc mon fils pour lui dire tout ça et pour lui donner mes instructions : à la moindre observation, la moindre critique, la moindre remarque, me téléphoner immédiatement pour me le dire.

Enfin sa madricha arrive, elle en prend elle aussi plein la figure parce que ses excuses et sa désolation je n’en avais rien à foutre, et mon fils repart avec elle. Je crois qu’à ce moment j’ai chialé comme une madeleine en remerciant cette dame qui l’avait gardé et protégé, et l’incident n’était pas clos du tout.

Ce n’est que par égard pour mes enfants qui adoraient leur mouvement que je n’ai pas porté plainte, et j’ai voué Meirav et son mari aux gémonies pour l’éternité.

Cette histoire est remonté à ma mémoire quand j’ai lu dans les infos celle de ce gamin de 3ans et demi, oublié lors d’une sortie dans un parc de loisir à Castres. Je sentais ce que sa maman avait senti, et toute ma rage et ma colère face à l’arrogance de ces directeurs merdeux me sont remontées à la gorge en un instant.

Alors à tous les monos, à tous ceux qui encadrent des gamins, c’est quand même simple à mémoriser : COMPTEZ VOS PETITS POUSSINS, BORDEL!!!

Line Tubiana

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