Encore une agression antisémite : “Je voulais tuer un Juif ”

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Vendredi 5 avril, à Bourdon dans la Somme, un homme a violemment agressé au couteau un habitant de ce village situé entre Abbeville et Amiens. Il a été mis en examen pour tentative de meurtre en raison de la race ou de l’éthnie : il aurait justifié son geste par sa volonté de « tuer un Juif ».

Les faits se sont déroulés vendredi 5 avril à Bourdon dans la Somme, un village situé entre Abbeville et Amiens. A 13h45, un homme s’introduit chez un de ses voisins. Il se retrouve face à face avec deux personnes dont le propriétaire des lieux. Celui-ci lui demande ce qu’il vient faire chez lui et s’il avait beoin d’aide : « mon mari avait vu qu’il n’était pas dans son état normal, explique son épouse. Et lui a proposé de l’aider ».

15 coups de couteau

L’intrus se jette alors sur lui et le frappe violemment de plusieurs coups de couteau : 15 au total, à l’abdomen et au visage. La deuxième personne qui se trouvait chez la victime maîtrise alors l’agresseur en le frappant à la tête.

Sur place, les secours découvrent deux blessés. L’agressé, gravement touché au foie et à la face, est transporté en urgence absolue au CHU d’Amiens. Il a été également blessé à la main et dans le dos : l’agresseur a en effet continué de lui porter des coups de couteau alors qu’il était au sol. Opéré dans les heures qui suivent, son état de santé ne présentait plus d’inquiétudes le lendemain. Et l’agresseur qui a pris plusieurs coups sur le crâne et sur une de ses mains. Il sera hospitalisé sous le régime de la garde à vue.

Le suspect n’a pas encore été entendu

L’enquête est confiée à la brigade de recherche d’Amiens. Une enquête qui va prendre un tournant inattendu au vu des premiers témoignages recueillis par les policiers. Plusieurs témoins leur auraient confié que l’agresseur aurait justifié son geste en disant qu’il voulait « tuer un Juif ». Un élément suffisamment prégnant dans la procédure pour que le parquet d’Amiens le retienne pour la qualification des faits.

Car le suspect, inconnu des services de justice et de police, n’a pour l’heure pas encore pu être entendu par le juge d’instruction désormais en charge du dossier. Et cela en raison de son état de santé. Il n’a donc pas pu donner sa version des faits ni confirmer ou infirmer le mobile de son geste. « Il était dans un tel état au moment de sa mise en examen qu’il n’a pas pu comprendre les chefs d’accusation retenus, explique Stéphane Diboundje, son avocat. Il n’a même pas pu signer plusieurs documents. Il y a pas mal d’irrégularités de procédure. C’est pour cette raison que je vais saisir la chambre d’instruction et également faire appel de sa détention provisoire. »

Tentative d’évasion

Son client a été écroué à la prison d’Amiens sous un régime médical et sera entendu « quand son état de santé le permettra », précise le Parquet. Il doit subir une opération à la main ce lundi. Le jeune homme de 18 ans, sans emploi, est malgré tout mis en examen pour tentative de meurtre en raison de la race ou de l’éthnie. Car d’autres chefs d’accusation vont s’ajouter.

Alors hospitalisé, le suspect aurait essayé de s’évader du CHU et blessé dans sa tentative de fuite deux des gendarmes qui le surveillaient. L’un d’eux a eu une ITT d’une journée. Il est dès lors mis également en examen pour tentative d’évasion et violences volontaires sur gendarmes. Des analyses toxicologiques et d’alcoolémie sont en cours. Une autre, psychiatrique, devrait également être pratiquée.

Le voisin lui a sauvé la vie

La victime a été instituteur à la Chaussée-Tirancourt et directeur de l’école primaire de Flixecourt« Sans l’intervention de notre voisin, mon mari serait mort, explique l’épouse de la victime. Pour nous, c’est son sauveur. C’est notre voisin direct mais c’est aussi un ami. Alors psyhcologiquement, c’est très éprouvant pour lui : il dit qu’il a assisté à une exécutionEn agressant mon mari, le jeune homme n’a rien dit. C’est après, en rentrant chez lui, qu’il a dit qu’il voulait tué un Juif. C’est ce qu’il a dit à son père. On connait ses parents et nos relations avec eux sont cordiales. ce n’est pas un règlement de compte entre voisins. »

Sorti de l’hôpital lundi, le père de famille de 58 ans est physiquement hors de danger mais a subi un énorme traumatisme psychologique : « l’hôpital a déjà mis en place un suivi psychologique », précise sa femme.