Une trentaine de jihadistes vont sortir de prison en 2019

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La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, annonce qu’une trentaine de jihadistes sortiraient de prison en 2019 et promet « un suivi extrêmement strict par les services de renseignement ».

La question est extrêmement sensible, raison pour laquelle le gouvernement marche sur des oeufs. Répondant aux « chiffres farfelus » de l’opposition s’agissant des jihadistes enfermés en France et dont certains doivent sortir de prison en 2019, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a assuré que ces détenus libérés répondant à ce profil seraient « une trentaine » cette année.

« J’ai entendu les chiffres les plus farfelus à l’Assemblée nationale hier. Un député parlait d’une centaine, ce n’est pas le cas », a-t-elle affirmé sur RTL, en jurant que les détenus ne seront pas relâchés dans la nature sans surveillance. « Lorsque nous sommes face à des détenus de ce type, il y a une évaluation de leur dangerosité, il y a un placement dans un quartier étanche. À leur sortie, il y a évidemment un suivi extrêmement strict par les services de renseignement territoriaux », promet Nicole Belloubet.

L’an dernier, la ministre avait livré des chiffres comparables: « Nous avons à peu près 500 détenus qui sont radicalisés comme terroristes islamistes. Sur ces 500-là, il y en aura une vingtaine cette année qui sortent, et puis à peu près une trentaine » en 2019, avait-elle indiqué.

Ces déclarations risquent toutefois de ne pas apaiser le débat autour du rapatriement en France des jihadistes français partis combattre en Irak ou en Syrie. Car les opposants à ce retour redoutent justement qu’une fois leur peine achevée, ces individus potentiellement dangereux soient ensuite libérés. Récemment, la libération par erreur d’un jihadiste avait mis le feu aux débats. Jusqu’ici, le gouvernement s’est refusé à confirmer le chiffre de plus de 100 jihadistes en voie de rapatriement.

« Principalement des enfants », promet Belloubet

Tout en refusant d’évoquer un « chiffre stabilisé » sur leur nombre, Nicole Belloubet a toutefois estimé que Mais les ressortissants français détenus par les Kurdes en Syrie, et dont la France envisage le rapatriement après l’annonce du prochain retrait des troupes américaines, sont « principalement des enfants ».

« Il y a principalement des enfants mineurs. Ces enfants soit sont nés là-bas, soit sont partis tout petits de France avec leurs parents (…) Les enfants sont plus nombreux que les adultes », a affirmé la ministre de la Justice sur RTL alors que les critiques se multiplient sur un éventuel retour de jihadistes français sur le territoire national.

« Il y a beaucoup d’enfants. Certains ont déjà en faible nombre été rapatriés en France quand nous avions l’accord de leurs mères et nous avons pris en charge quelques-uns de ces enfants. Nous avons également la certitude de vouloir prendre en charge des enfants qui sont orphelins. La question la plus importante numériquement est celle des enfants qui sont sur site et qui sont accompagnés de leurs mères, voire de leurs pères », a-t-elle détaillé.

« Par rapport à ce que nous savons statistiquement au regard des enfants rentrés en France, ce sont surtout des enfants de moins de 7 ans. Nous pensons qu’à 75%, ce serait des enfants de moins de 7 ans », a-t-elle déclaré.

« Plusieurs options » face aux revenants

La France, opposée jusqu’ici au retour des jihadistes français détenus par les Kurdes en Syrie, n’exclut plus leur rapatriement pour éviter qu’ils ne s’évanouissent dans la nature à la faveur du retrait américain.

« Nous étudions plusieurs options. La situation nouvelle liée notamment au retrait américain a bouleversé la donne et évidemment nous nous préparons à un éventuel retour des Français qui sont actuellement dans le nord de la Syrie », a répété Mme Belloubet.

« Si des Français détenus par les Kurdes devaient être remis en liberté, expulsés, je crois que nous avons collectivement plutôt intérêt à nous assurer de ce qu’ils deviennent plutôt que de les laisser libres sans savoir où ils sont », a-t-elle estimé.