CBS mouille le Raïs égyptien : La coopération avec Israël plus étendue qu’on ne le pensait

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Le Raïs a cru bon de parler vrai durant les « 60 minutes » de l’émission du dimanche qui fait le bonheur de CBS. Abdel Fattah al-Sissi a déclaré que son pays coopérait avec Israël dans la lutte contre les djihadistes dans le Sinaï.

Le Caire n’aura pas réussi rééditer l’exploit de Riyad qui avait forcé Netflix à arrêter la diffusion d’une série jugée inappropriée. CBS n’est pas Netflix. L’ambassadeur égyptien aux USA vient de l’apprendre à ses dépens puisque les propos du président égyptien sur la coordination militaire avec Israël n’ont pas empêché la chaîne CBS de diffuser l’interview. L’Egypte affronte une branche locale du groupe Etat islamique (EI) dans le nord de la péninsule du Sinaï, voisine d’Israël. La coopération militaire avec Tel-Aviv, démentie par Le Caire malgré les liens diplomatiques entre les deux pays, reste un sujet tabou même si l’Egypte a signé en 1979 un traité de paix avec Israël toujours en vigueur.

« Notre aviation a quelques fois besoin d’entrer dans la zone israélienne (du Sinaï). C’est pour cela que nous avons un large éventail de coopération avec les Israéliens », a déclaré le Raïs selon une transcription fournie par CBS. A la question de savoir si cette coopération était la plus étroite qui ait jamais existé entre les deux anciens ennemis, A. Sissi a répondu : « C’est exact », a ajouté la chaîne.

C’est en raison de ces propos sur la coopération avec Israël que Le Caire avait demandé à la chaîne américaine de ne pas diffuser l’interview, ont confirmé Scott Pelley qui a conduit l’entretien et le producteur de l’émission Rachael Morehouse. « L’interview a eu lieu à 20 heures au Palace Hotel de New York. En arrivant chez moi, mon contact à l’ambassade d’Egypte aux Etats-Unis m’a envoyé un email disant ‘nous demandons formellement que l’interview ne soit pas diffusée’ », explique M. Morehouse.

En février, les forces de sécurité égyptiennes ont lancé une vaste campagne contre l’EI dans le Nord-Sinaï, où les djihadistes ont mené de très nombreuses attaques meurtrières. Le même mois, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait assuré que son pays ferait « tout » ce qui était nécessaire pour se défendre, après la publication d’un article du New York Times faisant état de dizaines de frappes israéliennes contre des djihadistes dans le Sinaï.

Interrogé sur sa difficulté à anéantir la menace de l’EI dans le Sinaï, le président Sissi a répondu en pointant du doigt les difficultés des Etats-Unis face aux insurgés talibans en Afghanistan. « Pourquoi les Etats-Unis n’ont pas éliminé les terroristes en Afghanistan après 17 ans et avoir dépensé des milliards de dollars? », a-t-il déclaré.

Dans un extrait de l’interview de Sissi publié sur le site de CBS, le président égyptien a par ailleurs affirmé que son pays ne comptait « pas de prisonniers politiques ou d’opinion » alors que l’organisation Human Rights Watch en dénombre 60 000 dans les geôles égyptiennes. « Je ne sais pas d’où viennent leurs chiffres », a indiqué le Raïs tout en soulignant que « lorsqu’une minorité tente d’imposer son idéologie extrémiste, nous devons intervenir, quelque soit leur nombre ».

Source perspectivesmed