Sylvan Adams est un homme d’affaires et un milliardaire israélo-canadien. Son père était Marcel Adams, philanthrope et survivant de l’Holocauste. Son activité principale est l’immobilier et son hobby numéro1 le vélo. Fin 2015, il a fait son alyah et s’est installé à Tel Aviv. Son objectif actuel est le développement du cyclisme en Israël.
Bonjour Sylvan, tout d’abord première question, vous avez sur votre cuissard les liserés de Champion du Monde, c’est en catégorie master ?
Oui, je suis un coureur master et j’ai réussi à être 2 fois Champion du Monde. Dans la catégorie 55-59 ans en 2013 et en 2015 sur la piste à Manchester.
Peu de propriétaires d’équipes sont à votre niveau de vélo, c’est un avantage ?
Je m’amuse et rouler avec les professionnels de l’équipe, ça me donne beaucoup de plaisir et c’est vraiment intéressant, ça fait partie de l’éthique de l’équipe que le propriétaire soit avec eux. On parle bien ensemble, c’est aussi l’occasion de discuter avec eux lorsqu’on partage une sortie.
C’est un coup de cœur, de communication ou de main que de soutenir cette équipe ?
Je dirais que c’est un coup de cœur car je le fais avec les meilleures intentions, notre équipe est une équipe Israélienne, qui plus est la première ! Et ça donne la possibilité aux jeunes Israéliens de voir qu’ils peuvent réussir au plus haut niveau dans le sport. Je suis très content des résultats que l’on a avec l’équipe depuis sa création et on a des espérances encore plus élevées, on espère pendant la saison à venir faire notre marque dans le milieu.
En Israël, c’est souvent d’abord le football puis le basketball que les jeunes pratiquent et le cyclisme est vraiment minoritaire, c’est l’objectif principal de démocratiser le vélo ?
Au mois de mai passé, on a vu trois jours magiques en Israël ou 1 million d’Israéliens sont venus voir le départ du Tour d’Italie, pour voir un sport qu’ils ne connaissaient pas. Les jeunes ont vu les meilleurs coureurs du monde et ça a aidé à populariser le cyclisme. J’ai un espoir qu’un jour on dépasse un de ces deux sports (basketball ou football) et il n’est pas impossible que le cyclisme devienne de plus en plus populaire en Israël.
Pour avoir un sport plus populaire, il faut aussi avoir des champions ?
Tout à fait, le nombre de cycliste Israéliens est encore assez limité mais on va commencer à faire des podiums et à accrocher des victoires. On aura alors des vedettes pour motiver les jeunes.
Dans l’équipe, il y a 18 nationalités et on connaît le contexte géopolitique en Israël, il y a aussi l’ambition d’intégrer toutes les nationalités ?
Dans un premier temps, nous avons dans l’équipe déjà signé un coureur Arabe et Israélien ainsi qu’un coureur Druze. On va aussi essayer d’aller dans les villages où nous avons notre Académie. Le but, c’est d’apporter des vélos aux jeunes et de les inspirer à se lancer dans le sport et par la suite les intégrer à l’équipe et de représenter toutes ces communautés.
Vous avez accueilli le Giro, c’est aussi une volonté qu’Israël soit incontournable en matière d’organisation d’événements cycliste. A ce titre, vous construisez actuellement un vélodrome ?
Oui, nous avons démontré que nous sommes capables de produire un événement du plus haut niveau. Au Giro, c’était vraiment professionnel et je pense que l’on a fait nos preuves. Concernant le vélodrome, dans quelques semaines il va en effet ouvrir. La piste est d’ailleurs homologuée à l’UCI.
Vous serez organisateurs d’événements mondiaux sur piste ?
Nous avons en effet déposé une candidature pour les Championnats du Monde Juniors sur piste en 2021. Nous pensons que d’ici là nous avons la possibilité de mettre sur orbite des pistards Israéliens et qu’ils puissent prendre part à cette compétition. Par la suite, pourquoi ne pas organiser des Coupes du Monde et autres. Nous voulons aussi inviter nos voisins à venir s’entrainer avec nous d’ailleurs !
Vous avez créé cette année un partenariat avec l’équipe Côtes d’Armor Marie-Morin, c’est aussi une volonté de marier deux cultures ?
C’est une association unique et intéressante oui. On va inviter quelques-uns de nos coureurs à partir durant la saison avec eux. On va donc pouvoir envoyer nos jeunes coureurs dans le berceau du cyclisme, en France.
Pour anticiper un peu, on le voit dans des pays jeunes dans le cyclisme, le développement du cyclisme féminin se fait très bien. Vous l’avez en tête ?
Ça fait partie de notre vision. Aujourd’hui, nous sommes en train de roder l’équipe masculine. Mais cela est dans nos intentions, d’augmenter l’équipe et de faire une équipe féminine et d’encourager cela.
La communication est importante aussi, dans votre recrutement, la volonté d’être au-delà des frontières fait partie de vos leitmotivs ?
On ne choisit pas les coureurs pour ça mais une fois chez nous, ils savent qu’ils sont des ambassadeurs pour le pays mère de l’équipe. On va d’ailleurs faire un stage en Israël pour qu’ils puissent s’intégrer au pays et par la suite raconter leurs histoires et leurs expériences vécues.
A ce moment, les coureurs se rendront donc dans les écoles et autres institutions pour parler aux jeunes ?
Ce sont des vedettes dans le sport et donc ils peuvent inspirer les jeunes à penser à une carrière de cycliste donc oui.
Quel est le moment que vous retiendriez du Giro s’il n’y en avait qu’un seul à retenir ?
Le Giro était magique ! Il y a une personne qui n’a rien vu au Giro, c’était moi, j’étais un peu partout. Mais les deux jours où j’étais à Eurosport et où j’ai pu être aux commentaires, c’était de beaux moments pour moi.
Voir terminer un coureur Israélien à Rome c’est un beau souvenir aussi ?
Gay Sagiv, c’était incroyable ! Il sera toujours le premier Israélien à avoir terminé un Grand Tour ! Je me souviens de quand il est revenu à l’aéroport de Tel Aviv, il y avait une foule qui faisait qu’il a été accueilli comme un héros.
Vous ambitionnez d’être candidat au Tour de France 2020. Entre le Giro 2018 et le Tour de France 2020, il y a la Vuelta 2019. Vous y êtes candidats ?
C’est difficile car ils favorisent les équipes Espagnoles et ce sont des projets qui doivent être bâtis. Je serais ravi que l’on y soit mais ça sera compliqué. Ce qui est sûr c’est que le Tour de France en 2020 est ciblé. Nous avons des lignes directrices que Monsieur Prudhomme nous a confié à suivre et nous ferons tout pour y être présents.