Covid-19 : premier mort, quand l’épidémie frappait d’abord l’Oise

Abonnez-vous à la newsletter

Il y a cinq ans, la France faisait face à ses premiers cas avérés de Covid-19. La Picardie, et notamment l’Oise, a été touchée dès le mois de février 2020 avec le premier décès français lié à la maladie et le premier cluster. Retour sur les premières heures du coronavirus dans la région.

Le 17 mars 2020, la France et une large partie du monde entraient dans un confinement pour se protéger d’un nouveau coronavirus, connu sous le nom de Covid-19. Cette période a transformé la face du monde et a poussé à penser autrement : rapport au travail, à la santé ou encore à l’espace public.

Pourtant, à ce moment-là, une telle situation était encore inimaginable quelques semaines plus tôt. En Picardie, les premiers cas de la maladie se sont déclarés courant février 2020, faisant glisser les habitants petit à petit vers l’incertitude et l’inquiétude. Retour sur les grands évènements locaux qui ont progressivement mené à un confinement national.

Les premières inquiétudes face au Covid-19

Lorsque l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les autorités sanitaires chinoises annoncent l’existence d’un nouveau coronavirus en Chine, le 9 janvier 2020, le monde est encore loin d’imaginer les bouleversements qu’il provoquera quelques semaines plus tard.

Déjà, le 13 janvier, le premier patient décède à Wuhan. Une dizaine de jours plus tard, ce qui n’est encore qu’une épidémie en Chine commence à inquiéter jusqu’en Picardie. Le 25 janvier, France 3 Hauts-de-France tournait son premier sujet à Creil sur les craintes des habitants face à cette maladie.

La peur s’installe lentement et, en Picardie comme ailleurs, une montée de racisme contre les personnes asiatiques (notamment celles d’Asie de l’Est et du Sud-Est) est pointée du doigt. À Amiens, en réponse, une opération de solidarité a lieu pour envoyer des masques chirurgicaux en Chine.

Le plan Orsan à Amiens, Beauvais et Laon

Face au risque sanitaire et aux premiers cas de Covid-19 en France, le plan Orsan est étendu aux hôpitaux qui possèdent également un siège du Samu. En Picardie, il s’agit d’Amiens, de Beauvais et de Laon. Ce dispositif « a pour objectif d’organiser la réponse du système de santé pour faire face aux situations sanitaires exceptionnelles« .

Il organise « de façon coordonnée la mobilisation des professionnels de santé et la montée en puissance des opérateurs de soins« , indique le ministère de la Santé.

Le premier mort du Covid-19 en France, originaire de l’Oise

Durant la nuit du 25 au 26 février, Dominique Varoteaux devient le premier mort français du Coronavirus. Ce professeur habitait à Vaumoise dans le sud de l’Oise. Enseignant au collège Jean-de-La-Fontaine à Crépy-en-Valois, il présentait des symptômes du Covid-19.

Il a été admis au centre hospitalier de Creil le 20 février avant d’être transféré à la Pitié-Salpêtrière, à Paris, à la suite de l’aggravation de son état de santé. L’homme âgé d’une soixantaine d’années était aussi conseiller municipal de la commune de Vaumoise.

La base de Creil, premier foyer de contamination ?

Un cluster est identifié au sein de la base militaire de Creil. Le 26 février, un membre du personnel civil de la base, âgé de 55 ans et résident de La Croix-Saint-Ouen, est admis au service de réanimation du CHU d’Amiens. Par la suite, 14 autres personnes se déclarent atteintes du Covid-19.

La base aérienne est soupçonnée d’être à l’origine des premières contaminations en France. Elle avait participé au rapatriement des 180 premiers Français de Wuhan, en Chine, le 31 janvier.

De nombreux cas à Crépy-en-Valois

Deux jours après, le 28 février, sur les 57 cas en France, 18 sont recensés à Crépy-en-Valois (Oise). Le ministre de la Santé de l’époque, Olivier Véran, se rend sur place et annonce pour la première fois que la propagation du virus prend de l’ampleur dans le pays, lors d’une conférence de presse ci-dessous (début à 45:20).

Le même jour, le maire, Bruno Fortier, est confiné dans son bureau, car atteint d’une toux persistante. Le 1ᵉʳ mars, le résultat du test tombe : il est positif au nouveau coronavirus. Mais l’édile n’a pas de symptômes importants, contrairement à l’une de ses conseillères municipales qui est hospitalisée au CHU d’Amiens.

Les rassemblements interdits dans l’Oise

Le 29 février, la préfecture de l’Oise interdit tous les « rassemblements collectifs » du 1ᵉʳ mars au samedi 14 mars. Le non-respect de l’interdiction est « passible de sanctions prévues par le Code pénal« . En effet, à ce moment-là, il s’agit du département avec le plus grand nombre de cas de Covid-19 en France.

Si l’arrêté préfectoral a été renouvelé jusqu’au 31 mars, il est abrogé quelques jours après, la France entrant dans un confinement national.

Le nombre de décès monte en flèche début mars

Dès le 1ᵉʳ mars, les décès commencent à se multiplier. Ce jour-là, alors que le premier cas de Covid-19 est déclaré dans l’Aisne, deux personnes originaires de l’Oise décèdent. Il s’agit d’un homme de 94 ans hospitalisé à Creil et un homme de 55 ans à l’hôpital de Senlis. Les deux victimes ont été dépistées post-mortem.

Les jours qui suivent, on compte presque un décès par jour de la maladie dans la région. Les cas de ce nouveau coronavirus continuent aussi de grimper. Au 6 mars, la Somme ne compte que deux cas identifiés.

Les écoles ferment dans l’Oise

Alors que les écoles de la région reprennent les cours après les vacances d’hivers, plusieurs communes de l’Oise (Crépy-en-Valois, Creil, Montataire, Lagny-le-Sec, etc.) prennent la décision de fermer leurs établissements face à la multiplication des cas de Covid-19. En tout, 10 lycées, 11 collèges et 87 écoles sont à l’arrêt, ce qui représente 28 000 élèves et 2 300 personnels.

Le 6 mars, le Premier ministre annonce la fermeture de toutes les crèches, maternelles, écoles, collèges et lycées du département. Ils seront rejoints une dizaine de jours plus tard par le reste de la France, puis une partie du monde, qui se confinera pour se protéger du virus.

Emmanuel Macron annonce un confinement national

Le confinement national se fait en plusieurs étapes. D’abord, le 14 mars, Edouard Philippe, Premier ministre à l’époque, indique la fermeture jusqu’à nouvel ordre des lieux recevant du public, non indispensables à la vie du pays (bars, restaurants, cinémas, salles de spectacles, etc.). Lundi 16 mars, tous les établissements scolaires et universitaires sont fermés sous ordre du président de la République, Emmanuel Macron, qui annonce le soir même un confinement pour 15 jours minimum.

Le lendemain, mardi 17 mars, à midi, tout le territoire national entre en confinement. Chaque déplacement doit être motivé : trajet entre le domicile et le travail, les achats de nécessité, un rendez-vous médical, un motif familial impérieux, une pratique sportive individuelle brève à proximité du domicile… Le tout, en remplissant un formulaire.

Le premier médecin mort est originaire de Compiègne

Le 21 mars, Jean-Jacques Razafindranazy devient le premier médecin à perdre la vie en France à cause du nouveau coronavirus. Cet urgentiste de Compiègne, âgé de 67 ans, est décédé au CHRU de Lille.

L’homme était retraité, mais souhaitait aider ses confrères surchargés. Il a possiblement été contaminé par les premiers patients touchés en février 2020.

Deux confinements supplémentaires, des couvre-feux, un vaccin et cinq ans plus tard…

Malgré la menace du Covid-19, les élections municipales ont été maintenues. La France a été déconfinée une première fois le 11 mai 2020 avant d’être reconfinée le 29 octobre de la même année. Un déconfinement en plusieurs étapes a ensuite eu lieu fin novembre, le tout, accompagné de plusieurs périodes de couvre-feux. Le dernier confinement en date s’est étendu du 3 avril au 3 mai 2021.

Un vaccin a été trouvé cette même année, rendu obligatoire un temps pour accéder à de nombreux lieux publics (cinémas, restaurants, etc.) et pour voyager, avec le pass sanitaire. Des vagues de contamination plus ou moins importantes ont été observées durant les deux années qui ont suivi, notamment fin 2021 et début 2022, à cause de nouveaux variants (dont le delta).

Le virus existe toujours et continue d’infecter les Françaises et les Français, mais les risques de mortalité sont moins importants qu’au début de la pandémie grâce au vaccin et à la formation progressive d’une immunité collective face à la maladie.

Écrit par Anas Daif

Source france3-regions

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*