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Une récente fouille archéologique près de Jérusalem a bouleversé les idées reçues sur les pratiques ascétiques de l’époque byzantine. Contrairement aux attentes, les restes retrouvés dans une tombe traditionnellement attribuée à des moines ascètes masculins se sont avérés appartenir à une femme. Cette découverte amène à repenser le rôle des femmes dans les pratiques religieuses extrêmes du Ve siècle après J.-C.
Une sépulture atypique
L’analyse scientifique des restes présumés d’un moine enchaîné a été réalisée en examinant les protéines présentes dans l’émail dentaire. Les chercheurs ont ainsi déterminé que la personne enterrée dans cette tombe datant du Ve siècle était probablement une femme qui s’imposait des souffrances physiques à l’aide de lourdes chaînes en fer. Ces résultats, publiés dans le Journal of Archaeological Science : Reports, interrogent sur la place des femmes dans les formes les plus extrêmes de l’ascétisme byzantin.
C’est sur le site de Khirbat el-Masani, situé à quelques kilomètres à l’est de la vieille ville de Jérusalem, que des archéologues ont mis au jour les vestiges d’un ancien monastère byzantin, daté entre 350 et 650 après J.-C. Parmi les nombreuses sépultures exhumées, l’une d’elles a particulièrement retenu l’attention des chercheurs.
Cette tombe contenait les restes d’une personne portant de lourdes chaînes de fer autour du cou, des bras et des jambes, un dispositif associé aux pratiques ascétiques de l’époque. Les anneaux en métal retrouvés dans la sépulture, d’un diamètre atteignant dix centimètres et d’un poids de plusieurs dizaines de kilogrammes, suggèrent une pratique d’autopunition visant à renforcer la piété par la souffrance physique.
Une analyse scientifique révélatrice
Les restes, en état de conservation très fragile, ont été soumis à une analyse approfondie par une équipe de chercheurs de l’Institut des sciences Weizmann. Bien que le squelette soit très fragmenté, l’étude de trois vertèbres cervicales et d’une dent a permis d’établir que la personne était un adulte ayant vécu entre 30 et 60 ans au moment de son décès.
Pour déterminer le sexe de la personne inhumée, les scientifiques ont effectué une analyse peptidique sur l’émail dentaire. Les résultats ont révélé une absence de peptides liés à la protéine AMELY, généralement présente chez les personnes de sexe masculin, et une forte présence de la protéine AMELX, propre aux femmes. Ces preuves biologiques ont permis d’affirmer que la sépulture attribuée à un moine ascète contenait en réalité une femme.
Une remise en question des croyances sur l’ascétisme féminin
Cette découverte remet en cause l’idée selon laquelle seules les figures masculines pratiquaient un ascétisme extrême dans l’Empire byzantin. Historiquement, les femmes se sont engagées dans des pratiques de renoncement et de dévotion, mais leur participation à l’automortification physique à l’aide de chaînes était jusqu’ici inconnue sur le plan archéologique.
Les sources historiques mentionnent que dès le IVe siècle, des femmes issues de l’aristocratie romaine, comme Mélanie l’Ancienne et sa petite-fille Mélanie la Romaine, ont adopté des modes de vie ascétiques rigoureux. Toutefois, cette tombe constitue la première preuve physique que des femmes ont pu se soumettre à des formes extrêmes d’autopunition similaires à celles des moines.
Le monastère où cette femme ascète a été inhumée était situé sur l’une des principales routes de pèlerinage vers Jérusalem, un centre religieux d’importance majeure sous l’Empire byzantin. Ces monastères servaient non seulement de lieux de prière et de méditation, mais également de refuges pour les pèlerins en quête de guidance spirituelle. La présence d’une femme ascète dans ce contexte suggère que les femmes ont pu jouer un rôle beaucoup plus actif dans la vie monastique et religieuse qu’on ne le pensait auparavant.
Par ailleurs, les archéologues découvrent la tombe d’une femme enceinte et démembrée pour apaiser un dieu vengeur.
Par Eric Rafidiarimanana
Sources : Arkeonews et dailygeekshow
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