« Après mûre réflexion », Kanye West dit qu’il n’est « pas un nazi »

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Après avoir partagé son « amour » pour Hitler, le rappeur et mari de Bianca Censori apporte un bémol à l’étiquette qu’il s’était pourtant collée lui-même.

Des sorties intempestives de Kanye West, doit-on encore s’étonner ? Aujourd’hui, le musicien déclare qu’il n’est pas « nazi ». La semaine dernière, il affirmait qu’il l’était.

Passé maître dans l’art de la communication, le rappeur sait que plus c’est gros, plus on en parle. Dans la mesure où Elon Musk lui laisse tribune libre sur X au nom du premier amendement – la « liberté d’expression », sacro-sainte aux États-Unis –, le rappeur en use et en abuse. Les salves de tweets déversent sa rhétorique haineuse.

Aujourd’hui, le créateur de Stronger confie aux abonnés de son compte qu’après « mûre réflexion », il s’est « rendu compte qu'[il] n’est pas un nazi ». Aucune information complémentaire n’explique ce que cela veut dire. S’il s’agit de sémantique ou d’idéologie. Aucune excuse n’accompagne cette déclaration.

D’ailleurs, qui y croirait alors que, la semaine dernière, il retirait, dans un message, celles qu’il avait adressées à la communauté juive pour de précédentes invectives antisémites ?

« Yaydolf Yitler »

Le musicien et styliste a depuis longtemps habitué ses fans – et les autres – à des déclarations choquantes, des excuses contrites (et contraintes) et de nouvelles provocations malsaines. Car c’est bien de provocations qu’il s’agit quand celui qui se fait depuis un certain temps appeler « Ye » propose désormais ce nouveau nom, « Yaydolf Yitler », se déclare fan d’Hitler et se définit comme « nazi ». Ce qui n’est pas nouveau. En décembre 2022, il déclarait déjà : « Nous devons arrêter d’insulter les nazis en permanence. Ils ont fait de bonnes choses aussi. […] J’adore les nazis. J’aime Hitler. »

Ajoutons que le rappeur a loué un espace (hors de prix) lors de la mi-temps du Super Bowl, le 9 février, afin de faire de la pub pour un produit surprise, qui s’est révélé être un tee-shirt frappé d’une croix gammée, désignés par HH-01 (en référence à « Heil Hitler » ?). Avant de se plaindre parce que « personne ne veut imprimer ses petits tee-shirts ».

Régulièrement, il déverse sa bile dans des propos racistes anti-Noirs (l’esclavage selon lui « ressemble à un choix »), homophobes et antisémites. Il y a peu, l’ex-mari de Kim Kardashian lui reprochait d’être contrôlée par « les Juifs ». Quant à la « mafia juive des médias », c’est une de ses cibles favorites.

Passé par la case mystique en 2020, avec mise en scène en prêcheur pour des « Sunday Service », le musicien de 47 ans a fait un happening aux Grammy Awards 2025 quand sa femme, Bianca Censori, s’est montrée vêtue d’une tenue transparente façon bas nylon qui donnait l’impression qu’elle était totalement nue. De cette jeune femme, il dit fièrement qu’il « la domine ».

Réactions indignées

Kanye West coche donc toutes les cases pour faire le buzz en permanence, une stratégie consubstantielle au rap américain, faiseur de clashs. Pourtant, il ne s’agit pas de joute créative, ces propos haineux dépassent le cadre des battles de rappeurs.

Alors que des acteurs tels que David Schwimmer, Isla Fisher ou encore Charlie Puth sont montés au créneau contre Kanye West et que l’American Jewish Committe (AJC) s’est indigné, Jonathan Greenblatt, directeur de l’Anti-Defamation League, a pointé le danger de surfer sur les passions tristes pour se faire de la publicité. « Appelons la diatribe haineuse de Ye pour ce qu’elle est vraiment : une triste tentative d’attirer l’attention en utilisant les Juifs comme boucs émissaires », a-t-il écrit et, paraphrasant le slogan « Black Lives Matter », il a ajouté : « Les mots sont importants. »

Lyor Cohen a opté pour une autre méthode. Le responsable mondial de la musique de YouTube a travaillé en étroite collaboration avec Kanye West lorsqu’il était l’un des hauts responsables du label Def Jam. Il lui a adressé une lettre ouverte dans laquelle il flatte la star du hip-hop en évoquant son talent… dévoyé.

« Avec la montée de l’antisémitisme, votre voix et votre influence portent une responsabilité importante. Je vous demande instamment d’être plus sensible à la douleur que vos paroles infligent aux communautés juives et à tous ceux qui s’opposent à la haine. Votre talent et votre influence pourraient être utilisés pour guérir et inspirer, pour combler les fossés et promouvoir la compréhension. Au lieu de cela, vous avez choisi une voie qui sème la discorde et perpétue des stéréotypes nuisibles », écrit-il.

Kanye West, qui chantait dans Yikes, en 2018, la douleur d’être bipolaire (« Je déteste être bipolaire, c’est génial », dit le refrain), optera-t-il pour la sensibilité à la douleur des « communautés juives » ? « Parfois, je me fais peur à moi-même », dit aussi la chanson…

Par Golda Bourgeois

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