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Notre chroniqueur pose son regard ironique sur l’actualité. Aujourd’hui, il fait un tour d’horizon des candidatures — plus ou moins probables — à la prochaine élection présidentielle.
Marine Le Pen. Le problème auquel se heurtera le RN au second tour, c’est que la bourgeoisie a du mal à voter pour le nom de famille « Le Pen ». Jordan Bardella ? La bourgeoisie a du mal à voter pour le prénom « Jordan ». En tout cas, Marine Le Pen dort beaucoup mieux depuis qu’elle ne fait plus de cauchemars sur la perspective d’un débat d’entre-deux-tours face à Emmanuel Macron.
Cyril Hanouna. Parce que les prophéties de Michel Houellebecq se réalisent toujours, Hanouna réfléchit à une candidature. Ce serait une belle histoire : réduit au silence par l’Arcom, puis plébiscité par les Français, comme Napoléon, envoyé en exil sur l’Île d’Elbe avant un retour triomphal au pouvoir. Son programme pour le pays : obliger l’Académie française à faire entrer dans le dictionnaire les mots « kif », « rassrah », « darka », « rkik », quadrupler le budget du ministère du Sport pour faire construire 12 millions de terrains de padel en France (mauvaise idée : le padel n’est pas un vrai sport, on ne transpire même pas) et nommer Gauthier Le Bret à la tête de l’Arcom pour lui demander d’interdire l’émission « Quotidien ».
Gabriel Attal. Il a compris comment plaire à l’intelligentsia centriste : être pour l’immigration, mais contre les conséquences de l’immigration. Et rappeler, de temps en temps, l’importance de l’Union européenne. (L’électorat centriste sait qu’il faut plus d’Europe. Il a oublié pourquoi il le faut, mais il le sait.) Le problème de Gabriel Attal, c’est qu’il reste plus de deux ans avant les élections : son électorat survivra-t-il jusque-là ?
Édouard Philippe. Sa stratégie de campagne est bien rodée. Énoncer des platitudes avec un ton grave et un air pénétré, ponctuer ses phrases de longs silences conférant à ses propos une apparence de profondeur. Adopter une intonation de lucidité douloureuse en disant : « Aimer la France, c’est aimer son histoire, mais c’est aussi préparer son avenir », ou : « Notre pays a des atouts formidables qui ne demandent qu’à s’exprimer, c’est pourquoi notre économie doit être à la fois plus compétitive et plus juste. » Ne jamais émettre de propositions trop concrètes, qui pourraient révéler qu’il n’est peut-être pas l’homme providentiel qui relèvera le pays avec des mesures courageuses. Aux dernières législatives, Édouard Philippe a affirmé que, dans sa circonscription, il voterait contre le RN, en raison du passé peu glorieux de ce parti. Comment ? En votant pour le Parti communiste.
David Lisnard. On le sait depuis longtemps, une partie de la bourgeoisie (et de l’électorat macroniste) rêve d’un programme de réformes radicales sur l’immigration, la justice, la dépense publique, la pression fiscale… Mais elle aimerait que ce programme soit porté par une figure respectable, chic, que le service public ne décrit pas comme un « populiste », et pour laquelle elle pourrait assumer de voter dans des dîners en ville. Et si David Lisnard était cet homme ? La bourgeoisie vote pour des idées, mais elle vote aussi pour réaffirmer son identité sociale, son appartenance à la sociologie des gens raisonnables, cultivés, hostiles aux extrêmes. Elle vote pour se distinguer de Didier, ivrogne au PMU.
Bruno Retailleau. Plus il blesse le sentiment national algérien, plus les Français l’aiment. Attention : il pourrait être une menace à l’État de droit, puisqu’il propose une politique qui n’est pas conforme aux souhaits de Richard Ferrand, futur président du Conseil constitutionnel.
Laurent Wauquiez. Homme attachant, cultivé, spécialiste de l’œuvre de Houellebecq et député consciencieux, il est malheureusement victime d’un trouble dissociatif de l’identité : il est persuadé d’être le candidat naturel de la droite. On a tout tenté : impossible de le ramener à la raison pour lui faire retrouver une identité cohérente.
Xavier Bertrand. Ne l’enterrons pas trop vite. Si son heure n’arrive pas en 2027, ce sera en 2032, ou en 2037. Le gaullisme social (quoi que cela veuille dire) n’a pas dit son dernier mot !
Éric Zemmour et Sarah Knafo. Qui sera candidat ? Des primaires, au sein du foyer, pourraient être organisées.
Sarah Saldmann. Et pourquoi pas ? Selon nos informations, la chroniqueuse de CNews se préparerait intensément (lissage brésilien, coloration, manucure, exfoliation, blanchiment des dents…). Son programme : interdire les fausses fourrures de pauvre (cela fait « gros plouc », dit-elle), remplacer le pass culture par un passe princesse (pour permettre à toutes les Françaises, à l’âge de 18 ans, de s’acheter un sac Chanel) et construire 100.000 places de prison (pour incarcérer les hommes qui ne payent pas pour leur conjointe au restaurant).
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