Fondateur de l’Evénement du Jeudi et de Marianne, polémiste acharné, Jean-François Kahn avait soutenu la candidature de François Bayrou à la présidentielle. Le Premier ministre lui a rendu hommage ce jeudi matin.
Il faisait rimer journaliste avec polémiste, information avec conviction. Fondateur de l’Evénement du Jeudi en 1984 et de Marianne en 1997, le journaliste Jean-François Kahn est mort à 86 ans, a annoncé jeudi à l’AFP son entourage, confirmant une information du Point. Il est décédé mercredi, a indiqué son épouse Rachel Assouline-Kahn.
Fils du philosophe Jean Kahn, Jean-François Kahn était également un débatteur redouté, pourfendeur d’une certaine bien-pensance, adepte d’idées « révolutionnaires », selon son propre mot, quoiqu’engagé au centre.
« C’était un intellectuel avant d’être un journaliste », a réagi auprès de l’AFP Maurice Szafran, qui avait cofondé Marianne à ses côtés. Selon lui, « le journalisme était un moyen de comprendre l’histoire, de faire l’histoire et de s’inscrire dans l’histoire ».
Un premier débat avec Jean-Marie Le Pen
Le jeune Jean-François Kahn avait opté pour l’enseignement. Mais, « pour fuir la dureté du professorat, je suis devenu journaliste par faiblesse », confiait-il il y a quelques années. C’est la politique qui le passionne et les politiques qu’il aime provoquer, l’oeil pétillant derrière d’épaisses lunettes.
En 1984, il sera le premier à défier Jean-Marie Le Pen de débattre avec lui. Le débat courtois tournera au dialogue de sourds et JFK le bretteur jubilera, affirmant qu’on peut contrer l’extrême droite sur le débat des idées. En 1986, après cinq ans de débat Face à Face avec Alain Duhamel, il est viré d’Europe 1 pour avoir traité de « requins » les patrons d’Hachette, alors propriétaire de la radio. A la même époque, son talent d’intervieweur l’amène souvent sur le plateau de L’Heure de Vérité.
A la tête de Marianne à partir de mars prochain, et en lien avec lui encore récemment, Frédéric Taddeï s’est dit « terriblement triste ». « Il a été très important pour moi. […] Je lisais déjà les Nouvelles Littéraires quand j’avais 18 ans », où il était directeur de la rédaction, et « c’était un sacré patron de presse », a-t-il souligné auprès de l’AFP.
Denis Olivennes, président de CMI France, propriétaire de Marianne , a dit craindre « qu’il n’y en ait plus jamais sur ce modèle ».
Homme de presse, il s’était finalement décidé à s’engager directement en politique, en apportant son soutien à la candidature de François Bayrou à la présidentielle en 2007 puis 2012, se disant « convaincu que c’était l’homme dont la France avait besoin ».
Candidat aux Européennes sur une liste Modem
Il s’était présenté lui-même aux élections européennes de 2009 sur une liste MoDem, mais sans prendre la carte du parti. Il démissionnera sitôt élu pour reprendre la plume et les débats qu’il affectionnait tant.
Le Premier ministre lui a rendu un hommage appuyé sur le réseau social X.
Jean-François Kahn était un géant et un homme rare. L’incroyable créativité qui l’animait, son audace, lui ont fait fonder de véritables journaux-époque, l’événement du jeudi, Marianne. Il incarnait le « centrisme révolutionnaire », l’humanisme et la fidélité. Nous l’aimions.
— François Bayrou (@bayrou) January 23, 2025
Journaliste mais aussi essayiste prolifique, il était l’auteur de nombreux ouvrages principalement politiques. Il avait encore publié « Ne m’appelez plus jamais gauche » l’année dernière aux éditions de l’Observatoire.
D’après Maurice Szafran, il venait de terminer un livre sur « le retour du fascisme ». Jean-François Kahn était le frère du médecin généticien Axel Kahn, mort en 2021.
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