Ce cessez-le-feu, attendu depuis des mois, est-il le résultat d’un retour vers le réel ou une conséquence inévitable de l’arrivée de Donald Trump ? Sans doute un peu des deux.
C’est une maxime chuchotée dans les cercles diplomatiques depuis des décennies : au Proche-Orient, si vous ne venez pas au dîner du chef, vous serez probablement au menu. Message bien reçu par le Hamas et par le gouvernement israélien, qui continuaient ce jeudi de jouer la comédie des difficultés de dernière minute à leurs audiences respectives, tout en se gardant bien d’éveiller le courroux du président américain entrant qui a promis que «l’enfer se déchaînera» sur les récalcitrants. Un accord de cessez-le-feu entrera bien en vigueur ce dimanche, après d’ultimes frappes israéliennes sur des cibles hasardeuses et après d’ultimes menaces du Hamas et du Jihad islamique sur le sort d’otages israéliens encore en vie.
Nos journalistes décrivent les coulisses de cet accord, dont l’aboutissement tient presque du miracle. Cette trêve, fragile et temporaire, peut-elle déboucher sur un accord pérenne ? Dans un entretien à Libération, l’historien Vincent Lemire mise sur un «retour au réel» pour Benyamin Nétanyahou, qui s’est soudain débarrassé de ses ministres d’extrême droite au profit d’un rival abhorré, Gideon Saar. Mais cette volte-face bien commode aurait-elle pris place si Joe Biden avait été réélu ? Le premier patron politique de Nétanyahou était Yitzhak Shamir, Premier ministre aujourd’hui largement oublié, qui avait fait échouer en 1991 la conférence de paix de Madrid contre l’avis du secrétaire d’Etat républicain, James Baker. Nétanyahou, qui était alors le porte-parole d’Israël à la conférence, n’a jamais oublié la fureur de Baker dans l’avion du retour. Peu après, les Etats-Unis annonçaient geler leur aide financière à Israël, 10 milliards de dollars soudain manquant au budget, et la crise financière qui suivit allait permettre en 1992 le retour d’Yitzhak Rabin et des travaillistes au pouvoir. Trêve ou pas, les guerres au Proche-Orient continueront à se succéder, et Nétanyahou n’a aucune intention d’être au menu.
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