La direction de «Libération» critiquée en interne pour son management «vertical»

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Le directeur de la rédaction et de la publication du quotidien, Dov Alfon, s’est exprimé devant ses équipes, mardi 10 décembre, au lendemain de la remise d’une lettre par les représentants du personnel.

Les salariés du journal Libération étaient invités à participer, mercredi 4 décembre, à une assemblée générale à l’initiative du comité social et économique (CSE) et de la Société des journalistes et du personnel de Libération (SJPL), l’organe de représentation des personnels de l’entreprise. L’idée était de recréer du lien dans ce quotidien qui s’est considérablement rajeuni ces dernières années, de discuter des évolutions éditoriales, mais aussi d’aborder le management de la direction, notamment celui de Dov Alfon, directeur de la rédaction depuis 2020.

Si c’est sous l’impulsion de l’ancien d’Haaretz que Libération a fortement progressé en termes d’abonnés (plus de 100 000 abonnés numériques revendiqués en septembre, contre 20 000 début 2020), la manière de diriger de ce journaliste ne fait pas l’unanimité au sein du quotidien. La question de la « perte de sens » du travail journalistique s’additionne à la fragilité économique du titre et aux interrogations sur sa structure capitalistique, alors que le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky vient, selon nos informations, d’accorder un troisième prêt d’une quinzaine de millions d’euros au journal classé à gauche. Les deux précédents représentaient un montant de près de trente millions d’euros.

Pendant l’assemblée générale du 4 décembre, plusieurs journalistes ont fait état d’un « sentiment de malaise » vis-à-vis de ce qu’ils vivent comme un management « vertical » de la direction, selon nos informations, confirmant les révélations du média en ligne Arrêt sur images, publiées jeudi 12 décembre. Certains salariés ont notamment pointé des courriels ressentis comme « des remises en cause récurrentes souvent brutales et par écrit » de la part de la direction, vécus comme du « micromanagement », voire du « harcèlement moral ».

« L’insincérité de la direction »

Lundi 9 décembre, les représentants du CSE et de la SJPL ont remis aux cinq membres de la direction un courrier qui déplore également un « interventionnisme éditorial au-delà du nécessaire, parfois contre l’avis et l’expertise des journalistes et chefferies concernés, ou même sans les en avertir ». « L’injonction de la direction au “feel good” mériterait d’être clarifiée et ne doit pas obérer notre traitement de l’actualité », ajoute le texte, que Le Monde a pu consulter.

Selon plusieurs témoignages lors de l’AG du 4 décembre, M. Alfon aurait modifié une double page du service environnement de l’édition du 15 novembre, sans la validation des responsables du service en question. Ce jour-là, un sujet « positif », sur le « plus grand ensemble de polypes coralliens » au monde, concocté avec une dépêche de l’Agence France-Presse, a remplacé la double page initialement rédigée par des journalistes « maison » qui ont plutôt l’habitude de mettre en lumière la gravité de la crise climatique.

Le texte pointe enfin « l’insincérité de la direction dans ses rapports avec la rédaction lors de discussions internes » ressentie par plusieurs rédacteurs, provoquant un risque de « défiance réciproque ». Des journalistes de la rédaction suspectent Dov Alfon, qui est aussi directeur de la publication, de plusieurs « mensonges ». Et notamment, d’être à l’origine d’une modification de la fiche Wikipédia de l’ex-journaliste Jean-Philippe Desbordes, condamné, le 22 novembre, à vingt ans de réclusion criminelle pour viols, actes de torture et de barbarie sur les trois filles de son ex-compagne. Le directeur aurait supprimé la mention d’un article rédigé par Jean-Philippe Desbordes pour l’éphémère supplément magazine de Libération en 1994, avant de la rétablir, après des échanges tendus avec certains journalistes.

« Poursuivre les discussions en interne »

Un vote électronique devait être mis en place, lundi 9 décembre, afin d’entériner le texte. Dov Alfon interprétant celui-ci comme une motion de défiance à son égard, le vote n’a finalement pas eu lieu, dans une volonté de « désescalade » avec la direction. Le courrier a donc été simplement lu en assemblée générale le 9 décembre, avant d’être remis en main propre à la direction. « Tout ça a pris des proportions dingues », souffle une journaliste soutenant la direction du média. Interrogés, les représentants du CSE comme de la SJPL se refusent pour le moment à prendre la parole, faisant valoir qu’ils souhaitent « poursuivre les discussions en interne ».

Dov Alfon s’est, lui, exprimé pendant une dizaine de minutes devant ses équipes, mardi 10 décembre. Il a constaté les critiques le visant sur le management, tout en récusant le terme de « harcèlement ». Le journaliste a ensuite promis un renforcement de la direction au premier semestre 2025, et de moins rédiger de courriels destinés aux rédacteurs, ce qui laisse ses contempteurs dubitatifs. Relancé par une question à propos de la modification de la fiche Wikipédia, le directeur de la rédaction de Libération a finalement reconnu son rôle. Contacté, il n’a pas répondu à nos sollicitations.

Les salariés du journal Libération étaient invités à participer, mercredi 4 décembre, à une assemblée générale à l’initiative du comité social et économique (CSE) et de la Société des journalistes et du personnel de Libération (SJPL), l’organe de représentation des personnels de l’entreprise. L’idée était de recréer du lien dans ce quotidien qui s’est considérablement rajeuni ces dernières années, de discuter des évolutions éditoriales, mais aussi d’aborder le management de la direction, notamment celui de Dov Alfon, directeur de la rédaction depuis 2020.

Si c’est sous l’impulsion de l’ancien d’Haaretz que Libération a fortement progressé en termes d’abonnés (plus de 100 000 abonnés numériques revendiqués en septembre, contre 20 000 début 2020), la manière de diriger de ce journaliste ne fait pas l’unanimité au sein du quotidien. La question de la « perte de sens » du travail journalistique s’additionne à la fragilité économique du titre et aux interrogations sur sa structure capitalistique, alors que le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky vient, selon nos informations, d’accorder un troisième prêt d’une quinzaine de millions d’euros au journal classé à gauche. Les deux précédents représentaient un montant de près de trente millions d’euros.

Pendant l’assemblée générale du 4 décembre, plusieurs journalistes ont fait état d’un « sentiment de malaise » vis-à-vis de ce qu’ils vivent comme un management « vertical » de la direction, selon nos informations, confirmant les révélations du média en ligne Arrêt sur images, publiées jeudi 12 décembre. Certains salariés ont notamment pointé des courriels ressentis comme « des remises en cause récurrentes souvent brutales et par écrit » de la part de la direction, vécus comme du « micromanagement », voire du « harcèlement moral ».

« L’insincérité de la direction »

Lundi 9 décembre, les représentants du CSE et de la SJPL ont remis aux cinq membres de la direction un courrier qui déplore également un « interventionnisme éditorial au-delà du nécessaire, parfois contre l’avis et l’expertise des journalistes et chefferies concernés, ou même sans les en avertir ». « L’injonction de la direction au “feel good” mériterait d’être clarifiée et ne doit pas obérer notre traitement de l’actualité », ajoute le texte, que Le Monde a pu consulter.

Selon plusieurs témoignages lors de l’AG du 4 décembre, M. Alfon aurait modifié une double page du service environnement de l’édition du 15 novembre, sans la validation des responsables du service en question. Ce jour-là, un sujet « positif », sur le « plus grand ensemble de polypes coralliens » au monde, concocté avec une dépêche de l’Agence France-Presse, a remplacé la double page initialement rédigée par des journalistes « maison » qui ont plutôt l’habitude de mettre en lumière la gravité de la crise climatique.

Le texte pointe enfin « l’insincérité de la direction dans ses rapports avec la rédaction lors de discussions internes » ressentie par plusieurs rédacteurs, provoquant un risque de « défiance réciproque ». Des journalistes de la rédaction suspectent Dov Alfon, qui est aussi directeur de la publication, de plusieurs « mensonges ». Et notamment, d’être à l’origine d’une modification de la fiche Wikipédia de l’ex-journaliste Jean-Philippe Desbordes, condamné, le 22 novembre, à vingt ans de réclusion criminelle pour viols, actes de torture et de barbarie sur les trois filles de son ex-compagne. Le directeur aurait supprimé la mention d’un article rédigé par Jean-Philippe Desbordes pour l’éphémère supplément magazine de Libération en 1994, avant de la rétablir, après des échanges tendus avec certains journalistes.

« Poursuivre les discussions en interne »

Un vote électronique devait être mis en place, lundi 9 décembre, afin d’entériner le texte. Dov Alfon interprétant celui-ci comme une motion de défiance à son égard, le vote n’a finalement pas eu lieu, dans une volonté de « désescalade » avec la direction. Le courrier a donc été simplement lu en assemblée générale le 9 décembre, avant d’être remis en main propre à la direction. « Tout ça a pris des proportions dingues », souffle une journaliste soutenant la direction du média. Interrogés, les représentants du CSE comme de la SJPL se refusent pour le moment à prendre la parole, faisant valoir qu’ils souhaitent « poursuivre les discussions en interne ».

Dov Alfon s’est, lui, exprimé pendant une dizaine de minutes devant ses équipes, mardi 10 décembre. Il a constaté les critiques le visant sur le management, tout en récusant le terme de « harcèlement ». Le journaliste a ensuite promis un renforcement de la direction au premier semestre 2025, et de moins rédiger de courriels destinés aux rédacteurs, ce qui laisse ses contempteurs dubitatifs. Relancé par une question à propos de la modification de la fiche Wikipédia, le directeur de la rédaction de Libération a finalement reconnu son rôle. Contacté, il n’a pas répondu à nos sollicitations.

Source lemonde

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