Cinquante-sept ans après sa parution, le chef-d’œuvre de la littérature latino-américaine est transposé à l’écran dans une série à la mise en scène flamboyante et à la distribution magistrale, disponible dès le 11 décembre sur la plateforme de streaming Netflix.
Netflix avait décroché les droits de l’adaptation de Cent ans de solitude en 2019. Il a fallu cinq ans pour que la série voie le jour, tournée sur la terre natale de son auteur, la Colombie. Adapter l’un des romans majeurs du XXe siècle relevait de la gageure. Notamment parce que cette œuvre foisonnante, riche d’une centaine de personnages, se déroule sur près d’un siècle mais aussi parce que son univers relève du réalisme magique, subtil mélange de réalité historique (la Colombie du XIXe siècle) et de surnaturel, d’onirisme poétique.
Il y a, dans Cent ans de solitude, des fantômes qui dialoguent avec les vivants, des sacs d’os humains qui bougent encore, des hommes qui lévitent ou ont des prémonitions… « Nous avons passé notre première réunion à parler de physique quantique, de circularité du temps et des dimensions », raconte la scénariste Camila Brugés. Tout en restant fidèle au roman, elle s’est appliquée, avec ses collègues, à donner un ordre chronologique à une œuvre dépourvue de dates, dans laquelle le temps tourne en rond !
Une fresque baroque entre comédie et tragédie
La série suit donc, au fil des générations, l’histoire de la famille Buendia fondée par Ursula et José Arcadio. D’emblée, leur union est placée sous le signe de la malédiction : comme ils sont cousins, on leur prédit qu’ils engendreront des bébés à queue-de-cochon. Ils décident de quitter leur village avec une poignée d’amis à l’esprit rebelle et vont fonder, au milieu du marigot Macondo, une utopie sociale que son isolement géographique protégera jusqu’à l’arrivée d’un émissaire du gouvernement.
Sur le fil entre comédie et tragédie, cette fresque baroque entremêle les tourments intimes des personnages (amours contrariées, rivalités, enfants illégitimes) et les luttes politiques sanglantes. Des plans-séquences virtuoses nous emportent dans le sillage de cette attachante tribu recomposée tandis que la mise en scène multiplie les trouvailles visuelles. Sans oublier les décors et costumes (40 000 créés pour l’occasion !), éblouissants. Un travail d’orfèvre à la hauteur de ce conte ensorcelant.
« Cent ans de solitude », de José Rivera, Natalia Santa, Camila Brugés et Albatros González, disponible dès le 11 décembre sur Netflix.
Cécile Jaurès
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