Bientôt le ballast et les traverses arriveront pour parachever l’édification du mémorial de la Shoah. S’élevant sur trois mètres de haut, l’empilement de rails entrecroisés est terminé. Dissimulés le temps du marché de Noël, les travaux se poursuivront jusqu’à l’inauguration le 26 janvier prochain pour commémorer la libération du camp d’extermination d’Auschwitz.
En plein milieu du marché de Noël de la Place Carnot, à Lyon (2e arr.), les grilles ont exceptionnellement été ouvertes ce mardi 3 décembre. Entre les quelques stands apparaît alors une grande structure. L’inscription présente sur la façade de cette œuvre parle d’elle-même : « En mémoire des six millions de juifs victimes de la Shoah, dont un million et demi d’enfants (1941-1945), 6 100 venaient de notre région« . Une phrase succincte et très visible. « N’importe qui, en voyant le rail, comprend que ça symbolise la déportation« , détaille Quentin Blaising, du cabinet d’architecture Blaising & Borchardt, retenu dans un appel à projets lancé en 2023 pour réaliser l’œuvre des « Rails de la mémoire ».
Alors qu’elle sera inaugurée le 29 janvier 2025, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Fabrice Pannekoucke, s’est rendu sur place pour une visite, aux côtés de l’équipe technique du chantier. L’occasion de faire un état des lieux sur l’avancée des travaux. La partie émergente a déjà été réalisée, avec notamment l’empilement des 1 173 m de rails pour faire écho aux 1 173 km de voies ferrées qui séparent la gare de Perrache à l’ancien camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau. « C’est une symbolique particulièrement majeure« , insiste Fabrice Pannekoucke.
« C’est l’aboutissement d’un combat de plusieurs années«
La structure de 12 m de longueur et 3 m de hauteur, qui représente un total de 100 tonnes, est donc bien installée. Reste désormais une grosse partie du travail avec les finitions. Les faces des rails et les lettres doivent être poncées, la couleur sera homogénéisée, l’éclairage et des poli-miroirs seront installés, etc. « Ce mémorial, de la manière avec laquelle il a été construit, représente quelque chose de massif, mais qui est aussi la déclinaison d’autant d’histoires individuelles. (…) Chacun de ces passages illustrent une histoire individuelle qui vient former un collectif autour des massacres et de la Shoah« , ajoute le président d’AURA, en pointant la disposition des rails entrecroisés.
L’œuvre, située sur le côté Ouest de la place, est également symbolique puisque les rails ont été fournis par la SNCF. Elle remplace ainsi la statue Allégorie de la ville de Lyon, qui était dans un état dégradé. « C’est l’aboutissement d’un combat de plusieurs années, dans une ville qui a souffert de la déportation et prioritairement de la Résistance« , poursuit Richard Zelmati, président du du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) régional. Tout en rappelant la proximité de ce futur site avec le Centre d’histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD), dans le 7e arrondissement lyonnais.
Une œuvre qui se veut pédagogique
Si la visibilité et la simplicité ont été choisis pour la face de l’œuvre, c’est aussi pour faciliter la compréhension de tous. Afin de renforcer cet aspect pédagogique, la partie arrière du site sera composée de bancs avec des QR codes « permettant d’approfondir la recherche et de trouver des informations sur les convois qui sont partis, par exemple« , précise Quentin Blaising.
Le président de la Région, lui, souhaite « embarquer toute la jeunesse, c’est une dimension essentielle. On n’écrira pas l’avenir de notre territoire, si on ne se souvient pas de ce qu’il s’est passé ici. (…) Une jeunesse à qui il faut expliquer les dangers qui veillent toujours, lui dire comment les choses se sont passées et lui donner les codes pour se prémunir pour l’avenir« .
Dans le cadre de ce projet, la Région a participé à hauteur de 150 000 euros sur les 600 000 nécessaires au total pour sa réalisation. La Ville et la Métropole de Lyon, ainsi que le Département ont également mis la main à la poche. Des participations auxquelles s’ajoutent les nombreux dons privés reçus par l’association Mémorial shoah Lyon, qui œuvrent depuis 2018 pour porter le projet. Rendez-vous, donc, le 26 janvier prochain pour son inauguration à l’occasion des 80 ans de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau.
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