À deux mois du 80ᵉ anniversaire de la libération d’Auschwitz, le 27 janvier, l’institution publie sur YouTube plus d’un millier de récits de survivants.
Le Mémorial de la Shoah a mis en ligne mercredi 27 novembre plus d’un millier de vidéos de témoignages de survivants, offrant une « autre manière d’entrer dans la grande Histoire » à mesure que les derniers rescapés s’éteignent, explique Jacques Fredj, directeur de l’institution, à l’AFP. «Nous avons un millier de témoignages que nous allons mettre progressivement à disposition du grand public» sur la chaîne YouTube du Mémorial de la Shoah, avec ces vidéos estampillées Les Voix des témoins, précise Jacques Fredj. La démarche débute deux mois avant le 80e anniversaire de la libération du camp nazi d’Auschwitz, le 27 janvier 1945.
Relais de la mémoire
À mesure que les rescapés disparaissent, « la grande difficulté sera d’enseigner sans leur présence », regrette Jacques Fredj. « Avec eux partiront malheureusement des pans de mémoire, des anecdotes et des histoires qu’ils n’ont pas pu partager et que nous ne pourrons jamais relater. » Il précise : « Nous serons peut-être des relais de leurs témoignages, mais nous ne serons jamais les témoins des témoins. »
Grâce à cette démarche de collecte, le Mémorial a pu enregistrer les récits de figures emblématiques comme Ginette Kolinka, Marceline Loridan-Ivens ou Victor Perahia. « L’idée était de préserver ces témoignages à travers un processus d’enregistrement patrimonial, neutre, qui permet au témoin de s’exprimer librement », explique Jacques Fredj. Ces archives sont ensuite destinées à être utilisées par des documentaristes, dans des projets pédagogiques ou pour enrichir des expositions. La majorité des témoins ont accepté cette démarche, conscients de son importance. Toutefois, certains ont éprouvé des réticences, précise le directeur. « Certains étaient effrayés à l’idée que leur image et leur voix circulent sur les réseaux sociaux, d’autres ont trouvé douloureux de revenir sur leur histoire. » D’autres encore, fragilisés par des problèmes de santé, ont estimé ne pas être en état de témoigner.
Dans un contexte où « le public manque souvent de références historiques », Jacques Fredj, directeur du Mémorial, insiste sur l’importance de « faire attention au sens des mots ». Il avertit : « Si tout se mélange, on banalise l’expression du mal. Et sur des notions aussi graves qu’un génocide, c’est extrêmement problématique. » Pour lui, c’est justement dans ces moments de confusion qu’il devient essentiel de valoriser ces témoignages. En dépit des défis, Jacques Fredj se réjouit de l’augmentation de la fréquentation du Mémorial, signe d’un intérêt croissant.