Les médias israéliens et américains affirment que le Premier ministre israélien a obtenu du président français l’engagement qu’il ne serait pas arrêté en France, en échange d’un rôle actif de Paris dans l’accord de cessez-le-feu au Liban.
« C’est du donnant-donnant », souligne un diplomate israélien. Il résume ainsi la partie de bras de fer qui s’est jouée en coulisse entre Benyamin Netanyahou et Emmanuel Macron, avant l’annonce mardi d’un accord de cessez-le-feu au Liban qui doit mettre fin à près de quatorze mois de guerre.
Le chef du gouvernement israélien était furieux des déclarations françaises, notamment celle de Michel Barnier, qui a affirmé la semaine dernière que la France appliquerait les mandats d’arrêt lancés par la Cour pénale internationale (CPI) à l’encontre de Benyamin Netanyahou et de Yoav Gallant, l’ex-ministre de la Défense. Il a menacé, en représailles, de mettre son veto à toute participation active de la France à un accord sur le Liban.
« La France ne pouvait pas demander d’un côté de prendre une part active à des négociations sur un accord de cessez-le-feu, et de l’autre annoncer son intention de procéder à l’arrestation du Premier ministre s’il s’aventurait sur son territoire. Il fallait choisir », a souligné un proche de Netanyahou.
« Rétropédalage »
Mais les dirigeants libanais sont intervenus à leur tour. Ils ont exigé que la France soit partie prenante de tout accord, ne serait-ce que pour ne pas se retrouver entièrement dépendants de la bonne volonté des Etats-Unis. Finalement, ces pressions ont abouti. Le Quai d’Orsay a clairement laissé entendre que la France n’avait pas l’intention d’arrêter Benyamin Netanyahou ou Yoav Gallant lors d’une visite qu’ils pourraient effectuer sur le territoire français.
Les juristes ont justifié ce qu’un diplomate israélien a qualifié de « rétropédalage », en avançant l’argument qu’Israël ne fait pas partie, tout comme les Etats-Unis, des 124 pays membres de la CPI. « Les Français auraient pu s’en apercevoir un peu plus tôt », a ajouté avec une certaine ironie le diplomate.
Ce « geste » a aussitôt permis de débloquer la situation. Israël a finalement accepté que la France soit intégrée à la commission dirigée par les Américains, qui sera chargée d’examiner les plaintes pour d’éventuelles violations de l’accord de cessez-le-feu.
Pour « Haaretz », un quotidien israélien d’opposition de gauche, Paris a ainsi accordé un « énorme cadeau » à Benyamin Netanyahou, reconnu coupable par la CPI de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans la bande de Gaza. De nombreuses ONG de défense des droits de l’homme, dont Amnesty International, d’accord avec le constat de ce journal, ont dénoncé ce qu’elles considèrent comme une volte-face de la France.
Pascal Brunel (Correspondant à Tel-Aviv)