Bambou fut la dernière compagne de Serge Gainsbourg, elle est la mère de Lulu, est aussi mannequin, et publie aujourd’hui à 65 ans son autobiographie : « Pas à pas dans la nuit » (parue chez XO Éditions). Bambou est l’invitée de Léa Salamé.
Bambou et Serge Gainsbourg étaient tous deux fans du livre Jésus-Christ Rastaquouère de Francis Picabia paru en 1920, duquel elle emprunte une citation pour sa propre biographie : « si vous regardez au-dedans de vous, vous pouvez voir une bibliothèque qui vous étouffe« . Bambou a beaucoup souffert de sa propre bibliothèque, « je n’ai pas eu une enfance facile ». Très tôt, elle ne savait pas ce qu’elle faisait là, savait qu’elle n’était pas comme les autres enfants, que ses parents n’étaient pas les siens.
Bambou décide aujourd’hui à 65 ans décrire sur sa vie, en commençant par la souffrance de cette jeunesse. « On m’a souvent proposé d’écrire un livre, mais souvent ils voulaient que je fasse une autobiographie sur Serge, et je ne voulais pas faire ça. Et ce n’était pas le bon moment. Puis j’ai eu Étienne Daho au téléphone qui me dit « mais Bambou tu devrais écrire ta vérité ». J’y ai réfléchi et deux mois après c’était parti.«
Une enfance dans la maltraitance
Enfant née d’un père français et d’une mère chinoise, elle est une enfant de l’assistance publique, adoptée par une famille qui la maltraite, la violente. « Ils sont payés tous les mois pour nous garder », cet enfer dure 13 ans. Sa mère souhaitera la voir de temps à autres, mais ce ne sera pas mieux. Elle se souvient de cette première rencontre : « je suis restée stoïque, debout, je la voyais qui me regardait avec dégoût et je me disais c’est ça ma mère ? Ce n’est pas ma mère « . En grandissant, elle gardera ce sentiment de dégoût toute sa vie. Ainsi, sa mère lui disait qu’elle était moche. Devenue mannequin, elle se trouvera moche. « Je pensais que tout le monde pouvait faire des photos, avec une bonne lumière, un beau maquillage, un bon photographe et le tour est joué.«
La drogue et la littérature comme échappatoires
À 5 ans, elle pensera à la mort, et fera sa première tentative de suicide à 9 ans, en s’ouvrira d’abord les veines dans le mauvais sens, « je ne savais pas j’étais trop petite« . Elle écrit de ce moment avec une sombre ironie, que rater son suicide, finalement c’est comme rater un examen, tout le monde vous en veut et vous trouve nulle.
Puis ce sera l’adolescence, la drogue, l’héroïne à la louche plutôt qu’à la cuillère. « Je ne voulais pas vivre jusqu’à 20 ans« , pour Bambou, « la drogue rendait supportable ce qui ne l’était pas« . Les drogues, mais aussi la littérature.
C’est elle qui, plus tard, fera découvrir l’auteur et écrivain Antonin Artaud à Serge Gainsbourg. Elle qui écoutait L’histoire de Mélody Nelson bien avant de le rencontrer. C’est d’ailleurs par un titre de cet album, Marilou sous la neige que Bambou répondra en début d’entretien avec Léa Salamé à la coutumière question d’ouverture, « si vous étiez une chanson, laquelle seriez-vous ?« .
Rencontre avec un vieux con, Serge Gainsbourg
Elle connaît le chanteur par son art donc, mais aussi par le célébrissime couple qu’il forme avec Jane Birkin. Bambou l’a déjà raconté, mais le répète volontiers : « Je les voyais à la télé et me disais, si je devais me choisir un papa, je voudrais un papa comme lui. Et j’étais sûre que s’il me rencontrait, il saurait que j’étais malheureuse, j’en étais convaincue. » Puis un jour, dans une boîte de nuit parisienne, on vient la voir pour lui dire « Monsieur Gainsbourg ordonne que vous alliez à sa table« . Elle répondra « qu’il aille se faire foutre, ce vieux con« . Alors Gainsbarre se lèvera, saut de champagne à la main en lançant « le vieux con vient à ta table, espèce de boudin« .
Éclats de rires, l’histoire avec le clan Gainsbourg est lancée…
Elle écrit de Serge Gainsbourg, « j’ai écrit ce livre pour lui dire merci, et lui dire la grâce qu’il était en dehors du vacarme et de la provocation« . Le livre se termine sur la mort du chanteur. N’y a-t-il rien d’autre à raconter ?
Lulu, Serge, la violence du showbiz, écoutez l’entretien de Bambou au micro de Léa Salamé
Léa Salamé