Ahou Daryaei, par Sophia Aram

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Sophia Aram nous parle d’Ahou Daryaei, étudiante iranienne arrêtée après s’être dévêtue en public pour protester contre le régime iranien.

Au moment où la liberté des américaines à disposer de leur corps et à avoir le droit de recourir à l’avortement, dépend de l’hypothèse qu’une poignée d’électeurs se décident à bouger leurs gros derrières pleins de gras du canapé pour aller glisser un bulletin dans l’urne… Une étudiante iranienne, elle, s’apprête à entrer dans l’histoire pour défendre la liberté des femmes dans son pays.

On ne sait pas grand-chose de cette jeune femme, si ce n’est qu’elle s’appelle Ahou Daryaei, qu’elle est doctorante en littérature française à l’université Azad de Téhéran et qu’elle vient probablement… de redéfinir les contours du mot courage.

Il semblerait qu’après une série d’altercations avec la police des mœurs lui interdisant d’entrer dans son université pour un hijab prétendument “mal porté“, elle ait choisi d’utiliser son corps dénudé pour s’opposer frontalement au régime des Mollah. Sur la vidéo, on voit Ahou Daryaei presque nue, assise, sous le regard des agents de la police des mœurs et de quelques passants. Puis, elle se lève calmement et marche vers son destin, les cheveux libres et la tête haute, elle fait face à ses futurs bourreaux qui ne tarderont pas à l’arrêter.

De quelle détermination et de quel désespoir lui vient la force de défier ses futurs tortionnaires ?

D’affronter ce régime dont elle connaît assurément le goût pour la torture, le viol et la pendaison de ceux qui lui résistent ?

La même semaine, de l’autre côté de la frontière, les femmes afghanes se sont vues interdire de parler entre elles, y compris dans leurs propres foyers. Une interdiction qui vient après celles de chanter, d’étudier, de porter des vêtements clairs, de posséder un téléphone portable, de porter des talons, de se déplacer seules, d’aller dans des parcs, de faire du sport, de parler à un médecin homme ou de parler en public.

Après les avoir emmurées, les Talibans que d’aucuns rêvaient plus inclusifs qu’avant, ont visiblement choisi de bâillonner toutes les Afghanes.

Pendant ce temps, en France, sans vergogne aucune, Jordan Bardella salue je cite, “le courage inouï de cette jeune femme iranienne“

Quelques mois seulement, après que notre Brandon TikTok Barre-de-LOL ait choisi de répondre à une question précisément sur l’accueil des femmes afghanes par un laconique : « Pardonnez-moi mais je ne vois pas la plus-value pour la société française d’accueillir des gens euh de Tchétchénie ou des gens euh d’Afghanistan“.

Pendant qu’à l’autre bout du spectre, en plein conflit de priorités au croisement de leurs luttes intersectionnelles, une partie de l’extrême-gauche se demande si soutenir le combat des iraniennes et des afghanes ne serait pas “stigmatisant“ et si cela ne finirait pas un tout petit peu par faire le jeu de l’extrême-droite.

Une gêne quasi-pathologique qui conduit une Sandrine Rousseau, à saluer le combat de Ahou Daryaei tout en rappelant pour l’occasion, je cite que « notre corps nous appartient, et tout ce que l’on met – ou pas – pour le vêtir, nous appartient“.

Une formule réussissant l’exploit de mettre sur le même plan la barbarie des dictatures islamiques et la République française qui protège l’école du prosélytisme et les jeunes filles de l’asservissement religieux. Un peu comme s’il existait un quelconque point commun entre une Ahou Daryaei affrontant la mort pour combattre la mollarchie et celui de quelques idiots utiles de l’islam politique remettant en cause la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux ostentatoires à l’école.

À l’heure où je vous parle, on est sans nouvelle d’Ahou Daryaei qui aurait été enfermée dans un hôpital psychiatrique.

Sophia Aram

Source radiofrance