La LICRA a pris connaissance par la presse d’une motion votée par le conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg le 25 juin 2024 qui a mis un terme à un partenariat académique avec l’université Reichman de Tel Aviv en Israël.
Cette décision, prise sur la base d’une motion déposée par une association étudiante majoritaire au conseil d’Administration de l’établissement, a été votée avec 12 voix pour, 7 voix contre, 2 absentions, mais 12 administrateurs n’ont pas pris part au vote.
La Licra s’inquiète de cette suspension qui entérine le boycott académique d’une université et de ses étudiants posant de surcroît le problème de boycott des personnes en elles-mêmes, au mépris des dispositions l’arcticle L. 123–7 du Code de l’Éducation qui prévoient que : « Le service public de l’enseignement supérieur contribue, au sein de la communauté scientifique et culturelle internationale, au débat des idées, au progrès de la recherche et à la rencontre des cultures (…). »
La Licra met en garde sur les conséquences du boycott, d’une part au regard du pluralisme des idées que doivent nécessairement défendre l’institution universitaire et l’Enseignement supérieur en général ; d’autre part car il porte en germe une potentielle discrimination en excluant de facto de cet échange une catégorie d’étudiants, à savoir tous les étudiants israéliens, en raison de leur nationalité, qu’ils soient juifs ou non juifs.
La Licra, constate à la lecture du procès-verbal du conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg que l’université israélienne Reichman est la seule université avec laquelle l’établissement noue des partenariats internationaux à subir son boycott académique, alors que les partenariats avec d’autres universités de pays où la violation des droits humains est avérée, telle que la Chine ou la Turquie, ne sont pas remis en cause.
La Licra déplore également que cette suspension du partenariat académique ait été votée sur la base d’une motion qui reprend des allégations non étayées factuellement d’un prétendu soutien à une politique « belliciste » à Gaza de la part de l’université Reichman au motif que sa direction aurait supposément déclaré le 15 novembre 2023 son soutien à ses étudiants mobilisés dans les forces de l’armée israélienne juste après le pogrom du 7 octobre 2023, en mentionnant être une université « sioniste ».
La Licra s’interroge sur les amalgames ayant abouti au vote de la motion de l’IEP de Strasbourg, qui retient que se revendiquer « sioniste » serait belliciste, alors que le sionisme est une doctrine politique qui prône le droit du peuple juif à l’autodétermination et à l’existence d’Israël sans exclure le droit du peuple palestinien à exister et à s’autodéterminer également.
Dans un contexte d’explosion des actes, paroles et discriminations à caractère antisémite depuis le 7 octobre 2023, toute démarche visant à exclure du débat universitaire quiconque en raison de sa nationalité, de sa confession ou de ses opinions, est source non pas d’apaisement mais d’aggravation des tensions.
La Licra a donc saisi sa commission Prévention et Lutte contre les Discriminations et sa commission juridique pour étudier les voies de recours envisageables contre cette décision de boycott votée le 25 juin 2024 par le conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg, compte tenu des risques de violation des règles d’indépendance et de neutralité politique de l’enseignement supérieur (article L. 141-6 du Code de l’éducation) et de mise à l’écart discriminatoire d’une catégorie d’étudiants au motif de leur nationalité et de leurs supposées opinions politiques.