En plein cœur de Jérusalem, sur le site archéologique du mont Sion, des archéologues ont mis au jour une découverte inhabituelle : une empreinte de patte de chat laissée sur un fragment de poterie vieille de 1 200 ans. Ce vestige unique, découvert accidentellement par Gretchen Cotter, directrice du laboratoire, pourrait être la première preuve archéologique jamais enregistrée d’un comportement familier des félins, à savoir le mouvement rythmique des pattes, associé au confort et à la sécurité chez les chats.
À Jérusalem, des chercheurs de l’Université de Caroline du Nord à Charlotte et de l’Université Bar-Ilan en Israël ont récemment découvert une empreinte animale singulière sur un fragment de poterie vieux de 1 200 ans, provenant de l’époque abbasside. Cette empreinte, laissée par un chat au comportement familier de pétrissage avec ses pattes, constitue le plus ancien témoignage connu de cette action, fréquente chez les félins lorsqu’ils se sentent à l’aise et en sécurité.
Ce fragment de cruche, retrouvé lors des fouilles archéologiques du mont Sion, révèle ainsi des détails surprenants de la vie quotidienne au IXᵉ siècle, où la proximité entre les humains et les animaux domestiques se manifeste de manière inattendue. Ce type de découverte permet de mieux comprendre les relations homme-animal dans le passé, en ajoutant une perspective inattendue aux artefacts domestiques de cette période.
Un comportement ancestral immortalisé
L’empreinte laissée par ce chat sur une cruche en argile vieille de plus de mille ans intrigue les chercheurs, notamment Shimon Gibson, archéologue et professeur à l’Université de Caroline du Nord. Découverte lors des fouilles sur le mont Sion, cette marque présente des détails distincts. Les griffures profondes et le positionnement indiquent que l’animal a passé du temps à pétrir l’argile plutôt qu’à simplement la griffer. Les archéologues y voient une indication claire d’un comportement de bien-être, via un mouvement instinctif et apaisant commun chez les chats, évoquant une sensation de sécurité et de confort. Selon Gibson pour Haaretz, ce geste, souvent lié au contentement, témoigne d’un moment de bien-être du félin qui se serait installé, tranquille, sur la cruche encore humide.
Ce détail, en apparence anodin, offre une perspective unique sur l’interaction entre les animaux et leur environnement à l’époque abbasside (750 à 1258 apr. J.-C.). Jérusalem constituait un lieu de coexistence entre différentes communautés et leurs animaux domestiques. Les chats, déjà présents dans le quotidien des habitants, jouaient un rôle particulier. Aussi bien pour leurs qualités de chasseurs que pour la compagnie qu’ils apportaient. Cette empreinte révèle donc non seulement un instant de vie capturé dans l’argile. Mais elle témoigne aussi du lien discret, mais constant entre humains et animaux au sein de ces sociétés anciennes. Pour Gibson et son équipe, cette découverte souligne l’importance des détails dans l’archéologie. Même une simple marque de patte peut révéler une part de l’histoire intime de la vie domestique d’autrefois.
Une empreinte de chat qui raconte une histoire
Cette empreinte féline, figée dans l’argile depuis plus de mille ans, nous transporte dans la Jérusalem du IXᵉ siècle, une ville où les chats étaient déjà bien intégrés dans le quotidien des habitants. La présence de cette marque, laissée par un petit chat, montre combien ces animaux étaient valorisés, notamment dans les sociétés islamiques. Elles associaient les félins à des valeurs de propreté et de sérénité. À l’époque abbasside, les chats étaient non seulement tolérés, mais également respectés. Cela en partie en raison des traditions islamiques qui leur conféraient un statut spécial. Le geste de pétrissage inscrit sur cette cruche illustre un instant de contentement et de quiétude. L’animal, parfaitement à l’aise dans son environnement, se laisse aller à un comportement naturel et apaisant.
L’empreinte mesure environ trois centimètres de largeur, ce qui suggère qu’il s’agissait d’un petit chat, peut-être un compagnon familier des habitants du quartier. En s’installant sur ce récipient laissé à sécher au soleil, ce chat a non seulement marqué l’argile, mais aussi, sans le savoir, laissé une trace de l’intimité homme-animal de cette époque. Dans un lieu où coexistaient différentes cultures et religions, les animaux domestiques, en particulier les chats, jouaient un rôle discret, mais central dans la vie de tous les jours. Cette découverte, au-delà de son aspect scientifique, offre un aperçu de la douceur des liens tissés entre les hommes et les animaux à travers les siècles. Elle rappelle combien ces interactions étaient empreintes d’une simplicité et d’une familiarité qui transcendent le temps.
Le chat et son comportement millénaire
Les empreintes d’animaux sur des artefacts anciens offrent souvent un aperçu fortuit, mais précieux de l’environnement et des activités quotidiennes du passé. Fréquemment, ces marques résultent d’animaux ayant marché rapidement des surfaces d’argile humide. Comme des tuiles ou des poteries laissées à sécher. En Europe, par exemple, les archéologues ont mis au jour des traces de pattes de chiens ou de renards sur des tuiles romaines. Un témoignage d’une cohabitation étroite entre humains et animaux dans des contextes domestiques ou de travail. Mais ces empreintes étaient généralement laissées par des animaux errants sur ces surfaces sans intention particulière. Elles n’étaient donc pas liées à un comportement spécifique. Ce type de trace courant reflète simplement la présence animale dans les espaces humains sans autre implication comportementale.
En revanche, l’empreinte de ce chat découvert à Jérusalem présente un caractère unique. Elle ne résulte pas d’un simple passage, mais d’un acte précis de pétrissage. Cette distinction témoigne d’une interaction plus profonde et plus significative entre l’animal et son environnement.
Cette empreinte millénaire montre également que les comportements instinctifs des chats n’ont guère évolué avec le temps. Les chats modernes, tout comme leurs ancêtres, continuent de pétrir pour exprimer leur contentement, signe que certaines caractéristiques comportementales sont restées immuables malgré les changements de contexte et d’époque.
Un fragment au cœur de la recherche
Actuellement, le fragment de cruche portant l’empreinte de chat suscite un vif intérêt parmi les archéologues. Ce morceau de poterie est minutieusement étudié pour comprendre la place qu’occupait le chat dans les sociétés anciennes. Et, plus largement, pour explorer les interactions quotidiennes entre humains et animaux dans le monde abbasside. Des analyses microscopiques et des relevés détaillés permettent d’examiner la profondeur et l’orientation des griffures. Elles cherchent à confirmer si d’autres marques de ce type peuvent être trouvées dans des objets similaires. La possibilité de conserver ce fragment dans les archives archéologiques israéliennes, ou même de l’exposer, se voit également envisagée. Les autorités veulent rendre cette découverte accessible, tant aux chercheurs qu’au public. Avec l’espoir qu’elle enrichisse notre compréhension de la vie domestique médiévale.