La France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne ainsi que les Etats-Unis ont pressé Israël de renouveler un accord interbancaire pour éviter un « effondrement » économique de l’Autorité palestinienne.
Une véritable coalition internationale s’est mobilisée pour empêcher la faillite de l’Autorité Palestinienne. La France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, ainsi que les Etats-Unis ont pressé Israël de prolonger d’urgence pour au moins un an, un accord vital entre banques israéliennes et palestiniennes.
Bezalel Smotrich, le ministre israélien des Finances et chef d’un parti d’extrême droite, qui ne cache pas son intention de déstabiliser l’Autorité Palestinienne présidée par Mahmoud Abbas, en vue d’annexer la Cisjordanie, a en effet prolongé jeudi d’un seul mois ces facilités. Cette décision risque de provoquer un effondrement économique « catastrophique » de l’Autorité palestinienne, selon un communiqué des trois pays européens.
Financement du terrorisme
L’accord bancaire au centre de la polémique permet aux banques israéliennes d’être protégées contre d’éventuelles poursuites judiciaires pour complicité de financement du terrorisme en raison de leurs transactions avec des établissements financiers palestiniens. Faute de cette garantie, toutes les transactions pour régler les importations des Palestiniens transitant par Israël, ainsi que le règlement des achats de produits alimentaires, de carburant, le paiement des factures d’eau et d’électricité fournies par l’Etat hébreu seraient interdites, ce qui ne manquerait pas de provoquer une paralysie totale du fonctionnement de l’Autorité Palestinienne, qui contrôle une partie de la Cisjordanie.
Un tel coup pourrait être fatal alors que l’Autorité Palestinienne est déjà pratiquement en état de cessation de paiements à la suite notamment de l’interdiction faite à plus de 150.000 Palestiniens de Cisjordanie de venir travailler en Israël depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza le 7 octobre.
Climat d’incertitude
Antony Blinken, le secrétaire d’Etat américain et Janet Yellen, la secrétaire au Trésor ont eux aussi critiqué la décision de Bezalel Smotrich en soulignant que l’accord interbancaire devait être prolongé d’un an et que « la capacité de mener des transactions en Shekels (NDLR : la devise israélienne) constitue un pilier pour assurer la stabilité économique en Cisjordanie ». Selon eux, limiter à un mois cette possibilité ne peut que créer un climat « d’incertitude pour les banques internationales, les entreprises israéliennes actives en Cisjordanie, ainsi que pour la population palestinienne ». L’an dernier ces transactions bancaires ont atteint 14 milliards de dollars, selon les statistiques israéliennes.
Des responsables américains, cités par les médias israéliens, estiment que Bezalel Smotrich pourrait avoir limité à un mois ces garanties bancaires pour disposer d’un moyen de pression sur Joe Biden, au cas où le président sortant serait tenté de prendre des mesures jugées « anti-israéliennes ». Seule certitude : les Etats-Unis et les Européens souhaitent que l’Autorité Palestinienne réformée succède au Hamas dans la bande de Gaza, ce que Benyamin Netanyahou refuse totalement de crainte qu’une telle passation de pouvoir constitue un pas décisif vers la création d’un Etat palestinien dont il ne veut pas entendre parler.
Pascal Brunel