Mort de Yahya Sinwar : et maintenant, tout faire pour que la guerre s’éteigne enfin

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Peu de personnes pleureront l’assassinat de Sinwar, mais sa mort crée une occasion unique pour les Américains de pousser au retrait israélien de Gaza et au début de la reconstruction.

Il voulait commettre un massacre apocalyptique qui remodèlerait tout le Moyen-Orient, et pour un temps, il a pu croire qu’il avait réussi. Sa rencontre fortuite avec des soldats israéliens, élèves non gradés envoyés jeudi matin déminer dans ce qui devait être une mission de routine une maison suspecte à l’ouest de Rafah, a mis fin à la vie sanguinaire de Yahya Sinwar, chef du Hamas et principal instigateur du 7 octobre. La pire journée de l’histoire moderne d’Israël a conduit à la tuerie la plus meurtrière de l’histoire palestinienne, quand un an de bombardements israéliens a causé la mort de plus de 40 000 personnes et une dévastation incalculable dans la bande de Gaza, déclenchant une guerre régionale allant de l’Iran au Yémen en passant par le Liban.

Cette dynamique sanglante incontrôlable, comprenant aussi des opérations de renseignements d’une sophistication inédite et la première interception dans l’histoire de missiles balistiques dans l’espace, ne se serait pas déroulée sans la décision fatidique de Sinwar d’envoyer ses troupes tuer méthodiquement et patiemment 1200 hommes, femmes et enfants le 7 octobre au matin. Agé de 61 ans et chef depuis 2017 du mouvement islamiste palestinien à Gaza, il avait été nommé chef politique du Hamas le 6 août, nomination qui devait être validée par une élection au sein du mouvement terroriste au printemps 2025. Si elle a lieu, ce sera sans celui qui affirmait encore le mois dernier qu’il se préparait à «une guerre longue» face à Israël.

Il faut maintenant tout faire pour que cette «guerre longue» s’éteigne enfin. Peu de personnes pleureront l’assassinat de Sinwar, mais sa mort crée une occasion unique pour les Américains de pousser au retrait israélien de Gaza et au début de la reconstruction, alors que le général israélien en charge du front avait annoncé il y a peu de temps que la majorité des objectifs militaires à Gaza avait été atteints. Le sort des 63 otages supposés vivants, dont deux Français, est entre les mains de Téhéran, qui peut les sauver de possibles vengeances de leurs geôliers et marchander leur libération contre un engagement israélien de renoncer à ses représailles annoncées après l’attaque iranienne sur son sol. Enfin, la décapitation du Hezbollah à Beyrouth et dans le Sud-Liban doit mener à rendre ses droits à l’état souverain du Liban, ce qui suppose le démantèlement des milices, le retrait de Tsahal à la frontière et une initiative diplomatique d’envergure où la France a son rôle à jouer. Ce ne sera que justice, et signifiera la vraie mort de Yahya Sinwar.

par Dov Alfon

Source Liberation

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