La mort de Yahya Sinouar, chef du Hamas, un tournant dans la guerre à Gaza ?

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Le chef du Hamas, Yahya Sinouar a été tué à Rafah dans le sud de Gaza. Scènes de joie en Israël, tandis que Joe Biden et Emmanuel Macron appellent à un cessez-le-feu et la libération des otages. La presse se demande quelles conséquences peut avoir la disparition de l’ennemi n°1 d’Israël à Gaza.

Est-ce un tournant, dans la guerre au Proche-Orient ? Le chef du Hamas Yahya Sinouar a été tué, jeudi, à Rafah dans le sud de Gaza. Scènes de joie en Israël : drapeaux brandis dans les rues de Tibériade, ville du nord de l’Etat hébreu, raconte la BBC. Célébrations aussi, note le Washington Post, dans les rues de Tel Aviv, où le corps de Yahya Sinouar est arrivé dans une morgue. La mort du chef du Hamas est « l’occasion », pour le président français Emmanuel Macron et pour son homologue américain Joe Biden, d’aller vers un cessez-le-feu et de libérer les otages israéliens encore détenus dans la bande de Gaza, rapporte le Times of Israel. Rien n’est moins sûr, selon plusieurs médias, alors que se joue une bataille de récits autour de la mort de Yahya Sinouar, soulignent le quotidien israélien Jerusalem Post et la chaîne télévisée MSNBC, aux Etats-Unis.

« Le Ben Laden de Gaza », dénonce le quotidien Jerusalem Post : Yahya Sinouar était aussi le « le cerveau des attaques terroristes du 7 octobre, responsable de la mort de plus de 1 200 personnes et de la capture de plus de 250 otages ». Pour le journal israélien de gauche Haaretz, « il ne fait aucun doute que le chef du Hamas méritait de mourir » car « Yahya Sinouar était connu depuis ses vingt ans pour sa cruauté et ses instincts sadiques. Il s’était spécialisé dans la torture et le meurtre de ses frères palestiniens qu’il soupçonnait de collaborer avec Israël. En 1988, il fut condamné à la prison à vie, non pas pour avoir tué ses ennemis israéliens, mais pour le meurtre de Palestiniens » .

Informations que ne mentionne pas la chaîne qatarie Al Jazeera dans un portrait de Yahya Sinouar, qualifié « d’étoile montante » du Hamas à sa sortie de prison en 2011 avec un millier de détenus libérés par Israël, en échange du soldat Gilad Shalit, otage du Hamas pendant cinq ans. « Quand l’attaque du 7-Octobre a eu lieu. Sinwar était en tête de la liste des cibles israéliennes », poursuit un journaliste d’Al Jazeera, sans préciser que Sinouar avait fomenté ces attaques terroristes. La chaîne qatarie conclut par une mise en garde : « pour le Hamas, c’est un schéma familier de perdre une figuré-clé. Cela entraîne la montée d’une autre, avec l’envie de représailles ». Le frère de Yahya Sinouar serait d’ailleurs déjà sur les rangs, pour lui succéder à la tête du Hamas, rapporte le Jerusalem Post.

La presse israélienne montre les derniers instants « désespérés » de Yahya Sinouar : Le chef du Hamas s’était « dissimulé sous des habits de civil, assis sur un fauteuil », raille, presque, la chaîne télévisée 14 en Israël. Elle montre également une photo du cadavre de Yahya Sinouar, enfoncé dans les décombres d’un appartement, avec des soldats israéliens qui se tiennent au-dessus de lui. Le journal Yediot Aharonot publie, même, sur son site, une courte vidéo filmée par un drone de l’armée israélienne, dans un article intitulé « les derniers instants désespérés de Sinwar ». On y voit un homme, assis dans le fauteuil d’un salon éventré au premier étage d’un bâtiment partiellement détruit, le visage caché par un tissu qui pourrait être un keffieh, main droite semble-t-il amputé. Il tient dans sa main un objet – un sabre ou un bâton, selon Yediot Aharonot -, qu’il jette sur le drone israélien. Selon l’armée, ces images sont celles de Yahya Sinouar « quelques instants avec son élimination ».

Récit de « mort en martyr » vs « kidnappeur d’enfant, méprisable » : Yahya Sinouar est mort en martyr, en combattant jusqu’au bout contre Israël, salue Hafid Derradji, un journaliste algérien sur BeIn sports, « populaire avec près de 3,5 millions d’abonnés sur Twitter« , rapporte le Jerusalem Post. Le Premier ministre israélien s’attendait à ce type de réactions. Dans une déclaration enregistrée après la mort du chef du Hamas, citée Yediot Aharonot, le Times of Israel, le Telegraph à Londres ainsi que Fox News aux États-Unis, Benjamin Netanyahu s’adresse ainsi aux habitants de Gaza : « Sinwar a détruit vos vies. Il vous a dit qu’il était un lion, mais en réalité, il se cachait dans une tanière sombre et il a été tué alors qu’il fuyait, paniqué, nos soldats. Son élimination marque une étape importante dans la chute du règne du mal du Hamas ». Amjad Taha, militant pacifiste et blogueur émirati, qui écrit pour Independent Arabia, se félicite, lui, de la mort du terroriste qu’il qualifie aussi de « kidnappeur d’enfants, méprisable », rapporte le Jerusalem Post. Amjad Taha souhaite à Yahya Sinouar le même sort que Ben Laden, avec la mer pour seule sépulture, comme il le dit dans un message sur Twitter, ensuite mis en musique, peut-être par l’intelligence artificielle : « N’enterrez pas Yahya Sinwar, jetez-le à la mer / on s’en est débarrassé comme d’une puce / Gaza, le Liban et Israël accueillent cette nouvelle avec joie / Pas un seul musulman ni arabe ne pleure cette pourriture ».

Craintes pour les otages : Le journal Haaretz estime, lui, que la mort de Sinouar servira « l’hybris de Benjamin Netanyahu » et entraînera des représailles pour les otages encore détenus par le Hamas à Gaza. Alors que le Hezbollah libanais annonce, ce matin, qu’il ouvre une « nouvelle phase d’escalade » dans sa confrontation avec Israël, rapporte le quotidien libanais L’Orient – Le Jour, l’Iran, qui soutient le Hezbollah et le Hamas, promet de « renforcer la résistance contre Israël », alertent le Times of Israel et le Guardian.

Source radiofrance

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