Les deux hommes se sont entretenus au téléphone mardi soir. Un peu plus tôt, le chef de l’Etat français avait estimé, selon des propos rapportés par des participants au Conseil des ministres, que le Premier ministre israélien ne devait pas « s’affranchir des décisions de l’ONU », soulignant que c’est une « décision de l’ONU » qui a « créé » l’Etat d’Israël.
Le ton est encore monté entre le président français, Emmanuel Macron, et le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Les deux hommes ont eu de toute évidence un nouvel échange téléphonique musclé dans la soirée de mardi.
En cause, les propos du chef de l’Etat lors du Conseil de ministres. « Monsieur Netanyahou ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU », a en effet lancé le président français, selon des propos rapportés par des participants, alors qu’était abordée la guerre à Gaza et au Liban. « Par conséquent, ce n’est pas le moment de s’affranchir des décisions de l’ONU », a-t-il poursuivi, s’adressant, de manière indirecte, au Premier ministre israélien, avec lequel il s’est ensuite entretenu au téléphone.
« Une faute historique et politique », pour le CRIF
Ces déclarations, qui font référence à la résolution 181 adoptée en novembre 1947 par l’Assemblée générale des Nations unies et prévoyant le partage de la Palestine en un Etat juif et un Etat arabe, ont, sans grande surprise, piqué au vif le Premier ministre israélien. Et celui-ci n’a pas manqué de le faire savoir, dans une réponse tonitruante.
Les propos attribués au Président de la République, s’ils sont confirmés, sont une faute à la fois historique et politique.
Laisser penser que la création de l’Etat d’Israël est le fruit d’une décision politique de l’ONU, c’est méconnaître à la fois l’histoire centenaire du…
— Yonathan Arfi (@Yonathan_Arfi) October 15, 2024
Les propos d’Emmanuel Macron ont aussi fait des vagues en France. Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Yonathan Arfi, s’en est ému sur X, évoquant « une faute à la fois historique et politique ». Avant d’estimer notamment que « laisser penser que la création de l’Etat d’Israël est le fruit d’une décision politique de l’ONU, c’est méconnaître à la fois l’histoire centenaire du sionisme, l’aspiration millénaire des Juifs au retour à Sion et le sacrifice de milliers d’entre eux pour établir l’Etat d’Israël ».
« L’engagement de la France pour la sécurité d’Israël » réaffirmé
C’est donc dans ce contexte tendu, quelques jours après la précédente polémique créée par son appel à « cesser les exportations d’armes » utilisées par Israël au Liban et à Gaza, qu’Emmanuel Macron et Benyamin Netanyahou se sont entretenus par téléphone mardi dans la soirée. L’occasion, pour le président français, de condamner une fois de plus des « frappes indiscriminées israéliennes qui ne font qu’alourdir un bilan humain déjà insupportable, à Gaza comme au Liban », selon un communiqué diffusé dans la nuit de mardi à ce mercredi par l’Elysée, qui ne mentionne pas les passages critiqués par le Premier ministre.
Le chef de l’Etat a aussi, lors de cet entretien, rappelé la détermination de la France à éviter un embrasement au Proche-Orient. Il a « condamné les attaques du Hezbollah contre le territoire israélien » et réitéré « l’engagement de la France pour la sécurité d’Israël », selon le communiqué.
Benyamin Netanyahou toujours opposé à un cessez-le-feu unilatéral
Emmanuel Macron a redit à Benyamin Netanyahou « la nécessité absolue de conclure un cessez-le-feu sans plus attendre au Liban » et a rappelé qu’un cessez-le-feu à Gaza « devait être conclu au plus vite ». Une demande à laquelle le Premier ministre a répondu par une fin de non-recevoir. Selon les médias israéliens, Benyamin Netanyahou a ainsi réaffirmé qu’il s’opposait à un cessez-le-feu unilatéral, qui ne changerait pas la situation sécuritaire au Liban.
Et de préciser qu’Israël n’accepterait aucun accord qui n’empêcherait pas le Hezbollah de se réarmer et de se regrouper. « Israël se bat contre l’organisation terroriste du Hezbollah afin qu’elle ne menace plus ses citoyens à la frontière nord et afin que les résidents du Nord puissent rentrer chez eux en toute sécurité », a déclaré le Benyamin Netanyahou à son interlocuteur, selon le compte rendu de cet entretien diffusé par Israël.
Lors de cet entretien, toujours selon la même source, l’Israélien s’est étonné de la conférence internationale de soutien au Liban qui se tiendra, à l’initiative de la France, le 24 octobre à Paris. Un événement auquel participeront l’Afrique du Sud et l’Algérie, « deux pays qui sont les ennemis diplomatiques les plus acharnés d’Israël », selon les termes utilisés par Benyamin Netanyahou.
Par Claude Fouquet