Après l’attaque iranienne contre Israël qui a tué 7 personnes et blessé 17 à Yafo, c’est tout un symbole de vouloir « boire la mer à Yafo ».
Va boire la mer à Yafo… Je pensais à cela hier soir, alors qu’il y a eu une attaque iranienne contre Israël, et aussi un attentat où deux terroristes ont tué 7 personnes et en ont blessé 17 à Yafo. C’est tout un symbole de vouloir « boire la mer à Yafo ». Boire la mer à Yafo, car jusqu’ici l’expression était « va boire la mer à Gaza », ce qui signifie « va au diable ». C’est le titre qu’a choisi Amira Haas, journaliste propalestinienne très à gauche, pour son livre publié dans Haaretz. Gaza est un enfer, mais jusqu’à récemment, Yafo, ville adjacente à Tel Aviv, était l’un des rares lieux en Israël où Juifs et musulmans coexistaient.
Cette coexistence reste fragile, en raison de la situation politique, mais aussi de la forte gentrification du lieu. Tel Aviv est plus chère que Paris, et cela se répercute évidemment sur Yafo. Pourtant, Yafo a été l’un des endroits les plus paisibles, célèbre pour ses merveilleux restaurants arabes sur le vieux port, où l’on sert du poisson grillé et de la kemia — des assortiments d’entrées — dans des ruelles qui ont survécu à tout, depuis les premiers chrétiens jusqu’aux derniers croisés. Yafo est une ville louée déjà dans la Bible, chargée d’histoire et de mémoire.
Avant la création de l’État d’Israël en 1948, environ 850 000 Juifs vivaient dans des pays arabes : ils étaient 150 000 en Irak, 80 000 en Égypte. Aujourd’hui, il doit en rester environ 3 000, principalement au Maroc et en Tunisie, et je n’aimerais pas être un Juif tunisien aujourd’hui. Puisse un jour la folie des hommes s’effacer pour permettre à nouveau aux Juifs et aux Arabes — et surtout aux Judéo-Arabes — de vivre en paix à Yafo.
Guillaume Erner