Quelle pourrait être la riposte du Hezbollah après les deux derniers jours?

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Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, doit s’exprimer jeudi, après l’explosion simultanée à travers le Liban de bipeurs utilisés par ses membres mardi.

Le Hezbollah a promis de continuer le combat. Hassan Nasrallah, chef du mouvement islamiste libanais, doit s’exprimer ce jeudi après l’explosion simultanée à travers le Liban de bipeurs utilisés par ses membres mardi. Va-t-il annoncer une riposte de grande ampleur contre Israël, accusé d’être « entièrement responsable » de cette attaque qui a fait au moins douze morts, dont deux enfants, et près de 2 800 blessés ?

« Cet ennemi criminel et traître recevra certainement une punition équitable pour cette attaque pécheresse, à la fois de manière attendue et inattendue », a déjà prévenu l’organisation pro-iranienne et alliée du Hamas palestinien. Et pour cause : « Viser une centaine de cadres, ouvrir une brèche dans le système de sécurité du Hezbollah, c’est un tournant dans ce conflit, explique Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève (CERMAM). Le mouvement ne peut pas rester sans répondre. Son image et sa crédibilité sont en jeu. »

Cependant, assurer qu’Israël recevra « son juste châtiment » est plutôt « une perspective rhétorique pour garder la face », commente Joseph Daher, chercheur et auteur du livre « Le Hezbollah : un fondamentalisme religieux à l’épreuve du néolibéralisme ». « Pour sa base populaire, le Hezbollah tente de maintenir une image d’un parti entretenant une certaine forme de résistance et dissuasion contre Israël. Mais je ne pense pas qu’il faut attendre une riposte massive, plutôt une réponse calculée et modérée », indique-t-il.

Choc, crise de confiance et calculs politiques

Une temporisation qui s’explique par plusieurs facteurs. « Le Hezbollah est sonné, pose Sébastien Boussois, chercheur en relations internationales spécialiste du Moyen-Orient. Il y a un véritable sentiment d’humiliation et une violation terrible d’un de leurs outils de communication. »

Cette attaque aux bipeurs s’ajoute aux assassinats ciblés survenus durant l’été, parmi lesquels celui de Fouad Chokr à Beyrouth en juillet. « Il y a une désorganisation complète de la toile cybernétique du Hezbollah. Il lui faudra un temps pour se remettre du nombre de blessés et du choc psychologique », ajoute l’expert.

Pour le mouvement pro-iranien, le calcul politique reste le même depuis le début du conflit qui l’oppose à l’État hébreu, et le but reste d’éviter une guerre totale. « Le Hezbollah ne veut pas perdre son assise populaire et être le responsable d’une déflagration qui va coûter cher au Liban », analyse Hasni Abidi.

Il s’agit aussi pour l’organisation de limiter « la crise de confiance » avec la population libanaise et particulièrement ses soutiens, analyse Joseph Daher. « L’attaque a touché des soldats dans leur vie civile, au milieu de populations civiles, à travers le pays, décrypte-t-il. Les gens vont se méfier d’une trop grande proximité avec les membres du Hezbollah par crainte de devenir des cibles. »

« Patience stratégique »

Après cette attaque, qualifiée par l’ONU « d’escalade extrêmement inquiétante », les regards se tournent aussi vers Téhéran, qui a dénoncé une « tuerie de masse ». Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a estimé que les explosions devraient faire « honte » aux pays occidentaux, notamment aux États-Unis, alliés d’Israël. Signe de la proximité entre le pays et son proxy, l’ambassadeur iranien à Beyrouth, Mojtaba Amani, a lui-même été blessé dans l’attaque.

Malgré ces déclarations, Hasni Abidi mise sur une « patience stratégique » de la part du régime des mollahs. « L’Iran n’est pas pressée de répondre, elle a deux objectifs : sécuriser son programme nucléaire et épargner son territoire de toute nouvelle attaque israélienne », explique le chercheur.

Mais aucun scénario, y compris celui du pire, ne peut être écarté. L’opération au Liban intervient alors que Benyamin Netanyahou a annoncé lundi sa décision d’étendre les objectifs de la guerre jusqu’à la frontière israélo-libanaise, afin de permettre le retour des déplacés dans le nord d’Israël. « Une ligne rouge » pour le Hezbollah, assure Hasni Abidi, auteur du livre « Le Moyen-Orient selon Joe Biden » (édition Érick Bonnier).

Et d’ajouter : « S’il y a une incursion terrestre ou un positionnement militaire de Tsahal dans le nord d’Israël et l’établissement d’une zone tampon à la frontière, alors il sera difficile pour le Hezbollah de ne pas réagir et ne pas intensifier ses attaques. »

Avec leparisien

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