Il célèbre les vingt-cinq ans du jeu « Qui veut gagner des millions ? », vient de créer un nouveau concept d’émission « 10 sur 10, tu te mets combien » bientôt sur TF1, et il fête ses trente ans de carrière.
L’animateur et producteur de télé fête ses trente ans de télé et ressuscite pour l’occasion une émission culte de la télé : « Qui veut gagner des millions ». Présenté pendant longtemps par Jean-Pierre Foucault, le jeu a 25 ans. Arthur va proposer deux soirées spéciales de « Qui veut gagner des millions », émissions qu’il a tournées au Dôme de Paris, devant un public de 2 500 personnes, avec des personnalités comme Florence Foresti, Laurent Ruquier et Paul Mirabel, en faveur d’une association : « Un jeu iconique, dit-il, qui sait mettre les candidats dans une espèce d’angoisse et de stress qui fait que même une question hyper facile devient compliquée à gérer d’un point de vue émotionnel. Cela me rappelle combien j’ai toujours aimé être l’animateur que l’on aime détester. J’aime bien l’idée de faire partie des derniers des Mohicans de la télévision ».
Pourquoi la télévision recycle-t-elle toujours d’anciens concepts au lieu d’en créer de nouveaux ? « Depuis cinquante ans, ce sont les mêmes recettes qui se réactualisent et qui se remettent au goût du jour. « The Voice », c’est la version moderne des télé-crochets d’il y a quarante ans. À part la téléréalité, qui était une vraie nouveauté à la télévision, tout ce que vous voyez a déjà existé. Le fait qu’il y ait un revival en ce moment de ces jeux cultes, c’est aussi parce qu’il y a peut-être une nostalgie. Le public aime la nouveauté, mais c’est très difficile à imposer parce qu’il y a énormément de propositions. Entre les centaines de chaînes de télé et les plateformes, c’est compliqué de faire émerger quelque chose. »
« Pour réussir, il faut avant tout être soi-même »
Né à Casablanca, originaire d’une famille juive marocaine, il grandit à Massy en banlieue parisienne, avant de tomber dans le bain des radios libres quand François Mitterrand légalise la bande FM. Il commence à Radio Massy Paris : un terrain de jeu extraordinaire et un moyen de combler un besoin de reconnaissance. C’est avant qu’il devienne le producteur français qui vend le plus de concepts au monde entier, repris partout dans le monde.
Celui qui, à ses débuts, s’autoproclamait « l’animateur le plus con de la bande FM » sur Fun Radio, se souvient : » À l’époque, il n’y avait que la radio. La télé, ce n’était que trois chaînes, avec déjà des gens brillants comme Les Nuls, des provocateurs comme Ardisson, il y avait Dechavanne… Il y avait un vent de fraîcheur dans la déconne dans lequel je me suis glissé par la radio. Je ne suis pas de ceux qui disent que c’était mieux avant, c’était différent, et je m’y suis beaucoup amusé pendant vingt ans. »
Il confie être « beaucoup plus addict à la radio qu’à la télé ». « C’est une drogue. J’ai arrêté depuis dix ans et à chaque fois que je suis devant un micro, c’est comme si je prenais une espèce de shoot d’adrénaline, de relation avec l’auditeur, parce qu’il y a une authenticité qu’il n’y a pas à la télé. La radio a su se passer des images et faire travailler différemment l’imaginaire. Chacun est dans son univers, et c’est ce qui fait qu’il y a une relation particulière avec l’auditeur qu’on n’a pas avec le téléspectateur. Aujourd’hui, je me dis même pourquoi pas revenir un jour à la radio. »
« Ce qui se passe en ce moment est terrible, ce n’est pas funky d’être juif dans ce pays »
Face à la montée de l’antisémitisme après la tragédie du 7 octobre 2023, Arthur sort de sa neutralité habituelle pour prendre position sur les réseaux sociaux au regard de la gravité de la situation : « C’était plus fort que moi, parce que le danger était imminent. J’ai senti arriver cette montée terrible de l’antisémitisme. Je dois vous dire que moi-même, parfois, je me suis surpris à prendre position. C’est aussi peut-être parce que j’ai 58 ans, que je n’ai plus rien à prouver dans mon métier et que je suis arrivé à un moment de ma vie où, quand je me lève le matin et que je me regarde dans le miroir, je veux être la vraie bonne personne. Mais je ne m’exprime pas uniquement sur ce sujet-là, je me suis aussi exprimé sur l’Arménie, sur l’Afghanistan, sur les femmes en Iran… »
Réagissant à la tribune de Michel Hazanavicius dans Le Monde, Arthur déplore le silence de la communauté juive face à la montée de l’antisémitisme. Il encourage une prise de parole courageuse, malgré la peur et l’angoisse, soulignant sa propre volonté de s’engager auprès de ses millions d’abonnés sur les réseaux sociaux : « J’ai trouvé cette tribune admirable. C’est vrai qu’aujourd’hui, il y a peu de personnalités de la communauté juive qui s’expriment, ce qui fait qu’on a l’impression qu’il n’y a pas de parole pour défendre la communauté. Chacun est libre de faire ce qu’il veut, mais la peur domine. Beaucoup sont terrorisés à l’idée de prendre position. Il faut dire qu’en ce moment, ce qui se passe est terrible, ce n’est pas funky d’être juif dans ce pays. Sans se victimiser, il faut qu’on se défende, qu’on réponde. Aujourd’hui, vous avez des partis politiques qui ont pignon sur rue, qui déferlent leur antisémitisme au quotidien.
On ne peut pas laisser faire, il faut répondre.«