L’eurodéputé LR François-Xavier Bellamy a annoncé porter plainte contre Rima Hassan pour «menaces de mort». L’essayiste et journaliste Noémie Halioua dénonce «l’indulgence coupable» dont Rima Hassan bénéficie de la part d’une partie de la classe politique.
Rima Hassan se croit-elle à Gaza ou à Damas, où l’on menace ses opposants politiques pour les faire taire ? Sa nouvelle cible : le député européen François-Xavier Bellamy, dernier parlementaire à défendre une forme de droiture dans le champ politique, qui s’est illustré en mai dernier en allant confronter les petits bourgeois à cheveux bleus qui bloquaient l’entrée de Sciences Po Paris. Alors que la Franco syrienne ne cache pas sa complaisance vis-à-vis des factions islamistes palestiniennes, qui lui valut d’être convoquée par la police pour «apologie du terrorisme», l’eurodéputé LR eut l’initiative d’alerter ses collègues sur le pedigree de Rima Hassan, alors qu’elle s’apprêtait à vice-présider la commission des droits de l’homme. Une fois de plus, l’hémicycle européen risquait de servir de marchepied des réseaux d’influence et d’ingérence tissés par des État étrangers, à la lumière du «Qatargate», qui a éclaboussé le parlement en 2022.
Que veut-elle dire par là ? Qu’est-ce qui viendrait empêcher François-Xavier Bellamy de «dormir la nuit» ? Une expédition punitive de son service d’ordre, dont le Canard enchaîné relevait que huit de ses membres ont été mis en examen pour «violences volontaires en raison de la race, de l’ethnie, de la nation ou de la religion», suspectés d’avoir agressé un juif de quinze ans dans le métro parisien ? Cette intimidation trahit une violence larvée, cette brutalité qui prospère sur la faiblesse des régimes démocratiques.
Le plus dérangeant ici n’étant pas l’incommensurable rage dont Hassan témoigne régulièrement et qui n’engage qu’elle, mais l’indulgence coupable dont elle bénéficie de la part d’une partie de la classe politique. La France insoumise qui l’a fait élire n’a jamais caché sa fureur anti-israélienne et sa soif électoraliste, mais le reste de la gauche, qui s’est liée à elle à travers l’alliance du Nouveau Front populaire, continue de se cantonner au silence et de fermer les yeux sur ces comportements dangereux et indignes, dans l’espoir sans doute qu’elle cesse, comme par enchantement, de gesticuler et d’inciter à la haine de ses congénères. La social-démocratie démissionne face à la radicalité de l’élue insoumise à laquelle elle s’est liée, qui, elle, n’éprouve pas la moindre pudeur de gazelle à jeter de l’huile sur le feu.
En juin dernier, Hassan accusait encore l’État hébreu sans le moindre début de preuve sur X : «Israël a des chiens entraînés pour violer des Palestiniens dans les centres de détention», armant idéologiquement la haine anti-israélienne et anti-juive qui explose dans notre pays depuis le 7 octobre. Des propos épinglés comme des fausses nouvelles par le site Conspiracy Watch, spécialisé dans la dénonciation des théories complotistes, antisémites ou négationnistes. Désormais, la liste des cibles d’Hassan s’allonge chaque jour davantage et son comportement irascible devient, aux yeux de tous, évident et incontrôlable.
Il y a quelques semaines encore, lorsque le journaliste Darius Rochebin sur TF1 eut l’outrecuidance d’interviewer le premier ministre Benjamin Netanyahou, comme il le fait avec nombre de dirigeants internationaux, elle appela publiquement, sur X, les techniciens de la chaîne à «saboter l’émission», à détruire les câbles pour empêcher sa diffusion. Hélas, l’organisation Reporters Sans Frontières ne s’était pas mobilisée pour dénoncer ces manœuvres et défendre le droit fondamental à l’information, il s’agissait pourtant d’un comportement digne de ces dictatures où l’on empêche les journalistes d’exercer leur métier, où l’on restreint les libertés dès lors qu’elles déplaisent, où la corruption prospère pour mieux faire régner la loi du plus fort.
Il faut le dire, Rima Hassan bénéficie aussi du privilège de la féminité, qui veut qu’on imagine mal le diable avec des épaules frêles et du vernis à ongles. La radicalité semble toujours ténue lorsqu’elle s’incarne dans une femme, raison pour laquelle on lui pardonne plus facilement – contrairement à ce que claironnent les néoféministes, nous ne sommes pas systématiquement des victimes et il existe certains privilèges à ne pas posséder d’attributs masculins entre les jambes. La radicalité féminine bénéficie d’une certaine complaisance et cela explique aussi que certains pardonnent si facilement à Rima Hassan ses propos outranciers, ses menaces récurrentes, ses intimidations ordurières dignes des petites frappes qui font régner dans les rues la violence ordinaire. Il demeure pourtant une nécessité de prendre au sérieux la menace que ses comportements constituent. Dans son intégralité, la classe politique devrait faire bloc derrière François-Xavier Bellamy et barrage à Rima Hassan.
Noémie Halioua est journaliste. Elle a coécrit Le Nouvel Antisémitisme en France (éd. Albin Michel, 2018), écrit L’affaire Sarah Halimi (éd. du Cerf, 2018) et Les uns contre les autres – Sarcelles, du vivre-ensemble au vivre séparé (éd. du Cerf). Son dernier essai : La terreur jusque sous nos draps (éd. Plon, 2024).