Intel a suspendu les travaux d’agrandissement d’une usine de production de microprocesseurs en Israël, qui devait constituer le plus gros investissement étranger jamais réalisé dans ce pays.
Le coup ne pouvait pas plus mal tomber pour Israël alors que le pays est en guerre. Intel a annoncé cette semaine la suspension des travaux d’agrandissement d’une usine de production de microprocesseurs à Kiryat Gat dans le sud d’Israël, une ville située à une trentaine de kilomètres de la bande de Gaza. Cette décision porte sur un investissement supplémentaire de 15 milliards de dollars, ce qui devait porter le coût total de l’opération à 25 milliards de dollars pour ce site.
L’an dernier, Benyamin Netanyahou, le Premier ministre, s’était félicité de cette manne en soulignant qu’il s’agissait du plus important investissement jamais réalisé par une entreprise étrangère en Israël, qui se présente volontiers comme la « start-up nation » par excellence. L’opération avait été jugée à ce point stratégique que l’Etat s’était fendu d’une subvention elle aussi sans précédent, de 3,2 milliards de dollars.
Premier employeur
Cette générosité s’explique par l’importance du groupe américain présent en Israël depuis un demi-siècle. C’est le premier employeur du secteur de la high-tech israélienne avec 12.000 employés. Intel dispose de trois centres de recherche et développement. Le groupe s’était également engagé à effectuer des achats d’un montant de 16,6 milliards de dollars sur une décennie auprès de fournisseurs israéliens de matériel, d’équipements et de services. La nouvelle usine devait lancer sa production en 2028 pour l’arrêter en 2035.
Dans un premier temps, Intel est resté plutôt discret sur les raisons de sa décision de reporter l’opération à Kiryat Gat. Le groupe s’est voulu rassurant, mais sans entrer dans les détails. « Intel continue à considérer Israël comme un de ses principaux sites pour la production et la recherche et le développement. Nous restons totalement engagés dans cette région », a assuré Intel dans un communiqué en soulignant que les décisions sont prises en fonction des critères économiques et des « dynamiques du marché ».
En d’autres termes, le report de la construction dans l’usine israélienne n’aurait rien à voir avec la poursuite de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée le 7 octobre par des massacres commis par le Hamas dans le sud d’Israël.
« Pays résilient »
A ce propos, en décembre, alors que la guerre faisait rage, le PDG d’Intel, Pat Gelsinger, avait, lors d’une interview à Fox News, rendu hommage à Israël qu’il avait qualifié de « pays le plus résilient du monde ». « Malgré la mobilisation de 17 % de nos salariés comme réservistes, Intel Israël a respecté tous ses engagements envers nos clients », s’était-il félicité. Pour sa part, « Calcalist », un quotidien économique israélien, avance l’hypothèse que la décision d’Intel est surtout due à des problèmes liés à de très lourds financements d’investissements du groupe dans le monde.
Le journal souligne notamment qu’Israël n’est pas seul à avoir été impacté. Des projets d’agrandissement d’usines de production en Irlande et en Arizona ont également été reportés, de même qu’un projet d’ouverture d’une unité en Allemagne. De son côté, le ministère israélien des Finances se refuse à dramatiser et affirme que les subventions publiques promises ne sont pas remises en cause.
Par Pascal Brunel