La cérémonie de remise des diplômes de l’ESSEC perturbée par une action pour la Palestine

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La tension était vive samedi soir, lors de la remise des diplômes de la prestigieuse école de commerce, alors qu’une étudiante s’est longuement invitée sur l’estrade avec un drapeau palestinien sans que les organisateurs interviennent.

Traditionnellement empreinte de solennité et d’esprit de fête, la soirée annuelle de remise des diplômes de la Grande École de l’ESSEC a été marquée par de vives tensions ce samedi soir 1er juin. Cette cérémonie du «Commencement Day» qui se tenait salle Pleyel à Paris est devenue le théâtre improvisé d’une manifestation de soutien à la Palestine, que la direction de la prestigieuse école de commerce a choisi d’ignorer, sans interrompre le cours de la soirée, mais sans non plus évacuer la fauteuse de troubles.

Un parent d’élève présent lors de la cérémonie samedi soir, et qui a assisté à ce «happening» depuis le public de la salle, a retracé auprès du Figaro le récit des événements. Selon lui, à l’arrivée des élèves et de leurs proches vers 18h 30, un petit groupe d’étudiants de l’ESSEC distribuait dans la rue des tracts de soutien aux Palestiniens et à Gaza. Parmi eux se trouvait Charlotte Caillat, une étudiante de l’ESSEC déjà connue pour son action militante au sein de l’école. Elle avait notamment créé en 2021 le collectif «Les Méduses», pour combattre les violences sexistes et sexuelles dans les grandes écoles et en particulier au sein de l’ESSEC, et avait pris la parole dans les médias à cette occasion pour dénoncer le manque d’engagement de la direction de l’école sur ces sujets.

«C’était évident qu’ils préparaient une action, on le devinait à leur attitude» ajoute le parent d’élève, qui s’étonne que la jeune activiste ait pu passer les contrôles de sécurité à l’entrée de la salle en dissimulant un drapeau palestinien dans son sac, alors que celui-ci a fait théoriquement l’objet d’un contrôle visuel de la part des agents.

Alors que la scénographie de la cérémonie se met en place, les étudiants de grande école sont appelés nominativement sur scène pour recevoir le précieux diplôme et saluer les enseignants et directeurs réunis en haie d’honneur au centre de l’estrade. Au bout d’un temps, Charlotte Caillat qui avait reçu son diplôme sans perturber la soirée, puis était retournée dans le public, a cette fois fait irruption sur scène sans y être conviée en arborant un drapeau de la Palestine déployé à la façon d’une cape le long de sa robe de gala.

«Elle est restée pendant plus d’une demi-heure»

«Elle s’est mise au centre et a essayé de prendre un micro pour parler à la salle, mais le son lui a été coupé avant qu’elle en ait le temps», raconte le parent d’élève. «Pendant que tout le monde regardait avec stupéfaction ce qu’elle faisait, un membre de la direction s’est approché d’elle pour essayer de parlementer, mais elle menaçait de faire un scandale si elle était évacuée. Finalement, elle s’est tournée, dos à la salle, et elle est restée pendant plus d’une demi-heure debout au centre de la scène avec son drapeau palestinien, pendant que la soirée continuait comme si de rien n’était».

L’intervention de cette activiste a néanmoins suscité un concert d’indignations dans le public, qui a copieusement sifflé la manifestante. Sur une vidéo relayée sur Twitter par le militant engagé contre l’antisémitisme, Jérémy Benhaïm, on entend distinctement des personnes du public scander «Dehors !», bien que selon le parent d’élève interrogé par Le Figaro, même si «la majorité des gens réclamaient l’évacuation» de la militante, quelques réactions favorables ont également été entendues.

Plusieurs familles ont choisi de quitter la salle en protestation contre le message politique véhiculé. «Elle a gâché la fête !» estime le parent d’élève. «C’était humiliant pour tout le monde, et c’est scandaleux que la direction de l’ESSEC l’ait laissée arborer son drapeau sur scène sans rien dire, toute la soirée qui laisse d’habitude des souvenirs mémorables aux étudiants restera entachée par son action»«200 étudiants verront cette manifestante sur leur photo de remise de diplôme, alors qu’ils n’ont rien demandé» déplore de son côté un autre parent d’élève.

«Nous lui avons demandé de quitter la scène sans lui donner la parole, car une manifestation politique n’avait pas sa place lors de cette célébration ; elle a refusé et est restée sur scène, détaille de son côté la direction de l’établissement. À ce stade, notre priorité absolue était d’assurer la sécurité de tous les participants et de permettre à la cérémonie de se dérouler jusqu’à son terme malgré les circonstances.»

L’ESSEC assume donc le choix qui a été fait de laisser la manifestante sur scène, afin d’éviter toute «escalade» : «Nous avons choisi de ne pas intervenir physiquement à l’encontre de cette jeune diplômée afin de minimiser le risque d’escalade vers une confrontation violente et une interruption définitive de la cérémonie».

Charlotte Caillat n’a pour l’heure pas répondu aux sollicitations du Figaro.