Une vidéo attribue à tort des propos ouvertement racistes à la présidente des Jeunes socialistes. En mettant en avant qu’elle est la nièce d’Olivier Rafowicz, porte-parole de Tsahal.
«Il faut qu’on fasse un génocide et qu’on récupère nos terres.» Dans une séquence d’un peu plus d’une minute circulant sur TikTok et Twitter, on entend une femme tenir des propos racistes et d’une grande violence, appelant au «génocide» de la population de la bande de Gaza. «Les Gazaouis de merde […] c’est pas des humains», lance-t-elle également. Sur les réseaux sociaux, le sonore a été partagé par plusieurs internautes, accompagné d’un visuel attribuant ces propos à Emma Rafowicz, présidente des Jeunes socialistes et candidate sur la liste du PS aux européennes.
La vidéo a notamment été partagée par un compte TikTok pro-palestinien (qui diffuse aussi bien des propos du polémiste antisémite Alain Soral que des vidéos de soutien à La France insoumise pour les européennes, des séquences de Nicolas Dupont-Aignan ou encore ou des contenus pro-Poutine) ce samedi 1er juin, sans qu’il soit possible d’établir s’il en est l’auteur ou non. Sa seule publication a été vue plus de 200 000 fois. Depuis, la vidéo a été reprise par des dizaines d’autres comptes TikTok. Et depuis quelques heures, on la retrouve également sur Instagram et Twitter.
Emma rafowicz maire du 11 ème arrondissement de Paris nièce de olivier rafowicz porte parole de Tsahal qui crache sa haine dans une république française quelle est censé représenté la preuve qu’on est gouverné par des sionistes #lafrance 🏴☠️🏴☠️ pic.twitter.com/iZ0uAJXiD5
— Wawa (@Midi_babeloued) June 2, 2024
Le visuel (qui présente à tort Emma Rafowicz comme «troisième sur la liste PS» alors qu’elle se trouve au huitième rang) met également en avant le fait que la socialiste est la nièce d’Olivier Rafowicz, porte-parole francophone de l’armée israélienne, Tsahal.
Mais le sonore n’a absolument rien à voir avec Emma Rafowicz. La femme que l’on entend tenir des propos génocidaires est en fait une utilisatrice de X (anciennement Twitter), inscrite sous le nom Tsipora, lors d’un «space» (un espace d’échange vocal organisé sur ce réseau social). Comme le racontait CheckNews, cette utilisatrice, qui se décrit comme sioniste et «mère de deux enfants», intervenait régulièrement dans des «spaces» ouvertement islamophobes et violemment racistes. Certains de ces espaces de discussion avaient d’ailleurs été sous le feu des projecteurs ces dernières semaines, à l’occasion de la participation de l’influenceuse identitaire Mila à l’un d’eux.
TW : propos sionistes inhumain
J’ai rarement entendu aussi violent. Que certains continuent à ne pas condamner un génocide mais retenez que ne pas se positionner c’est être du côté de l’oppresseur et du génocidaire et ça, ON S’EN SOUVIENDRA pic.twitter.com/mW8C7iGv7y
— ميت🌑🇩🇿 (@MecDesir) May 14, 2024
A noter que contrairement à ce que sous-entend la fausse vidéo diffusée sur TikTok, Emma Rafowicz ne partage pas la ligne de son oncle. La candidate PS a ainsi dénoncé à plusieurs reprises les «crimes de guerre» commis par l’armée israélienne à Gaza, ainsi que la «guerre aveugle» menée par le gouvernement d’extrême droite de Nétanyahou.
Comme le racontait Libération en mars dernier, Emma Rafowicz subit depuis le 7 octobre des attaques et des menaces, en raison de ses origines juives et du poste de son oncle. Selon elle, des sympathisants de La France insoumise participent au harcèlement antisémite qu’elle dénonce. «Certains prennent le prétexte de mon oncle alors que j’ai toujours été claire : je dénonce le massacre à Gaza et la politique de Nétanyahou, je suis pour un cessez-le-feu immédiat et une solution à deux Etats. Mon oncle a fait ses choix de vie, j’ai fait les miens. En dehors des liens du sang et d’un nom de famille, nous ne partageons ni les mêmes convictions ni le même pays», avait-elle alors indiqué.
Contactée par CheckNews, la candidate PS se dit aujourd’hui «très choquée» par le faux sonore qui lui est attribué : «C’est un autre stade, avec de la désinformation virale cette fois-ci. C’est la première fois que je suis confrontée à ça, avec des vidéos qui font plusieurs centaines de milliers de vues. J’ai transmis ces éléments à mon avocate. Cela pose un problème démocratique évident.»
par Vincent Coquaz