Ce dimanche 7 avril ont été commémorés les 80 ans de la rafle et la déportation des 44 enfants juifs et de leurs accompagnateurs de la colonie d’Izieu, dans l’Ain, en présence d’Emmanuel Macron. L’occasion pour une lycéenne qui a grandi en Roannais d’interpeller le président sur son absence à la marche contre l’antisémitisme organisée en novembre dernier à Paris.
« C’était le bon endroit pour le faire, dans ce lieu de commémoration. Le lien était évident ». Juliann, 16 ans, a saisi l’occasion ce dimanche. La lycéenne, qui a grandi en Roannais et qui réside aujourd’hui en banlieue lyonnaise, participait avec un mouvement de jeunesse à la cérémonie d’hommage organisée à Izieu. « C’est un devoir de mémoire. Avec mes amis, nous y sommes allés symboliquement à 44, en écho au nombre d’enfants qui ont été déportés », replace cette élève de seconde.
Une adolescente marquée par cette page douloureuse de l’histoire de France. « Depuis toute petite, mon grand-père (investi dans l’Association culturelle israélite de Roanne, N.D.L.R.) m’a raconté la Seconde Guerre mondiale, ce moment très compliqué et douloureux de l’histoire ». La jeune fille, de communauté juive, enchaîne les lectures, pour comprendre, elle qui indique avoir « souvent été confrontée à des remarques antisémites ». « Je suis aussi énormément touchée par ce qui se passe entre Israël et Gaza, c’est un conflit très compliqué et qui a des répercussions dans le monde entier ».
« Face à la montée de l’antisémitisme, il faut être intraitable »
Aussi, la jeune fille dit ne pas avoir compris l’absence du président de la République lors de la marche contre l’antisémitisme organisée en novembre dernier à Paris. Un positionnement qui avait alors suscité le débat.
« Quand, ce dimanche, j’ai vu qu’Emmanuel Macron se rapprochait de nous pour nous saluer, je l’ai interrogé là-dessus, je ne m’y attendais pas forcément. Lui non plus d’ailleurs, car il m’a semblé un peu surpris. Et il m’a répondu assez longuement ». Un président qui a rappelé l’importance de « la transmission à la jeunesse ». « À ce moment-là, je pensais que mon rôle, en tant que responsable politique, n’était pas de participer à une marche, mais de tenir la nation, faire en sorte aussi qu’il n’y ait pas de division », lui a répondu le président. « […] À côté de cela, face à la montée de l’antisémitisme, il faut être intraitable. Mon rôle est par exemple de faire passer des circulaires », a-t-il rajouté.
À son niveau, la jeune Juliann participe à ce devoir de mémoire à travers ses lectures, les conférences qu’elle suit, en partageant aussi ses connaissances au sein de son mouvement de jeunesse, pour la plus grande fierté de ses proches. « Face aux attaques antisémites, j’ai toujours dit à mes filles : ne vous battez pas avec la colère ou, pire, avec des poings, essayé de vous battre avec des faits », glisse sa maman, pour qui « transmettre l’histoire, c’est le meilleur moyen d’éviter que le pire ne se reproduise ».