Une voie verte du 10e arrondissement de Marseille porte désormais le nom de Mireille Knoll, une femme de 85 ans tuée le 23 mars 2018 lors d’un crime antisémite. Ce jeudi 28 mars, une cérémonie a permis aux Marseillais de lui rendre hommage, en présence de ses proches.
Un nom pour se souvenir. Six ans après le tragique meurtre de Mireille Knoll, perpétré dans son appartement du 11e arrondissement de Paris, une voie verte a été baptisée en sa mémoire jeudi matin près du lycée Jean-Perrin, situé dans le 10e arrondissement de Marseille.
Les élus locaux, les représentants du quartier et de la communauté juive étaient présents lors de la cérémonie. Cependant, la présence d’Allan et Daniel, les deux fils de Mireille Knoll, a ajouté une dimension particulière à l’événement. Allan Knoll, très ému, a déclaré : « Vous savez, quand votre mère est assassinée de la manière dont elle l’a été, c’est difficile. Mais nous sommes là pour elle, mais aussi pour toutes les victimes. » Le fait que Marseille accueille une rue portant le nom de leur mère dépasse largement son simple cas : « Cette ville cosmopolite a accueilli des émigrés à toutes les époques. Les parents de ma mère étaient émigrés ukrainiens donc ça nous touche que cette ville magnifique accueille son nom« , confie Daniel Knoll, son second fils.
Dans les paroles prononcées, un souffle de respect a enveloppé non seulement la famille de Mireille Knoll dans sa tragédie, mais aussi toutes les victimes du terrorisme et de la haine. Comme le rappelle Daniel, « mes grands-parents, juifs ukrainiens, ont fui les pogroms de 1903 et ma mère a échappé à la rafle du Vel’ d’Hiv’. Donc cette haine, nous la connaissons bien« . Il poursuit : « Juifs, musulmans, chrétiens, athées… nous sommes tous les juifs de quelqu’un. Je pense au père Hamel, aux soldats musulmans morts à Toulouse, aux victimes du Bataclan… Tous sont dans les mémoires et ont été victimes de la haine. Comble de l’horreur, elle a été tuée le même jour que le colonel Arnaud Beltrame. » Une cérémonie qui résonne avec l’actualité anxiogène : le conflit au Proche-Orient et le passage au niveau urgence attentat du plan Vigipirate.
Pour les représentants de la communauté nationale, la lutte contre l’antisémitisme est un engagement quotidien. « Dans ces périodes troublées, il est essentiel de rester engagé. La vie est le bien le plus précieux et c’est un combat de tous les instants. Et ce lieu incarnera les cœurs vaillants comme celui de Mireille Knoll« , déclare le député Lionel Royer-Perreaut, évoquant Albert Camus. Seul regret exprimé par les deux fils de la disparue : « Il aurait été souhaitable d’ajouter un narratif, ’Assassinée parce que juive’. » La cérémonie, ponctuée de chants yiddish, s’est conclue sur les notes de Ma France de Jean Ferrat, louant un pays où « cet air de liberté se répand au-delà des frontières« .
Par La Provence Paul Dubois