La municipalité justifie son choix «au regard de la situation humanitaire dramatique à Gaza». Les signes de soutien au peuple palestinien se multiplient dans la ville depuis quelques semaines.
Les Nantais connaissent déjà ce grand escalier multicolore, aux couleurs LGBT, peint il y a cinq ans avec les encouragements de la mairie. Depuis quelques semaines, ils cohabitent avec deux autres escaliers customisés aux couleurs de la Palestine. Les premières marches aux tons noir, vert, blanc et rouge ont été recouvertes rue Didienne il y a environ un mois, dans une ruelle reculée du centre. «On l’a découvert un lundi matin, en rentrant de week-end», confie une employée d’une boutique voisine, sans avoir la moindre d’idée des auteurs. Cet acte, relayé par le média de gauche radical Contre-Attaque (ex-Nantes Révoltée) le 15 février sur ses réseaux, a fait réagir de nombreux internautes. Le 8 mars, le même compte a révélé un autre escalier de soutien à la Palestine, au niveau de la butte Sainte-Anne, offrant un panorama sur la Loire.
«Le préfet de la Loire-Atlantique, tout comme la maire de Nantes, doivent faire part de leur condamnation ferme. Mais la maire, tenue par ses adjoints et un électorat d’extrême gauche, ne fera rien, bien sûr…» a réagi dans la foulée le Rassemblement national de Loire-Atlantique. Sollicitée, la mairie de Nantes nous a indiqué ce mercredi «qu’au regard de la situation humanitaire dramatique à Gaza , nous avons décidé de ne pas faire nettoyer à ce stade les marches de l’escalier de la Butte Sainte-Anne». Contrairement à d’autres municipalités telles que Marseille.
Bientôt un vœu au conseil municipal ?
Cette situation humanitaire est également régulièrement dénoncée par l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS) 44, pilier du Collectif pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens, rassemblant plusieurs ONG départementales. Depuis le 7 octobre, des manifestations de soutien au peuple palestinien sont régulièrement organisées à leur initiative dans diverses villes, comme à Clisson, Pornic, ou encore Nantes où certains sympathisants avaient renommé le 17 février une «rue de la Paix» en «Rue du Cessez-le-Feu à Gaza». La plaque factice est toujours accrochée. L’AFPS 44 n’est en revanche pas à l’origine des drapeaux au sol : «Ils devaient être plusieurs à peindre. Et le prix que représente cette œuvre…», songe Bernard Albert, secrétaire général de l’AFPS 44, qui salue ces initiatives.
Le 8 mars, le Collectif pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestinien a par ailleurs envoyé un courrier à la maire socialiste Johanna Rolland afin de la rencontrer. Dans ce texte sans réponse à ce jour, ils lui proposent de parapher une tribune intitulée «Palestine : anatomie d’un génocide en devenir», signée notamment par des députés Nupes-LFI, ou encore par le président (PS) du conseil départemental de Loire-Atlantique. Aussi, «nous souhaiterions, comme d’autres villes l’ont déjà fait, qu’un vœu soit présenté au Conseil municipal et que le drapeau palestinien soit placé au fronton de la mairie de Nantes», réclament les expéditeurs.
Marche des quartiers pour la Palestine
Sollicitée sur ce sujet par Le Figaro, la municipalité s’est contentée de rappeler la position de l’édile nantaise. À savoir une condamnation sans réserve de« l’effroyable acte terroriste du Hamas le 7 octobre dernier». Puis, lors de ses vœux 2024, une déclaration sur «la réponse du gouvernement israélien qui fait de Gaza un cimetière à ciel ouvert»…..en ajoutant que «les enfants ce sont les mêmes dans les Kibboutz et à Gaza ». Le 6 mars, elle a redit sur X (ex-Twitter) que «le massacre d’innocents devait cesser en soutenant la demande d’un cessez-le-feu immédiat». Avant de rallier samedi une manifestation de soutien à cet arrêt des hostilités.
Le vote d’un tel vœu, qui reste l’expression d’un souhait mais revêt une dimension symbolique, pourrait, s’il arrivait, ne pas passer inaperçu. Le 13 octobre, des élus de l’opposition avaient quitté le conseil municipal après l’octroi d’une subvention à l’Association France Palestine Solidarité 44, qui refusait de qualifier les attaques du 7 octobre de «terroristes».