Le trentenaire avait été licencié brutalement mi-novembre, puis réembauché quelques jours plus tard, à la suite de la levée de boucliers des cadres et de l’écrasante majorité des employés de la société.
Sam Altman, patron d’OpenAI, a réintégré vendredi 8 mars le conseil d’administration de l’entreprise qu’il a cofondée, plus de quatre mois après une crise de gouvernance majeure au sein de l’éditeur du programme leader de l’intelligence artificielle (IA) générative, ChatGPT. Le trentenaire avait été licencié abruptement mi-novembre par l’ancien conseil, puis réembauché quelques jours plus tard, à la suite de la levée de boucliers des cadres et de l’écrasante majorité des employés d’OpenAI.
i’m very happy to welcome our new board members: fidji simo, sue desmond-hellmann, and nicole seligman, and to continue to work with bret, larry, and adam.
i’m thankful to everyone on our team for being resilient (a great openai skill!) and staying focused during a challenging…
— Sam Altman (@sama) March 9, 2024
Microsoft, investisseur majeur d’OpenAI, avait soutenu Sam Altman et obtenu un siège d’observateur au conseil après la révocation des membres critiques du patron. Dans un communiqué publié vendredi, OpenAI a annoncé le retour de Sam Altman au CA et l’arrivée de trois nouveaux membres, Sue Desmond-Hellmann, ancienne PDG de la Fondation Bill et Melinda Gates, Nicole Seligman, une ancienne présidente de Sony et Fidji Simo, la dirigeante d’Instacart et ancienne directrice de l’application mobile de Facebook.
WilmerHale, un cabinet indépendant chargé d’enquêter sur cette crise, a estimé que «la conduite de Sam Altman ne justifiait pas sa révocation», d’après un autre communiqué d’OpenAI vendredi. Le cabinet «a constaté une rupture de confiance entre l’ancien conseil d’administration et M. Altman, qui a précipité les événements du 17 novembre», détaille l’entreprise. L’ancien CA espérait «atténuer des problèmes de gestion interne et n’avait pas prévu que ses actions déstabiliseraient l’entreprise», selon les avocats de WilmerHale. Ils pensent en outre que leur décision «n’était pas motivée par des préoccupations concernant la sûreté ou la sécurité des produits, le rythme de développement, les finances d’OpenAI ou ses déclarations aux investisseurs, aux clients ou aux partenaires commerciaux» – autant de motifs évoqués dans la presse américaine après la crise.
Manque de «transparence»
La start-up californienne a mis en avant l’expérience des trois nouveaux membres «dans la direction d’organisations internationales et dans la gestion d’environnements réglementaires complexes, notamment dans les domaines de la technologie». «Leur expérience et leurs qualités de dirigeants permettront au conseil de superviser la croissance d’OpenAI et de s’assurer que nous poursuivons la mission d’OpenAI, qui est de veiller à ce que l’intelligence artificielle générale profite à l’ensemble de l’humanité», a déclaré Bret Taylor, président du conseil d’administration d’OpenAI, cité dans le communiqué.
Le succès de ChatGPT fin 2022 a propulsé son créateur au rang de star de la Silicon Valley et lancé la vogue de l’IA générative (production de contenus sur simple requête en langage courant). Pour Sam Altman et ses collègues, l’objectif est d’améliorer la technologie afin de la doter de capacités cognitives similaires ou supérieures à celles des humains – ce qu’ils appellent «l’IA générale».
En novembre dernier, quatre membres du conseil d’administration avaient justifié le renvoi de Sam Altman par son manque de «transparence» vis-à-vis d’eux, sans donner davantage de précision. Selon des médias américains, plusieurs d’entre eux reprochaient à l’ancien élève de Stanford de privilégier le développement accéléré d’OpenAI, quitte à se poser moins de questions sur les possibles dérives potentielles de l’IA. La semaine dernière, Elon Musk, un des cofondateurs d’OpenAI, a porté plainte contre la société, accusant Sam Altman et la direction actuelle d’avoir «trahi» sa mission initiale – selon ses statuts d’organisation à but non lucratif, elle devait œuvrer pour le bien de l’humanité et concevoir des programmes d’IA en «open source» (accessibles, modifiables, utilisables et redistribuables par tous).
Accusations de Trahison
Le patron de Tesla, SpaceX et X (ex-Twitter) a quitté l’organisation en 2018 et fait désormais partie de ses critiques les plus virulents. Il reproche notamment à OpenAI son partenariat avec Microsoft, qui a investi quelque 13 milliards de dollars dans la start-up ces dernières années. Les deux entreprises commercialisent des services d’IA pour les développeurs et les particuliers, et rivalisent avec Google et les autres géants de la tech dans ce domaine.
Sam Altman et d’autres cadres ont détaillé leurs contre-arguments mardi, avec des e-mails à l’appui, pour montrer qu’Elon Musk ne s’était pas opposé à l’idée de transformer OpenAI afin de mener à bien sa mission de construire l’IA générale dans l’intérêt commun. En 2017, «nous avons tous compris que nous allions avoir besoin de beaucoup plus de capitaux pour réussir notre mission – des milliards de dollars par an, ce qui était bien plus que ce qu’aucun d’entre nous, en particulier Elon, pensait pouvoir lever en tant qu’organisation à but non lucratif», expliquent-ils notamment. L’année dernière, Elon Musk a fondé sa propre société d’intelligence artificielle, xAI.