La colonisation israélienne en Cisjordanie se poursuit de plus belle, avec le feu vert donné à la construction de 3.500 logements dans deux nouvelles colonies, malgré un durcissement très net des critiques américaines.
« Un énorme cadeau, la meilleure riposte à ceux qui nous ont dépossédés de la terre de nos aïeux. » Shlomo Neeman, qui dirige un lobby de colons israéliens, ne cache pas sa joie après la décision prise la semaine par l’armée israélienne de déclarer 700 hectares de terres domaniales supplémentaires en Cisjordanie. Ce changement de statut va permettre la construction de 3.500 logements dans deux nouvelles colonies situées à l’est de Jérusalem. Il est soutenu par le gouvernement de Benyamin Netanyahou.
Il est présenté comme la « réponse » à un attentat commis le 22 février par trois Palestiniens, qui ont tué un automobiliste israélien près d’un poste de contrôle en Cisjordanie. Bezalel Smotrich, le ministre des Finances et chef d’un parti d’extrême droite fervent partisan d’une colonisation à tout-va, a été à la manoeuvre dans cette opération. Il en a les moyens. Depuis un an, il est à la tête de l’administration des implantations chargée de la planification et de la construction dans les colonies de Cisjordanie.
Colonies sauvages
Durant son mandat, neuf colonies « sauvages », établies par des petits groupes de colons extrémistes sans autorisation, ont été légalisées. Plus de 144 implantations illégales au regard de la loi israélienne sont disséminées en Cisjordanie. Malgré ce statut, la plupart bénéficient d’une protection de l’armée, du raccordement au réseau électrique et du ramassage scolaire.
L’an dernier, 23 colonies sauvages ont été créées, un record. Détail important, la communauté internationale dans sa très grande majorité ne fait pas de distinction entre les deux types de colonies et estime qu’elles sont toutes contraires au droit international.
Nouvelles routes
Bezalel Smotrich n’en a cure. Malgré les coupes budgétaires imposées pour financer la guerre à Gaza, il est parvenu à débloquer un milliard de dollars pour la réfection et la construction de nouvelles routes en Cisjordanie, dont certaines sont interdites d’accès aux Palestiniens.
Les quelque 500.000 Israéliens qui résident dans 149 colonies de Cisjordanie au côté de 2,8 millions de Palestiniens ont ainsi droit à un traitement de faveur. Ils ne présentent que 5 % de la population israélienne mais vont bénéficier de 20 % des dépenses publiques consacrées au réseau routier.
« Incompatible avec le droit international »
La Paix maintenant, une ONG israélienne hostile à la colonisation, a dénoncé les projets de développement des colonies d’un « gouvernement extrémiste qui suscite des attaques politiques contre ceux qui nous aident, notamment les Etats-Unis, dans ces moments difficiles ».
Une allusion à un durcissement de Washington. Antony Blinken, le secrétaire d’Etat américain, se dit « déçu » par la création de nouvelles colonies. Il va plus loin dans sa condamnation en affirmant que cette politique est « incompatible avec le droit international ». Or cette formulation avait été abandonnée en 2019 par Mike Pompeo, prédécesseur d’Antony Blinken au sein de l’administration de Donald Trump.
Colons violents
Pendant cinq ans, les Etats-Unis ont estimé que la création de colonies n’était pas « en tant que telle incompatible avec le droit international », ce qui avait été interprété comme un encouragement à la colonisation. Le changement de ton américain s’est également traduit par des sanctions prises le 1er février par Washington contre un premier groupe de quatre colons accusés de violences antipalestiniennes : ils sont désormais interdits de séjour sur le sol américain.
Pascal Brunel
à quoi on peut ajouter que les critiques ne sont pas seulement « américaines » et que nombreux sont ceux-et-celles (de toute religion) qui dans le monde entier considèrent comme un scandale permanent l’Occupation qui en Cisjordanie dure depuis 1967 et en violation du Droit international