Une ancienne amulette «scarabée», il y a 2800 ans, trouvée en Israël

« J’ai eu un congé militaire de deux jours et j’ai décidé de profiter des journées ensoleillées pour un voyage », aurait déclaré Avrahamov dans un communiqué de presse du ministère israélien des Affaires étrangères.

L’éclat d’un objet semi-enterré sur le chemin de sa randonnée intrigua Avrahamov. Il ressemblait, au premier abord, à une simple pierre, par sa texture et sa couleur particulières.  Il a découvert qu’il ne tenait pas qu’une pierre, mais un scarabée amulette, minutieusement gravé.

Cet artefact date de l’époque du Premier Temple, soit environ le VIIIe siècle avant notre ère. Il témoigne de la présence assyrienne, et peut-être même babylonienne, dans cette région du monde. La découverte a eu lieu près de Tel Rekhesh. Il s’agit d’un site archéologique associé à la ville d’Anaharath, mentionnée dans le Livre de Josué. Tel Rekhesh contient des couches archéologiques riches sur les civilisations qui se sont succédé dans cette partie de la Galilée.

La découverte a été transférée à l’Autorité israélienne des antiquités (IAA) comme l’exige la loi, et Abrahamov a reçu un certificat d’appréciation pour ses efforts.

Un scarabée témoin d’un lien avec l’histoire assyrienne

L’amulette découverte par Erez Avrahamov se distingue par sa fabrication en pierre de cornaline rougeâtre. Ce matériau était très prisé dans l’antiquité pour sa beauté et sa durabilité. De la taille d’un ongle, cet objet compact, mais richement détaillé porte sur une face le motif d’un scarabée. Il représente un symbole égyptien de la renaissance et de la protection, largement adopté et réinterprété au Proche-Orient ancien. Sur l’autre face, l’amulette présente un griffon ou un cheval ailé. Ces figures mythologiques évoquent la force, la protection et la royauté. Ces motifs, courants dans l’art assyrien et babylonien, témoignent des échanges culturels et de l’influence de ces civilisations sur les régions qu’elles administraient ou avec lesquelles elles commerçaient.

La présence à Tel Rekhesh pourrait signifier que des officiels assyriens ou babyloniens y étaient stationnés ou y passaient. Ce scarabée souligne l’importance de ce lieu dans le réseau administratif et militaire de l’époque. L’amulette elle-même, en tant que sceau ou objet personnel, offre un aperçu précieux sur l’administration et les pratiques culturelles de ces empires. Elle suggère d’une part l’existence d’une élite dirigeante ou d’une présence militaire dans la région. D’autre part, elle présume de l’adoption de symboles et de pratiques artistiques partagés à travers le Proche-Orient ancien.

Une signification profonde associée au scarabée et ses implications pour l’histoire d’Israël

Les scarabées, dans l’Égypte ancienne, transcendaient leur forme terrestre pour devenir des symboles puissants de renouveau et de renaissance. Ils tenaient une place importante dans les croyances religieuses et les pratiques quotidiennes des Égyptiens. Leur signification spirituelle profonde est associée à la représentation du cycle de vie et de mort et la protection divine. Cela a permis à ces objets de traverser les frontières géographiques et culturelles, s’intégrant dans d’autres civilisations du Proche-Orient.

Leur utilisation comme sceaux administratifs, en particulier, témoigne de leur valeur en tant qu’outils dans les systèmes bureaucratiques. La découverte d’un tel scarabée en Israël, loin de l’Égypte, souligne l’étendue de l’influence assyrienne ou babylonienne dans la région. Ces empires sont connus pour leur puissance militaire et leur administration complexe. Ils auraient adopté et adapté des symboles étrangers tels que le scarabée pour leur propre usage.

L’analyse de l’amulette scarabée par des archéologues de l’Université de Fribourg a apporté une confirmation scientifique de son origine et de sa période. Ils placent cet artefact précisément dans le contexte historique du Levant sous influence assyrienne ou babylonienne. Cette datation et attribution enrichissent considérablement notre compréhension des interactions culturelles et politiques dans le Levant ancien.

Elles offrent un aperçu tangible des échanges entre grandes civilisations de l’époque. La présence d’un objet d’une telle signification en Israël témoigne non seulement des routes commerciales et des conquêtes qui reliaient ces empires, mais aussi de l’assimilation et de la réinterprétation des symboles étrangers dans un nouveau contexte culturel et administratif. Cette découverte met en lumière la complexité des relations interculturelles dans l’antiquité, révélant un monde ancien interconnecté où art, religion, et pouvoir politique s’entremêlaient étroitement.

Par Laurie Henry