Depuis l’attaque du Hamas en Israël du 7 octobre, l’avocat et chroniqueur sur CNews couche sur papier ses angoisses et son chagrin. Avec humour et ironie, l’essayiste franco-israélien combat le nouvel antisémitisme en Occident dans un nouveau livre qui paraît chez Fayard.
Le JDD. Pourquoi avoir tenu un Journal de guerre depuis le 7 octobre ?
Gilles-William Goldnadel. Je venais de rendre à Fayard un livre sur le wokisme. Dévastée tout autant que moi, Isabelle Saporta me propose de remettre la publication à plus tard et d’entreprendre ce journal. Je n’hésite pas un quart de seconde. C’est ce livre, outre mes émissions quotidiennes sur CNews avec Pascal Praud, qui m’a permis de tenir alors que mes enfants étaient de l’autre côté de la Méditerranée. J’y ai posé chaque soir et au gré des événements guerriers quotidiens, ma sidération, mon désespoir, mon chagrin, mes craintes et réflexions quant aux sorts d’Israël et de la France, mes doutes, mes certitudes, mes colères sur l’injustice médiatique, la lâcheté politique, les sottises artistiques. Mes obsessions assumées contre l’extrême gauche et sa mainmise sur l’audiovisuel public garanti sans pluralisme. Plus un soupçon d’humour caustique…
Qui sont les ennemis des Juifs aujourd’hui ?
Depuis trois décennies, je me bats pour faire comprendre que l’ennemi du Juif a changé de trottoir. Avant-guerre, il arpentait surtout le trottoir de droite. Depuis, il a traversé la route nationale et il marche sur l’extrême bord du côté gauche. C’est le même sale type, violent et menteur, mais qui a changé de discours stéréotypé. En 2001, j’ai publié Le Nouveau Bréviaire de la haine (Ramsay) dans lequel j’expliquais le phénomène. Le génie de l’antisémitisme permanent est de diffuser un virus mutant. En fonction de l’évolution du Juif dans le temps. Quand le Juif n’avait pas d’État, l’antisémite du trottoir de droite le peignait en «veule apatride >». Depuis Israël, l’antijuif de gauche le peint en « nationaliste belliqueux ». Les deux stéréotypes sont mensongers mais collent à la réalité. Au fond, c’est l’antisémite intemporel qui dit au Juif : « Dis-moi comment tu es et je te dirai comment je te hais. » Dans la réalité dramatique du temps présent, l’extrême gauche antijuive, anti-occidentale, et dans son dernier état woke, s’est alliée pour la circonstance avec l’islamisme oriental antisémite. L’islamo-gauchisme est aujourd’hui un islamo-wokisme. Il sévit en banlieue, dans les universités comme dans certaines salles de rédaction. Il peut tuer avec un couteau ou blesser avec un stylo ou un micro.
« Nous sommes en guerre ici comme là-bas », écrivez-vous. Pouvons-nous vraiment comparer les situations en France et en Israël ?
Non, la situation n’est évidemment pas la même, mais je soutiens depuis bien avant le 7 octobre que ce qui se passe en Israël est un avant-goût de ce qui va se passer en France si rien ne change. J’affirme en effet que l’Israélien haï par l’alliance islamo-gauchiste est moins le Juif que le Blanc occidental qui a l’audace de vouloir survivre dans son État-nation moderne protégé par des frontières, avec sa culture démocratique, ses racines historiques, ses traditions religieuses et ses mœurs pacifiques. Aujourd’hui, c’est le jeune mâle blanc israélien qui se défend bec et ongles dans son jeune État qui est agressé par le Hamas sous le regard bienveillant des Insoumis. Demain, ce sera le tour du vieux mâle blanc français déclinant. Il faut être bien aveugle et inconscient pour ne pas constater la radicalisation d’une immigration toujours aussi irrésistible dont près de la moitié approuve le grand massacre. Sous le regard enamouré de l’extrême gauche mélenchoniste qui souffle sur les braises du conflit, exactement comme elle soufflait sur les braises des émeutes en cultivant la haine du policier français, comme elle cultive la haine du soldat hébreu. J’insiste : jamais l’extrême gauche Insoumise n’avait à ce point abandonné toute retenue à l’égard de la question juive comme de la question blanche et française. Son alliance avec l’islamisme est définitivement scellée. La radicalisation de l’immigration en est la conséquence. J’observe que je n’ai pas grand besoin de grands efforts pédagogiques pour être entendu dans cette dernière tragique séquence : pourquoi croyez-vous que les Français sondés manifestent une telle solidarité avec Israël, à tel point que je ne me suis jamais senti isolé, et ce malgré la désinformation du service public ? Pas seulement en raison de l’horreur du grand pogrom. Parce qu’ils sentent aussi, au moins instinctivement, que nous sommes dans le même bateau au milieu de cet océan islamiste rien moins que pacifique.
Après avoir hésité, vous vous étiez rendu à la marche contre l’antisémitisme le 12 novembre. Jugez-vous qu’elle fut un succès ?
Je n’ai pas hésité, j’ai changé d’avis. J’avais tout d’abord refusé de me rendre à cette manifestation après que le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, avait déclaré que le Rassemblement national ne devrait pas participer à cette manifestation contre l’antisémitisme. Pire encore, le Crif lui avait emboîté le pas. Ces gens avaient définitivement gâché le caractère unitaire de la manifestation. Alors même que le Rassemblement national avait rompu avec tout antisémitisme et soutenu sans réserves le peuple d’Israël agressé, sans aucun racisme anti-Arabes. J’étais particulièrement ulcéré par l’attitude de l’organe prétendument représentatif de la communauté juive française qui, précisément, n’est plus représentatif car dans son obsession pour l’extrême droite fantomatique, il aura négligé l’alliance de revers entre l’extrême gauche et l’islamisme antisémites. Cet aveuglement trentenaire aura favorisé cette immigration massive et invasive si désastreuse pour les Français en général et les Français juifs en particulier, victimes de nombreux massacres. Ceci posé, j’ai changé d’avis après avoir pris connaissance des déclarations ahurissantes du président de la République. Celui-ci expliquait tranquillement qu’il n’irait pas manifester contre l’antisémitisme pour préserver l’unité nationale et ne pas offenser les musulmans ! La démission en rase campagne. Moi qui me défilais, je suis allé marcher.
On estime le nombre de morts à 24 000 depuis la réplique d’Israël à Gaza. Est-elle proportionnée ?
Je constate que, même vous, vous vous basez sur les estimations du Hamas terroriste. Tous les jours, les radios de sévices publics commencent leurs bulletins avec ces estimations, parfois même sans les sourcer, les tenant pour le Journal officiel.Tout ce que je sais, c’est que lorsque le Hamas avait annoncé 400 morts dans un hôpital bombardé par Israël, il s’avéra qu’il y en avait eu en réalité une dizaine sur le parking, et que le djihad islamique était en fait à l’origine de ce bombardement. Tout cela pour vous dire que je me garderais bien de tenir pour fiables ces informations issues d’une source frelatée. Ceci posé, il y a évidemment trop de victimes civiles dont le Hamas massacreur est l’unique responsable. C’est quoi une riposte proportionnée ? Il eût fallu qu’Israël découpe autant de bébés ou que ses soldats violent autant de femmes avant de les éventrer ? C’est l’utilisation des boucliers civils par le Hamas qui cause la mort des boucliers pour atteindre ceux qui se tiennent derrière et qui les utilisent cyniquement. Dans cette guerre existentielle, il y avait pire que d’intervenir dans ces conditions épouvantables, c’était ne pas intervenir. Et à cet instant, je songe à cette amère déclaration de Golda Meir : « Je pourrai peut-être pardonner un jour aux Arabes d’avoir tué mes enfants, mais je ne leur pardonnerai jamais de m’avoir obligée de tuer les leurs.
c’est vrai, que ce personnage est un ennemi-du-juif mais vous êtes quand même un peu durs de le dénoncer sous ce titre et en affichant sa photo
En fait l’ennemi a pris presque toute la route, une partie à découvert, l’autre bien dissimulé
Petit extrait
Période de tourments.
Le Retour du Mal absolu
1943 !
La Guerre ! Les persécutions nazies ! Le Chaos de l’humanité !
Le problème algérien, que beaucoup d’Européens et d’autochtones ne ressentent pas, devient malheureusement et injustement ridicule parce que, maintenant, c’est le monde qui a peur devant ces fous qui ont pour ambition d’appliquer le rêve du petit moustachu, à l’allure d’un Méditerranéen quelconque, et qui pourtant prône la supériorité de la race aryenne. La réalité du reflet que le miroir renvoie !
Voit-il en se regardant le type parfait de l’aryen ?
Qu’importe !
De 1934 à 1945…
Un peuple jalousé, rejeté, opprimé, traqué et parqué comme du bétail dans les camps de la Shoah.
En ce mois de février 1943, l’ombre de la mort menace le monde occidental, les nazis appliquent un projet qui atteint le sommet dans l’horreur, la vilenie de l’homme refait surface, et, pendant que se referme l’étau sur le peuple choisi pour être mené à l’abattoir par ces assassins qui rêvent de purification ethnique, les responsables des autres nations, engagées dans la bataille ou, neutres, deviennent subitement aveugles.
Ils ne voient plus rien, n’entendent plus rien, ne comprennent plus rien, n’ont plus d’espions pour recevoir les informations essentielles concernant les déportés juifs. Mieux ! en France, certaines « bonnes volontés » vont « aider » les porteurs de l’étoile jaune à prendre les trains qui permettront un travail sûr en Allemagne ou en Pologne, incitant les Français à la délation qui connaît un essor considérable tellement le nombre de gens qui excellent dans la pratique est grand.
Ces mêmes Français qui vont plus tard s’étonner et condamner. Comment ? Il y avait des camps ? Tous ces gens, tant de lâcheté à visage humain et au regard qu’on essaie de montrer sincère.
Des mères qui hurlent de désespoir lorsqu’on arrache leur enfant des bras.
Des hommes qui s’affaissent sous les rafales pour l’unique raison qu’ils sont les descendants du peuple hébreu, celui qui a donné aux hommes de la terre le Livre Divin. Ceux et celles qui font la queue, nus, pour une dernière douche. Des enfants qui souffrent et qui meurent sous les yeux d’une mère impuissante. Y a-t-il au monde plus grande détresse ?
Six millions de tes enfants ont péri dans cette tourmente, Rachel. Tes pleurs étaient aussi pour cela, n’est-ce pas ?
ET CA CONTINUE !
Bonjour. Même la date 1943, indiquée ci-dessus dans votre commentaire, est à certains égards presque déjà trop tardive pour ce qui est de l’antisémitisme dans sa forme d’extermination (planifiée) et de la cécité volontaire qui l’entoura. Le sort des juifs d’Europe était déjà pour ainsi dire scellé dès la conférence d’Evian de 1938…
Tout à fait, ceci noté parcequ’extrait de mes récits . Toda vé Shalom !
on pourrait également ajouter, à propos de 1943 et de la cécité volontaire, que ce fut dès cette époque que Lemkin comprit qu’il fallait forger un mot nouveau, « génocide », mais qui ne fut pas retenu comme chef d’inculpation au procès de Nuremberg où ce fut tout juste si ce… gêneur put avoir droit à ses entrées dans la salle ; et ce, pour la raison qu’a rappelée Philippe Sands dans ‘East West Street’ (Retour à Lemberg, en français) . On préféra et sous l’impulsion des Alliés s’en tenir à la notion de… crime contre l’humanité. Car, si l’extermination des juifs avait été un génocide programmé -avant même, que ne se mette en place le crime et à grande échelle- alors on aurait été obligés d’en considérer les prémisses et notamment, du côté américain, le processus que David S. Wyman a décrit dans ‘The Abandonment of the Jews’…