Selon le site «Streetpress», plusieurs têtes de pont de la mouvance nationaliste-révolutionnaire française sont dans le viseur du ministère de l’Intérieur. Tout comme des associations propalestiennes et un collectif rennais d’extrême gauche.
Faits comme des rats ? Depuis sa création en 1968, le Groupe Union Défense (GUD), un groupuscule d’extrême droite parmi les plus violents – et dont le petit rongeur est le symbole –, avait échappé à toutes les dissolutions, notamment en se mettant plusieurs fois en sommeil. Selon Streetpress, qui s’appuie sur des notes des services de renseignement, le mouvement est toutefois dans le viseur du ministère de l’Intérieur qui compte bien mettre fin à cette impunité.
Le GUD Paris s’était relancé en automne 2022 à l’initiative d’anciens membres des Zouaves Paris (groupe dissous en décembre 2021 pour sa violence) et notamment de leur leader, Marc de Cacqueray-Valmenier. Les «rats noirs», le surnom qu’ils se sont donné, s’étaient rendus coupables de plusieurs agressions contre des étudiants en grève lors de la mobilisation contre la réforme des retraites au printemps. Au mois de mai, ils avaient mené une démonstration de force en faisant défiler quelque 600 militants radicaux dans le Ve arrondissement de Paris à l’occasion du C9M. Joint par Libération, Mathieu Molard, rédacteur en chef de Streetpress, explique que la dissolution du GUD, vu comme un fer de lance de la mouvance, est jugée comme «une priorité» par Beauvau, qui pilote une cellule dédiée au suivi des dossiers de dissolutions administratives des mouvements violents.
Les hooligans lyonnais également dans le viseur
Plusieurs autres mouvements d’extrême droite sont également ciblés par les services de Beauvau selon le média. Parmi eux, les Versaillais d’Auctorum, qui sont notoirement proches du GUD, et les Lyonnais de Lyon Populaire. In fine, ces groupes constituent les têtes de pont de la mouvance nationaliste-révolutionnaire française. Une branche de l’extrême droite plus tournée vers la violence de rue qui a repris du poil de la bête depuis la dissolution de Génération identitaire (GI), dont les militants se sont donc tournés vers ces radicaux. Au point que GI en adopte également les codes et les méthodes ? Libération avait ainsi révélé que, fin novembre, dans la foulée de la mort du jeune Thomas à Crépol, ces héritiers du mouvement identitaire avaient monté l’expédition raciste à Romans-sur-Isère.
Ce vendredi, Streetpress révèle également que toute une série de groupes hooligans d’extrême droite sont dans le viseur des services du ministre de l’Intérieur. Dont la Mezza Lyon, dont deux membres ont été jugés mardi à Marseille pour des saluts nazis et des cris racistes en marge du match avorté opposant l’Olympique de Marseille et l’Olympique lyonnais le 29 octobre. Le parquet a requis contre les deux individus trois mois de prison avec sursis et trois ans d’interdiction de stade. Jugement attendu le 12 mars.
Un mouvement évangélique également visé
D’autres nostalgiques du IIIe Reich qui occupent les tribunes françaises sont aussi concernés par ces menaces de dissolutions. La Losc Army de Lille, les MesOs de Reims et les Strasbourg Offenders, qui se rendent régulièrement coupables de violence en marge des matchs de foot. L’objectif serait de constituer des dossiers afin de pouvoir agir rapidement en cas de nouveaux incidents.
Selon Streetpress, trois associations propalestiniennes pourraient également être sanctionnées, ainsi que des «associations culturelles musulmanes» et un mouvement évangélique. L’extrême gauche n’est pas moins épargnée, les services de Gérald Darmanin planchent également sur la dissolution de la DefCo, un collectif rennais crée en 2016 et qui organise le soutien juridique aux manifestants arrêtés lors des mouvements sociaux. Cette organisation avait déjà été visée dans la presse par le ministre de l’Intérieur en avril 2023.
par Pierre Plottu et Maxime Macé