L’exposition « les Juifs en Touraine face à la shoah » s’ouvre ce lundi 15 janvier 2024 à l’hôtel de ville de Tours après plus de 20 ans de recherches historiques.
« Redonner un visage aux noms des victimes » : c’est l’un des objectifs de l’exposition inaugurée ce lundi 15 janvier 2024 au péristyle de l’hôtel de ville de Tours, à l’occasion des 80 ans de la rafle de janvier 1944 en Touraine. Pour cette exposition, « les Juifs en Touraine face à la Shoah », l’association de recherche et d’études historiques sur la Shoah en Val de Loire (l’AREHSVAL) a recueilli une multitude d’informations sur les déportées. « Ces 20 dernières années, on a consulté beaucoup d’archives et on a été en contact avec les familles des victimes, qui nous ont donné des documents« , explique Yvette Ferrand, fondatrice de l’association.
En Touraine, 1.011 Juifs ont été déportés dans les camps d’extermination durant la Seconde Guerre mondiale, d’après les derniers chiffres de l’association. À travers 17 panneaux, l’exposition retrace l’Histoire de la Shoah en Indre-et-Loire, l’histoire de plusieurs familles, décimées par le nazisme. Bert Susman, et sa fille de 4 ans, Annie Susman, ont été arrêtées à Tours lors de la rafle du 26 janvier 1944. « La mère a été arrêtée d’abord. La petite fille était gardée chez des voisins. Quelques heures après, la police est revenue la chercher. Elles ont été internées ensemble au lycée Balzac, qui avait réquisitionné par les Allemands, avant d’être déportées« , raconte Marie-Paule Fresneau-Petitgirard, présidente de l’association ARESHSVAL.
« Beaucoup de gens ignorent ce qu’il s’est passé »
Seulement une quarantaine de personnes déportées de l’Indre-et-Loire sont revenues vivantes des camps. La lettre d’un des survivants, Henri Berc, qui écrivait à sa femme depuis le camp d’Auschwitz, a été retrouvée. C’est l’une des nombreuses traces papiers de la Shoah exposées à l’hôtel de ville.
L’association souhaite faire perturber la mémoire des victimes. « Beaucoup de gens ignorent ce qu’il s’est passé « , regrette Yvette Ferrand. Mais malgré le contexte actuel, la recrudescence de l’antisémitisme en lien avec le conflit israélo-palestinien, l’exposition n’a rien de politique. « On a fait un travail d’histoire », explique Marie-Paule Fresneau-Petitgirard. « Il ne s’agit pas de tout mélanger. On ne veut pas qu’il y ait de confusion entre l’histoire de la Shoah et l’actualité« , ajoute Yvette Ferrand.
L’exposition se termine le samedi 27 janvier prochain. Les deux femmes comptent ensuite transmettre leurs panneaux à des écoles et des musées. Elles ont aussi pour projet de faire ériger une stèle en la mémoire des déportés d’Indre-et-Loire, à côté du château de Tours avec les noms des victimes.