L’explosion des dépenses liées à la guerre dans la bande de Gaza pèse lourdement sur l’économie israélienne, qui fait malgré tout preuve de résilience.
L’heure est plus que jamais au « quoi qu’il en coûte » en Israël. Le gouvernement de Benyamin Netanyahou dépense sans compter pour financer la guerre engagée depuis le 7 octobre, après les massacres commis par le Hamas et les affrontements avec le Hezbollah libanais. Le déficit budgétaire a plus que doublé, ce qui devrait se traduire par une augmentation générale de la fiscalité et des coupes budgétaires, selon les experts du ministère des Finances. Sans surprise, le budget de la Défense a lui aussi presque doublé : à 27 milliards de dollars, il représente 6 % du PIB contre 3,5 % avant la guerre.
Les commandes d’armes et de munitions atteignent de tels sommets que les entreprises israéliennes d’armement tournent à plein régime. Mais elles sont loin de satisfaire à la demande. Résultat : les Américains ont mis en place un pont aérien pour acheminer 17.000 tonnes de matériels militaires. Au total, la facture directe de la guerre devrait atteindre 33 milliards de dollars.
L’inconnue de la confrontation avec le Hezbollah
Outre les dépenses militaires, ils doivent financer les dépenses « civiles », tels le versement d’indemnités aux quelque 170.000 réservistes qui restent sous les drapeaux, ainsi que les diverses subventions accordées à plus de 125.000 Israéliens qui ont dû quitter leur domicile proche de la bande de Gaza ou de la frontière avec le Liban sous la menace du Hamas et du Hezbollah.
La plupart de ces familles d’évacués sont hébergées dans des hôtels au frais de l’Etat pour une durée indéterminée. L’Etat fournit en outre une aide aux familles des soldats tués. Il finance les frais d’hospitalisation et de réhabilitation des centaines de militaires blessés. Un budget doit aussi être débloqué pour la reconstruction ou la réfection de centaines de maisons détruites ou endommagées aux alentours de la bande de Gaza et de la frontière libanaise. La facture totale de ces dépenses civiles est évaluée à environ 5,5 milliards de dollars.
« Mais attention : nos estimations sont basées sur un scénario selon lequel les tensions avec le Hezbollah libanais n’aboutiront pas à une guerre totale et les opérations dans la bande de Gaza seront moins intenses à compter de la fin février », souligne un responsable du Trésor. Selon l’armée, si le conflit dégénère avec le Hezbollah, qui détient un arsenal de plus de 100.000 roquettes et missiles, dont certains peuvent atteindre n’importe quelle cible sur le territoire israélien, le coût des combats fera plus que doubler, à 540 millions de dollars par jour.
Malgré les perspectives d’augmentations d’impôts, dont le gouvernement se garde de préciser l’ampleur, un certain optimisme demeure. Le ministère des Finances table sur une croissance de 2 % cette année et de 5 % en 2025. La Banque d’Israël a même pris le risque de réduire son taux directeur de 0,25 point, à 4,5 %. Une première depuis mars 2020.
Un indice encourageant
Le shekel, la devise israélienne, a remonté la pente après une chute brutale de 12 % en octobre face au dollar. Au point que la Banque d’Israël a cessé ses interventions pour le soutenir. La consommation reste en revanche à la traîne. Les Israéliens n’ont pas le coeur aux dépenses d’habillement et d’ameublement. Mais un indice encourageant est apparu : la fréquentation des restaurants a presque retrouvé son niveau d’avant-guerre. « Peut-être ressemblons-nous à Sparte : une nation mobilisée et armée. Mais une Sparte où nous mangerons des sushis ! » plaisante un commentateur.
Les Israéliens misent également sur la générosité du grand allié américain pour limiter les dégâts. Joe Biden a promis une gigantesque bouffée d’oxygène de 14 milliards de dollars, qui vont s’ajouter aux 3,8 milliards d’aide militaire qu’Israël reçoit chaque année depuis 2016. Ces subsides servent à acheter du matériel militaire made in USA. Les Etats-Unis sont de très loin les principaux fournisseurs d’armes d’Israël.