Près de trois mois après les attaques du 7-Octobre, de nombreux soldats sont encore mobilisés et 129 otages sont toujours retenus par le Hamas, selon Israël. À Tel-Aviv, l’esprit n’est donc pas à la fête pour ce passage à l’année 2024.
Terrasse sur la plage, enceintes plantées dans le sable et musique électronique : le Beach Club, c’est le bar pour faire la fête à Tel-Aviv, une ville généralement réputée pour ses soirées, et notamment le soir du 31 décembre. Mais cette année, au Beach Club, pas de danseur, pas de spectacle non plus. La soirée sera plus sobre. « On a eu deux employés tués le 7-Octobre. On va quand même faire un événement qui comprendra un DJ, mais il y aura aussi un mémorial en leur mémoire », prévient Matan, 23 ans, l’un des responsables.
Il sort son téléphone pour montrer des vidéos. Tous les matins, explique-t-il, l’équipe allume une bougie devant leur portrait. L’heure est toujours au recueillement en Israël, près de trois mois après les attaques du 7-Octobre. Alors, contrairement aux autres années, dans les grandes villes touristiques, les professionnels de la nuit se préparent à une soirée plus calme que d’habitude. Il faut dire que les combats se poursuivent entre Israël et le Hamas, et ce sera le cas « pendant de longs mois », a promis samedi 30 décembre le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.129 otages sont encore retenus dans la bande Gaza, selon Israël, et les réservistes de l’armée toujours mobilisés.
« Les locaux prennent la place des touristes »
Au restaurant La maison de Dallal, la décoration dorée est en place, un mur à selfies a été installé, mais il n’y a pas de DJ prévu ce soir pour accompagner les repas jusqu’au bout de la nuit. Une question de respect pour la directrice Katy : « On vit dans un petit quartier. Il y a une guerre autour de nous et on ne sait pas ce que traversent en ce moment nos voisins. Et il ne faut pas oublier qu’on a des soldats sur le front, des otages… Tout ça rend les choses très compliquées. »
Malgré le contexte et un quart de salariés en moins, l’établissement devrait afficher complet, avec trois services et 130 couverts à chaque fois, mais avec des clients différents des années précédentes. « C’est la loi des vases communicants, résume Katy. D’un côté, les touristes n’arrivent plus, mais d’un autre côté, les locaux restent et donc prennent la place des touristes. »
Mais tous les établissements ne s’y retrouveront pas. Ofir, derrière son comptoir en bois usé, anticipe déjà un chiffre d’affaires en baisse. Dans son bar rock très prisé du quartier jeune de Tel-Aviv, Shuq Hakarmel, il s’attend à une soirée de week-end classique, et a donc prévu deux serveurs en moins par rapport aux années précédentes. Mais il a quand même tenu à garder son établissement ouvert. « Nous devons faire quelque chose. Vous savez, nous sommes une entreprise, nous avons des salariés et des familles à prendre en charge », se défend Ofir, avant de poursuive : « Ça va être différent, plus triste. Ça va être bizarre, je pense ». Près de son bar, une épicerie a collé sur sa vitrine des messages autour d’un 2024 écrit en grand. « Qu’on ait une meilleure année civile, une année d’espoir. Une année d’amour. Une année d’unité. »