La rentrée universitaire a lieu dimanche, elle était initialement prévue en octobre mais a été repoussée à cause de la guerre contre le Hamas.
Difficile d’étudier dans ces conditions. Certains ont déjà repris les cours, mais beaucoup d’étudiants israéliens vont faire leur rentrée dimanche 31 décembre. Une rentrée particulière puisque beaucoup de jeunes font partie des quelque 360 000 réservistes engagés dans l’armée depuis le 7 octobre et les attaques du Hamas.
Mordekhaï a dormi deux heures, il a le visage cerné, il est encore en tenue de réserviste. À peine rentré de Cisjordanie, il s’est installé dans un hôtel de Jérusalem pour suivre des cours sur son ordinateur:« C’est très difficile de passer d’une chose à l’autre. Friedrich Nietzsche explique que si on a trouvé le but de ce qu’on veut faire, alors on trouvera le moyen d’ y arriver… Mais quoi qu’il en soit c’est extrêmement difficile », confie l’étudiant, qui veut finir ses études en génie civil. Mais comment allier cours et armée ? Son école s’est adaptée, explique Mordekhaï : « Ce qu’on nous a dit jusqu’à maintenant, c’est qu’il y aura moins de travaux individuels à rendre et plus de travaux en commun. Et il y aura des cours privés. »
« Émotionnellement, on n’a pas la tête ici »
Ces sessions spéciales sont aussi envisagées par l’université hébraïque de Jérusalem pour pallier les absences à la rentrée prévue dimanche. Un quart des étudiants de l’établissement, 5 000 au total, sont engagés dans l’armée. Un casse-tête pour Guy Arpaz, professeur de droit et chef de la scolarité : « Ça va être un cauchemar bureaucratique, il faut réadapter tous les emplois du temps. On va voir comment on va s’y prendre, je n’en ai pas la moindre idée… »
L’important, selon lui, c’est de prendre en charge le mieux possible les élèves, avec un accompagnement pédagogique, financier, « et on a l’intention de subventionner une aide psychologique pour chaque étudiant qui le demandera », assure le professeur. Une démarche loin d’être anecdotique : dans cette université, trois étudiants réservistes sont morts depuis le début des combats et dix ont été gravement blessés.
Près du bureau de Guy Arpaz, une jeune femme, Rony, semble perdue dans un campus encore vide. Elle démarre des études de droit, l’esprit ailleurs : « Je suis mariée à un officier et il est dans la bande de Gaza en ce moment. Mon mari, mes amis, ils sont tous en train de se battre, et je suis là… C’est très dur. Je veux dire qu’émotionnellement, on n’a pas la tête ici… » La jeune femme, engagée ces trois derniers mois au Nord, à la frontière libanaise, le sait, elle peut repartir à tout moment.