Vous qui apportez vos cadeaux dans chaque foyer, vous qui veillez sur les enfants de la terre entière et qui, à chaque hiver, nous faites rêver ; vous, avec votre hotte, vos rennes, votre sourire débonnaire, vous en qui je voudrais tellement croire aujourd’hui.
Savez-vous ce que j’aimerais recevoir comme cadeau, cette année ? Je voudrais que moins de gens croient que le paradis existe car l’enfer est pavé de bonnes intentions, et ceux qui croient dans l’enfer emmènent l’enfer sur terre. Je voudrais la paix dans le monde. La paix en Ukraine, la paix en Israël, la paix en Afrique, et dans mon pays : je voudrais qu’en France, plus personne ne touche à un cheveu d’un professeur, ni ne menace aucun juif, sinon : je voudrais la guerre jusqu’à ce que la paix leur soit imposée, à ces adversaires acharnés de la paix. J’aimerais qu’Israël puisse vivre en sécurité sur son minuscule territoire (plus petit que la Normandie), au nom de Jésus qui est né dans ce pays et ne l’a jamais quitté.
Vous qui apportez des cadeaux, ramenez-nous ceux à qui nous pouvons les offrir, les enfants, les femmes, les mères, les pères, les jeunes hommes, otages. Amen. Je voudrais moins de haine, moins de manifestations anti-Israël sous couvert d’antiracisme, je voudrais moins d’antisémites d’une façon générale et dans le monde entier, car Jésus est né juif dans un foyer juif, et il est mort parce qu’il était juif. Dans ce cadre, je voudrais que l’ONU soit moins un machin et plus une chose qui pense, et que notre président soit constant dans son soutien inconditionnel à la lutte contre le terrorisme, contre l’antisémitisme et pour l’existence d’Israël.
Vous qui comblez les enfants de présents, puissiez-vous remplir votre hotte non pas d’écrans, car ils les empoisonnent, mais de beaucoup, beaucoup de livres. Savez-vous, Père Noël, que trente pour cent du chiffre de l’édition se fait à Noël ? Alors je voudrais des livres à Noël, et toute l’année des livres comme à Noël. Que tous les enfants se plongent dans des albums jeunesse, car ils ont le temps et en principe pas de portable. Je voudrais que nous puissions les désintoxiquer de Twitter, TikTok, Instagram et autres réseaux sociaux qui forment des sociétés en réseaux et des cerveaux en lambeaux. Je voudrais plus de chair, Père Noël. Je voudrais que les gens s’aiment en vrai, je voudrais qu’ils arrêtent de se donner des rendez-vous virtuels avant de se fuir, je voudrais qu’ils s’étreignent et qu’ils fassent l’amour, pas la guerre.
Rien à voir mais à titre personnel, je voudrais que les femmes dont la vie est difficile économiquement puissent recevoir leur pension alimentaire de la part de leur ex-mari, car elle est destinée aux enfants et ainsi elles pourraient leur offrir des cadeaux à Noël. Et à défaut il faudrait un bon huissier et un bon avocat qui leur permettent de sortir de ce marasme, et de la violence économique à laquelle sont soumises les femmes, car elles sont toujours moins payées que les hommes et elles souffrent du plafond de verre aussi bien à l’entrée qu’à la sortie du monde du travail. Je voudrais aussi que les femmes sortent de la domination masculine sous ses formes les plus insidieuses et surtout de ces féminicides atroces qui ont lieu partout dans le monde.
Et finalement, mon Père, je voudrais que Noël soit joyeux puisqu’il est difficile d’être tout à fait heureux dans ces temps de ténèbres, de guerre et de violence. On dit « Bonnes fêtes de Pâque », « belle et heureuse année », « bon dimanche », mais pourquoi « joyeux Noël » ? Pourquoi pas « heureux Noël » ? Oui je voudrais un Noël joyeux, car Noël c’est la joie, de voir les lumières s’allumer, et la vie s’illuminer, des sapins, des cadeaux, des enfants, des parents, des grands-parents, des arrière-grands-parents, tous réunis par l’esprit de la famille. Je voudrais que cet esprit demeure. Parce que Noël célèbre la naissance, et la naissance est gaie, même dans une grange, même dans la pauvreté, même seuls et sur la route. Il n’y a que la mort qui soit triste, et c’est la raison pour laquelle la joie est nécessaire, car il n’y a qu’une vie et il n’y a que la vie qui compte.
C’est pourquoi il faut imaginer Jésus joyeux. Malgré les Romains, malgré la crise économique, malgré la tyrannie sous laquelle il vivait, et la condition féminine désastreuse à son époque et à laquelle il était si sensible. Il faut même imaginer qu’il était tellement joyeux qu’il a voulu changer la vie de tous, de toutes, et pour toujours. Mon Père qui êtes aux Cieux mais qui descendez sur terre de temps en temps grâce aux hommes qui croient en vous, et à la grâce d’un homme qui était votre fils comme les autres et un peu plus que les autres, je voudrais, oui, je voudrais que Jésus renaisse à chaque Noël et qu’il libère les hommes de toutes les formes de violence et de servitude en ce monde.
par Eliette Abécassis