Frédéric Encel, docteur en géopolitique et maître de conférences à Sciences-Po, était l’invité du « 8h30 franceinfo » du lundi 4 décembre 2023. Attentat à Paris, guerre entre Israël et le Hamas, poids de la France dans les négociations… Il répondait à Jérôme Chapuis et Agathe Lambret.
« Pour la première fois depuis 1948, la libération des otages et désarmer le Hamas sont devenus deux objectifs ex-aequo »
« Pour la première fois depuis 1948, la libération des otages et désarmer le Hamas » sont devenus « deux objectifs ex-aequo« , affirme Frédéric Encel. « La libération des otages reste prioritaire, comme toujours en Israël, et dans le même temps et dans le même espace, l’objectif fondamental d’Israël est réellement de désarmer le Hamas. Ces deux objectifs sont-ils compatibles ? Je ne sais pas, on verra bien. » Selon lui, « le ratio de 1 otage pour 3 prisonniers ne plaît plus du tout au Hamas« , qui « a été obligé d’accepter ce ratio sous la pression militaire« .
« La France et l’Europe ont un poids très amoindri ces dernières années »
Frédéric Encel considère que les récents avertissements français n’ont pas de poids vis-à-vis de Tel Aviv, « d’abord parce que la France et l’Europe ont un poids très amoindri ces dernières années. Il était déjà faible à l’époque des accords d’Oslo de 1993, mais aujourd’hui il est extrêmement faible. D’autre part, la France est minoritaire au sein de l’Union européenne : la plupart des Etats de l’Union européenne ne demandent pas pour l’instant un cessez-le-feu à Israël et ne parlent pas en ces termes-là« .
Il pointe également du doigt « une contradiction avec l’un des premiers discours d’Emmanuel Macron à Tel Aviv, au côté de Nétanyahou« , quand le président français parlait de la nécessité de « créer une grande coalition militaire contre le Hamas » : « C’est l’un ou c’est l’autre« , avance-t-il.
« On ne détruit pas une idéologie avec des armes »
Frédéric Encel affirme que « le Hamas peut être détruit d’un point de vue strictement militaire« . « On ne détruit pas une idéologie avec des armes, or le Hamas est porteur d’une idéologie. Sur le plan strictement militaire, c’est faisable et je ne pense pas que ça mènera à dix ans de guerre supplémentaires, à condition que l’Autorité palestinienne reprenne en charge la bande de Gaza. Il faut absolument que les seuls qui puissent gérer la bande de Gaza, peuplée exclusivement de Palestiniens, soient d’autres Palestiniens. Et qui d’autre que l’Autorité Palestinienne aurait la légalité internationale et la légitimité pour le faire ?« , s’interroge-t-il.