À Quissac, c’est le choc et la sidération après la découverte de tracts racistes, antisémites et homophobes dans les boîtes aux lettres, la semaine dernière. Une enquête a été ouverte mais les habitants de ce petit village cévenol de 3.200 habitants, d’habitude plutôt calme, n’en reviennent toujours pas d’avoir été ciblés par cet appel à la haine.
Cet habitant a gardé une capture d’écran du tract déposé, il y a une semaine, dans sa boîte aux lettres. Une preuve qui a depuis été saisie par les enquêteurs de la gendarmerie.
« Quand j’ai reçu le courrier, j’ai soulevé, regardé et là, j’ai eu un moment d’absence. J’ai dit c’est une blague. J’ai reposé le tract. Je suis rentré chez moi, j’ai attendu 24 heures et je me suis dit « je suis à Quissac ? ». J’ai du mal à penser que des gens d’ici puissent penser comme cela » explique Rodney N’Kodia Manghey, habitant de Quissac.
« Lundi, j’ai ouvert ma boite. J’ai vu le papier. Je me suis dit c’est pas impossible, c’est impensable. Tous les gens se connaissent dans le village et se disent bonjour. Et je l’ai mis à la poubelle. », raconte une autre habitante de Quissac.
Un village où il fait bon vivre
Dans le village en bordure du Vidourle, à 40km au nord-ouest de Nîmes, on trouve des maisons de campagne, des pavillons bourgeois distants les uns des autres et un centre-ville ancien avec des quartiers aisés comme Campredon ou la Devèze.
Un lieu de vie paisible où dans la nuit du 25 au 26 novembre, une cinquantaine d’habitations ont été ciblées par un appel anonyme à la haine antisémite et homophobe.
On y parle d' »hommes blancs » qui subissent « les médias juifs, les mensonges pour protéger les envahisseurs arabes et noirs qui violent, pillent et assassinent les Blancs innocents ». Enfin, il y a un appel à lire un document aux relents néonazis et à rejoindre les auteurs du tract « pour rétablir la domination de la race blanche en Europe », le tout encadré de croix gammées.
Toute la semaine, la gendarmerie a patrouillé dans le lotissement à la recherche de pièces à conviction, d’indices. « Les gendarmes sont venus, ils m’ont dit, si vous en recevez un autre, surtout vous n’y touchez pas et vous nous appelez. Nous viendrons le chercher » dit une autre habitante.
La mémoire de l’Histoire comme réponse aux attaques
À 50km à l’ouest, la sous-préfecture du Vigan. Cette ville du Gard de 4.000 habitants a été également visée par le même genre de tracts, il y a deux semaines. Ce fut aussi le cas à Rouen, Belfort ou Hébécourt. Un racisme antijuifs, anti-gays voire anti immigration très en vogue dans la mouvance néonazie. Un marqueur aussi de l’ultra-droite et des groupes identitaires.
Une association pour la mémoire de la déportation dénonce l’émergence d’un réseau national qui cherche de nouvelles recrues, dans le Gard, et plus largement entre Languedoc-Roussillon et PACA. Les auteurs des tracts et ceux qui les ont déposés dans les boîtes aux lettres sont toujours recherchés. Une enquête est en cours. Elle a été confiée à la gendarmerie du Gard.
« Il faut à la fois des sanctions et faire oeuvre de pédagogie dans notre pays car il semble que la mémoire s’éteigne. C’est pourquoi avec les assoiations de mémoire, nous allons dans les écoles pour éduquer notamment les jeunes. » a déclaré Jean-Paul Boré, président de l’Association des amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.