Alors que la trêve entre Israël et le Hamas a pris fin, le sort de cette famille israélienne otage, composée d’un couple et de ses deux jeunes enfants, demeure incertain.
Ce sont, selon le Forum des familles d’otages et des disparus du 7 octobre, les derniers mineurs toujours détenus à Gaza. Kfir et Ariel Bibas n’ont pas été libérés dans le cadre de la trêve entre Israël et le Hamas, qui a expiré ce vendredi. Les deux garçons, respectivement âgés de neuf mois et quatre ans quand ils ont été enlevés il y a près de deux mois, et leurs parents sont rapidement devenus le symbole des violences perpétrées par le mouvement terroriste palestinien.
La terreur dans les yeux
La famille Bibas se trouvait au kibboutz Nir Oz, au sud d’Israël, le jour de l’attaque sanglante. Parmi les quelque 400 habitants du kibboutz, 35 ont été assassinés ce jour-là, dont Margit et Yosi Silberman, les grands-parents maternels de Kfir et Ariel. Les deux enfants et leurs parents, Yarden (34 ans) et Shiri (32 ans), font eux partie des 80 résidents du kibboutz qui ont été kidnappés.
Leur enlèvement a été fortement médiatisé, notamment en raison du très jeune âge de Kfir, mais aussi en raison d’une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. On y voit Shiri, la mère du bébé, tenir ses deux enfants à bout de bras dans une couverture. La terreur se lit sur son visage. Quant à Yarden, le père, des images le montrent la tête ensanglantée, emmené par des hommes armés du Hamas vers la bande de Gaza.
The Bibas family, including 10-months-old Kfir, 4-year-old Ariel and their mother Shiri were abducted by Hamas on October 7.
Hamas must be held accountable.
Hamas must release all hostages immediately. pic.twitter.com/aizQ6M0Yp2— Israel Defense Forces (@IDF) November 29, 2023
Depuis des semaines, le sort de la famille Bibas est relayé par la presse israélienne et étrangère. Les visages des deux enfants, identifiables à leur chevelure rousse, s’affichent sur de nombreuses pancartes appelant à la libération des otages. Mais jamais leur nom n’a figuré sur la liste de ceux libérés dans le cadre de la trêve.
Lundi, un porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, a annoncé que les Bibas n’étaient plus aux mains du Hamas, mais d’un autre groupe palestinien. Son subalterne arabophone Avichai Adraee a indiqué que la famille avait été transférée à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Le même jour, Fares Saeb, directeur du département de la Diplomatie publique à l’ambassade d’Israël à Paris, a affirmé que les Bibas étaient désormais détenus par le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), un mouvement classé comme terroriste par l’Union européenne, les États-Unis et Israël.
Une mort incertaine
Deux jours après ces déclarations, les brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont annoncé que Kfir et Ariel, tout comme leur mère Shiri, avaient été « tués dans un bombardement de la bande de Gaza » par les forces israéliennes. Une information que l’armée israélienne a rapidement dit vouloir « vérifier ». Ce ne serait effectivement pas la première fois que le décès d’un otage est annoncé à tort : Hanna Katzir, une septuagénaire déclarée morte par le Djihad islamique palestinien, a ainsi été libérée le 24 novembre, au premier jour de la trêve.
Pour les Israéliens, la prétendue mort de Kfir, Ariel et Shiri Bibas pourrait n’être qu’une stratégie dans la guerre psychologique menée par le Hamas. Certains craignent même qu’ériger « les enfants roux » et leurs parents en symbole ne leur porte préjudice. Reste que, pour l’heure, impossible de savoir si les petits garçons et leur mère sont vraiment morts. Quant au père Yarden, il semble bel et bien en vie. Il est apparu jeudi, en sanglots, dans une vidéo de propagande publiée par le Hamas.
Sur les quelque 240 personnes prises en otage et emmenées dans la bande de Gaza le 7 octobre, 80 otages – des femmes et des enfants – ont été libérés dans le cadre de la trêve. Une vingtaine d’étrangers ou binationaux ont par ailleurs été libérés hors de l’accord.
Le Hamas affirme avoir proposé dans la nuit de jeudi à vendredi de remettre les corps de Shiri Bibas et de ses deux enfants, et d’avoir proposé de libérer Yarden Bibas, ce qu’Israël n’a pas confirmé. La fin de la trêve vendredi matin a de toute façon mis fin aux espoirs.